Le Troisième Reich, T2
l’Angleterre a poursuivi sa politique d’encerclement de l’Allemagne…
Le gouvernement britannique, poussé par des excitateurs que nous connaissons
depuis la Grande Guerre, a décidé de lever le masque et de proclamer l’état de
guerre sous un prétexte fallacieux.
Pas un mot de la France dans tout cela.
A Londres, à midi six minutes, Chamberlain s’adressa à la
Chambre des Communes pour lui annoncer que la Grande-Bretagne était désormais
en guerre contre l’Allemagne. Bien qu’Hitler, le 1er septembre, eût
interdit sous peine de mort d’écouter les radios étrangères, nous n’en captâmes
pas moins à Berlin les paroles du Premier Ministre telles que les transmit la B.
B. C. Pour ceux d’entre nous qui l’avaient vu risquer à Godesberg et à Munich
sa carrière politique à seule fin d’apaiser Hitler, ces paroles eurent un
accent particulièrement poignant.
C’est un triste jour pour nous tous. Et pour personne il n’est
plus triste que pour moi. Tous les buts pour lesquels j’avais travaillé, tout
ce que j’avais espéré, tous les principes en lesquels j’avais cru durant ma vie
publique, tout cela est tombé en ruine. Il ne me reste plus qu’une chose à
faire : c’est de consacrer tout ce qu’il me reste de force et de pouvoir à
aider la victoire de la cause à laquelle nous devons faire tous les sacrifices…
Je compte pouvoir vivre assez longtemps pour voir ce jour où l’hitlérisme aura
été détruit et où aura été rétablie une Europe délivrée.
Ce jour, Chamberlain ne devait pas vivre assez longtemps pour le
voir. Il mourut, brisé par les événements – mais toujours membre du cabinet – le
9 novembre 1940. Après tout ce qui a été écrit sur lui au cours de ces
pages, il ne reste plus qu’à citer les paroles de Winston Churchill, qu’il
avait si longtemps exclu des affaires de la nation britannique et qui, le 10 mai
1940, lui succéda à la tête du gouvernement. Payant, le 12 novembre, un
tribut à sa mémoire, Churchill déclara, au cours d’une allocution à la Chambre
des Communes :
Il incomba à Neville Chamberlain, dans l’une des plus
grandes crises qu’ait connues le monde, d’être contredit par les faits, déçu
dans ses espoirs, dupé et joué par un homme perfide. Mais quelles furent ces
espérances déçues ? Quels furent ces désirs bafoués ? Quelle fut
cette foi toujours trompée ? Sûrement les sentiments les plus nobles, les
plus élevés que l’homme puisse nourrir… l’amour de la paix, la lutte pour la
paix, la poursuite tenace de la paix, même au prix des plus grands dangers et, sans
aucun doute, au mépris total de sa propre popularité, de sa propre réputation.
A présent, Hitler savait que sa « diplomatie » n’avait
pas réussi à maintenir la Grande-Bretagne et la France hors de la guerre. Il
tourna donc son attention, en cet après-midi du 3 septembre, vers les
problèmes militaires, il édicta l’Instruction n° 2, ultrasecrète, « concernant
la conduite de la guerre ». Malgré la déclaration de guerre
franco-britannique, « le principal objectif allemand reste pour l’instant
la conclusion rapide et victorieuse des opérations contre la Pologne… A l’Ouest,
nous laisserons à l’ennemi le soin d’ouvrir les hostilités…
Contre la Grande-Bretagne, des actions navales offensives sont
autorisées ». Cependant, la Luftwaffe ne devait même pas attaquer les
forces navales britanniques, à moins que les Anglais ne lançassent de telles
attaques contre des objectifs similaires allemands, – et même alors, seulement « si
nos chances de succès paraissent particulièrement favorables ». En même
temps, il ordonnait la conversion totale de l’industrie allemande « à l’économie
de guerre (36) ».
A neuf heures du soir, Hitler et Ribbentrop quittèrent Berlin, chacun
dans son train spécial, pour le G. Q. G. oriental. Toutefois, avant leur départ,
ils lancèrent deux manœuvres diplomatiques. La Grande-Bretagne et la France, c’était
un fait, étaient désormais en guerre avec l’Allemagne. Mais il y avait encore à
considérer les deux autres grandes puissances européennes dont l’appui avait
permis à Hitler de courir sa chance : l’Italie, l’alliée qui s’était
dérobée au dernier moment, et la Russie soviétique qui, tout en excitant la
méfiance du dictateur nazi, l’avait décidé à croire au succès de son pari.
Juste avant de quitter la capitale,
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