Le Troisième Reich, T2
indicatif d’une
façon continue.
L’après-midi même, l’ambassadeur von der Schulenburg put
informer Berlin que le gouvernement soviétique était « tout prêt à
répondre aux vœux du général ». Les Russes acceptaient d’introduire des
identifications de station dans les programmes de leur réseau aussi souvent que
possible, et de prolonger de deux heures le temps d’émission de manière à aider
les appareils allemands dans leurs vols de nuit (38).
Mais alors qu’ils s’apprêtaient à quitter Berlin, à la fin de la
journée du 3 septembre, Hitler et Ribbentrop songeaient à obtenir de la
Russie une aide militaire beaucoup plus substantielle. A dix-huit heures
cinquante, Ribbentrop envoya un télégramme « très urgent » à l’ambassade
de Moscou.
Ce télégramme portait la mention « ultra-secret » et
commençait ainsi : « A l’ambassadeur exclusivement. Au chef de la
mission ou son représentant, personnellement. Ultra-confidentiel. »
Dans le plus grand mystère, les Allemands conviaient l’Union
Soviétique à se joindre à l’attaque contre la Pologne !
Nous comptons absolument avoir vaincu d’une manière
décisive l’armée polonaise d’ici quelques semaines. Nous devrons alors
maintenir sous occupation militaire les territoires assignés par le Pacte de
Moscou à la sphère d’influence allemande. Toutefois, il nous faudra
naturellement, pour des raisons militaires, poursuivre notre action contre les
forces armées qui seront à ce moment stationnées dans les territoires polonais
inclus dans la sphère d’influence russe.
Prière de discuter immédiatement ce point avec Molotov afin
de voir si l’Union Soviétique ne considère pas comme souhaitable que les forces
russes attaquent en temps utile les forces armées polonaises se trouvant dans
la sphère d’influence russe et occupent, pour leur part, les dits territoires. A
notre avis, cela ne nous apporterait pas seulement un soulagement, mais
correspondrait aussi aux accords de Moscou ainsi qu’aux intérêts soviétiques (39).
Qu’une mesure aussi cynique de l’Union Soviétique dût apporter
un « soulagement » à Hitler et à Ribbentrop, cela saute aux yeux. Non
seulement elle permettrait d’éviter des malentendus et des frictions entre
Allemands et Russes au moment du partage des dépouilles, mais elle délivrerait
l’Allemagne d’une partie du poids de l’agression nazie en Pologne pour le
reporter sur les épaules des Russes. S’ils partageaient le butin, pourquoi ne
partageraient-ils pas le blâme ?
La personnalité allemande la plus morose, ce dimanche midi où
fut annoncée l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne, fut le grand amiral Erich
Raeder. Selon lui, la guerre survenait quatre ou cinq ans trop tôt. En
1944-1945, le Plan naval Z aurait été achevé, donnant à l’Allemagne une flotte
capable d’affronter les Anglais. Mais on était le 3 septembre 1939, et
Raeder savait, même si Hitler ne voulait pas l’écouter, qu’il ne disposait ni
des bâtiments de surface, ni même des sous-marins qui lui permettraient de
mener une guerre efficace contre la Grande-Bretagne.
Prenant son journal pour confident, l’amiral écrivait :
Aujourd’hui a éclaté la guerre contre la France et l’Angleterre,
cette guerre que, selon les affirmations antérieures du Führer, nous ne devions
pas prévoir avant 1944. Le Führer a cru, jusqu’à la dernière minute, qu’il
serait possible de l’éviter, même si cela devait signifier l’ajournement du
règlement final de la question polonaise.
En ce qui concerne la marine, elle n’est, de toute évidence,
absolument pas équipée pour lutter contre la Grande-Bretagne… l’arme
sous-marine est encore beaucoup trop faible pour avoir sur la guerre un effet
décisif. Quant à nos bâtiments de surface, leur infériorité en est pathétique. Même
concentrés au maximum, ils pourront tout au plus montrer qu’ils savent périr
vaillamment (40)…
Néanmoins, à neuf heures du soir, le 3 septembre 1939, au
moment où Hitler quittait Berlin, la marine allemande attaquait. Sans
avertissement préalable, le sous-marin U-30 torpillait et coulait le paquebot
britannique Athenia à trois cents kilomètres à l’ouest des Hébrides, alors que
celui-ci faisait route de Liverpool à Montréal avec, à son bord, 1 400
passagers, parmi lesquels 112 périrent, dont 28 citoyens américains.
La Deuxième Guerre mondiale avait
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