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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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personnel : Cette prédiction est
manifestement absurde. Molotov était-il du même avis ?
Sans doute, puisque, le 22 mai, il convoque Schulenburg afin de discuter
avec lui des affaires courantes .
    «  Molotov s’est montré très aimable, sûr
de lui et, comme toujours, très averti » (!), écrit l’ambassadeur, qui
ajoute : « Les deux hommes d’État les plus puissants de l’Union
Soviétique s’efforcent par-dessus tout d’éviter un conflit avec l’Allemagne (106). »
    Sur un point particulier, von Schulenburg, habituellement
perspicace, se trompait du tout au tout. Pas plus que lui, en cette conjoncture, Molotov n’était « averti ». A quel degré le Commissar aux Affaires étrangères était-il mal informé ? Il devait en donner
lui-même la mesure, le 14 juin, très exactement une semaine avant l’assaut
de Barberousse . Ce 14 juin, donc, Molotov fit
appeler Schulenburg pour lui lire une déclaration officielle de l’Agence Tass, radiodiffusée
le soir même et publiée le lendemain dans la presse (107), par laquelle le
gouvernement soviétique accusait per sonnellement Sir
Stafford Cripps de répandre outre-Manche et ailleurs des rumeurs tendant à
faire croire à l’imminence d’un conflit armé entre le Reich et l’U. R. S. S.
    L’organe officiel du gouvernement soviétique qualifiait lui
aussi ces rumeurs « d’absurdités manifestes et de maladroites manœuvres de
propagande émanant d’ennemis acharnés de l’Allemagne ». Dans les milieux
soviétiques officiels, poursuivait le communiqué, on estime que « les
rumeurs prêtant à l’Allemagne l’intention de faire la guerre à l’U. R. S. S. sont
absolument dénuées de fondement ».
    Toujours selon l’Agence Tass, les récents mouvements de troupes
allemandes aux frontières russes « n’avaient aucune corrélation avec les
rapports germano-soviétiques ». Quant aux faux bruits d’une agression
russe contre l’Allemagne, il s’agissait d’une « manœuvre de provocation ».
    Deux faits rehaussent l’ironie de ce communiqué dicté par le
Kremlin : le jour même de sa parution dans la presse, le 15 juin, Ribbentrop
expédie de Venise, où il confère avec Ciano, le message
secret suivant au gouvernement hongrois : « En raison de très
importantes concentrations de troupes russes à la frontière orientale allemande,
le Führer se trouvera probablement contraint, au plus tard la première semaine
de juillet, de « clarifier » les relations germano-soviétiques et, par
voie de conséquence, de manifester certaines exigences (108). » Il
pressait en outre la Hongrie de « prendre des mesures de sécurité »
sur ses frontières.
    Hitler consentait à alerter les Hongrois, mais non son allié
principal, Mussolini. Lorsque, le 16 juin, au cours d’une promenade en
gondole sur les canaux de Venise, Ciano demanda à
Ribbentrop ce qu’il fallait penser des rumeurs de guerre entre l’Allemagne et
la Russie, le ministre nazi répondit :
    « Mon cher Ciano, je ne peux rien vous dire encore. Les
décisions du Führer demeurent verrouillées dans son impénétrable cerveau. Toutefois,
une chose est certaine. Si nous l’attaquons, la Russie de Staline sera effacée
de la carte du monde en deux mois [121] . »
    A l’heure précise où la radio du Kremlin proclamait béatement, urbi et orbi , que
les rumeurs d’agression allemande contre la Russie étaient une absurdité, Adolf Hitler tenait à Berlin son ultime conseil de guerre avec
les chefs des états-majors de la Wehrmacht. Le
rassemblement des divisions aux frontières soviétiques et leur déploiement sur
les positions d’assaut sont choses faites depuis le 22 mai ; et l’horaire
définitif de la ruée a été arrêté quelques jours plus tard (109).
    Avec une rigueur mathématique, tous les éléments de la
formidable machine de guerre germanique – infanterie, artillerie, blindés, avions,
navires, etc., sont en place au jour et à l’heure dits, n’attendant plus que le
signal de Berlin. Entretemps, d’ultimes conversations ont encore lieu entre le Führer et les chefs militaires de Roumanie, de Hongrie et de
Finlande (ce dernier pays formellement résolu à reprendre ses territoires
enlevés par les Russes l’hiver précédent). Enfin, le 14 juin, un dernier
conseil réunit les chefs d’état-major des trois armes. L’heure de la Russie va
sonner.
    En dépit de l’énormité de la tâche, Hitler et ses généraux,

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