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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l’infatigable ambassadeur Ott. Il lui fut
répondu que la rencontre proposée ne pourrait que servir les fins recherchées
par la Triplice, à savoir « prévenir la belligérance des États-Unis (28) ».
    A l’automne, tandis que les pourparlers Hull-Nomura se
poursuivaient, Berlin reprit sa tactique du printemps et fit avertir Washington,
via Tokyo, que, si l’Amérique réitérait ses actes hostiles contre l’Axe
européen, c’est-à-dire l’Allemagne et l’Italie, celles-ci se verraient
contraintes de lui déclarer la guerre et le Japon, troisième signataire du
traité, se joindrait à elles.
    Cordell Hull fut instantanément informé de cette nouvelle
manœuvre allemande, grâce à Magic , cerveau électronique des services du
chiffre qui, dès 1940, permit au gouvernement américain de décoder après
interception les radios et dépêches les plus secrets échangés non seulement
entre Tokyo et Washington, mais aussi entre Tokyo, Berlin et les autres
capitales européennes. La mise en demeure allemande, transmise le 16 octobre
par Toyoda à Nomura et interceptée par l’écoute américaine, recommandait aux
destinataires d’en présenter à Cordell Hull une version édulcorée (29).
    Ce même 16 octobre, le gouvernement Konoye fut renversé et
remplacé par un cabinet militaire ayant à sa tête le belliqueux général Hideki
Tojo. Un autre guerrier de la même caste, le général Oshima, se hâta de porter
la bonne nouvelle à la Wilhelmstrasse. L’accession de Tojo au pouvoir, expliqua-t-il,
entraînera le resserrement de l’alliance nippo-allemande et la cessation des
pourparlers avec Washington. Quelles conséquences allait-il en découler ? Oshima,
sciemment ou non, négligea de l’apprendre à ses interlocuteurs nazis. En vérité,
Tojo s’apprêtait à déclarer la guerre aux États-Unis, à moins que les
négociations en cours à Washington n’aboutissent à l’acceptation des conditions
japonaises, c’est-à-dire neutralité envers la Russie et pleine liberté d’action
dans le Sud-Est asiatique.
    Ni le Führer, ni Ribbentrop, son balourd de ministre, n’avaient
envisagé cet aspect de la situation. Ils ne comprenaient pas davantage que l’échec
des pourparlers Nomura-Hull allait avoir le résultat même qu’ils s’évertuaient
à retarder depuis des mois : l’entrée de l’Amérique dans le conflit
mondial [146] .
    Le 15 novembre, un ambassadeur spécial du gouvernement
japonais, Saburo Kurusu, arrivait à Washington, chargé d’épauler Nomura dans
ses négociations, mais Cordell Hull comprit aussitôt que ce diplomate, signataire
en septembre 1940 du Pacte tripartite, n’avait aucune nouvelle proposition à
lui offrir. Il s’efforcerait simplement d’obtenir par la persuasion l’acquiescement
de l’Amérique et, en cas de refus, de prolonger les pourparlers jusqu’à ce que
le Japon fût prêt à assener par surprise aux États-Unis un coup décisif. A
présent, les événements allaient se précipiter (30).
    Le 19 novembre, Nomura recevait de Tokyo l’inquiétant
message baptisé Vents , aussitôt déchiffré par les spécialistes de
Washington. Si le bulletin de nouvelles émis quotidiennement sur les ondes par
Tokyo et capté par l’ambassade contenait les mots « Vent d’Est-pluie »,
cela signifierait en langage clair l’imminente déclaration de guerre aux
États-Unis et, dès sa réception, Nomura avait ordre de détruire ses codes et
tous ses documents confidentiels.
    A la longue, Berlin ouvrit les yeux à la réalité. La veille, Ribbentrop,
quelque peu surpris, avait reçu de Tokyo un projet de traité par lequel les
deux nations s’engageaient à ne pas conclure de paix séparée avec l’un ou l’autre
de leurs adversaires communs. Quels adversaires ? Tokyo ne le stipulait
pas clairement, mais le ministre nazi espérait qu’il s’agissait en premier lieu
de la Russie. Il accepta, en principe, le projet, s’imaginant sans doute que le
Japon allait enfin faire honneur à sa promesse – oh ! combien vague – d’attaquer
l’Union Soviétique en Sibérie.
    Illusion réconfortante, car la résistance de l’Armée Rouge
devenait formidable, cependant que le vigoureux hiver russe faisait une
apparition prématurée. Une attaque japonaise contre Vladivostok et les
provinces maritimes du Pacifique constituerait le coup de pouce sous lequel l’Union
Soviétique basculerait.
    Ribbentrop déchanta vite. Le 23 novembre, en effet,

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