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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l’ambassadeur
Ott l’informait que les Japonais se préparaient à occuper la Thaïlande et les
territoires pétrolifères hollandais de Bornéo. Le gouvernement de Tokyo
désirait savoir si, en cas de conflit, l’Allemagne ferait cause commune avec
son allié. L’information signifiait tout bonnement que le Japon s’abstiendrait
de frapper la Russie et, en revanche, envisageait des hostilités contre les
Hollandais et les Britanniques dans le Pacifique ; hostilités susceptibles
d’entraîner l’entrée en guerre des États-Unis.
    Ott et Ribbentrop ne saisirent pas ce dernier point. Déçus, ils
comprenaient que le Japon n’attaquerait pas la Russie, mais crurent fermement
que sa poussée méridionale était uniquement dirigée contre les possessions
hollandaises et britanniques. Suivant le désir d’Hitler, l’oncle Sam resterait
donc à l’écart jusqu’à ce que sonne son heure (31).
    L’aveuglement du gouvernement allemand à cet égard est imputable,
pour une grande part, à son ignorance de la fatale décision japonaise
concernant l’Amérique. Grâce à Magic, Cordell Hull était beaucoup mieux informé.
Dès le 5 novembre, il savait par exemple que Tojo avait
fixé au 25 l’ultime délai de la signature d’un éventuel accord américano-nippon.
Par son message ultérieur adressé à Nomura, également déchiffré par Magic, Hull
et Roosevelt savaient aussi que la proposition japonaise, reçue le 20, serait
la toute dernière et que la date limite assignée à la conclusion des
pourparlers était irrévocablement fixée au 29 novembre.
    « Pour certaines raisons qu’il n’est pas de votre ressort
d’apprécier, apprenait Tojo à son ambassadeur, nous tenons à ce que le traité
avec les États-Unis soit conclu le 25. Néanmoins, si un accord peut être signé
le 29 novembre nous accepterons d’attendre jusque-là. Au-delà de cette
date, notre décision prendra effet automatiquement (32). »
    Dès le 25 novembre, une escadre de porte-avions japonais se
mit en mouvement vers Pearl Harbour. A Washington, le même jour, Cordell Hull
avertissait le Conseil de Guerre réuni à la Maison Blanche de la possibilité d’une
attaque-surprise par le Japon, cependant qu’à Berlin, au cours d’une cérémonie
pompeuse et quelque peu grotesque, les trois puissances de l’Axe renouvelaient
l’accord anti-Komintern de 1936 ; un geste vide de sens qui ne changea en
rien l’attitude du Japon vis-à-vis de la Russie, mais donna au solennel
Ribbentrop l’occasion d’accuser une fois de plus le président Rooseveli,
« auteur principal de la guerre », et de verser des larmes de
crocodile sur le peuple américain, confiant et pieux… trahi par un chef indigne.
    Le soir du 28 novembre, à la suite d’un long conseil de
guerre présidé par Hitler, Ribbentrop convoqua Oshima. Celui-ci éprouva l’impression
d’un considérable raidissement de l’attitude allemande à l’égard des États-Unis
et fit part de ses alarmes à Tokyo. Hitler, disait-il, paraissait vouloir jeter
une bonne fois aux quatre vents sa résolution de garder les États-Unis en
dehors des hostilités et pressait le Japon de faire la guerre à l’Amérique
aussi bien qu’à la Grande-Bretagne, en lui promettant l’appui du Reich.
    « Ainsi que vient de le déclarer le Führer, explique
Ribbentrop à l’ambassadeur japonais, les droits à l’existence de l’Allemagne, du
Japon et des États-Unis présentent des différences fondamentales. Nous savons
aujourd’hui de façon certaine qu’en raison de l’attitude intransigeante des
États-Unis, les négociations en cours entre Washington et Tokyo ne peuvent
aboutir qu’à un échec. Si le Japon accepte de combattre la Grande-Bretagne et l’Amérique,
j’ai la certitude que cette décision lui sera favorable tout autant qu’à l’Allemagne. »
    L’ambassadeur, petit homme rigide, fut agréablement surpris par
cette communication. Avait-il bien compris ? Il tint à s’en assurer :
    « Votre Excellence veut-elle dire que l’état de guerre
entre le Reich et les États-Unis est imminent ? » interrogea-t-il.
    Ribbentrop hésita un moment avant de répondre. Peut-être s’était-il
trop avancé.
    « Roosevelt est un fanatique, dit-il, il est donc
impossible de prévoir ce qu’il va faire. »
    Étant donné les propos précédents, Oshima jugea la réponse pour
le moins étrange et, à la fin de l’entrevue, insista pour que les points
fussent mis

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