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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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exécutés s’éleva à 8 000 et pour la Hollande à 2 000
environ. Au Danemark, on substitua à l’exécution officielle des otages un
système de « clearing des meurtres ». Sur l’ordre exprès d’Hitler, les
représailles en cas de meurtre d’un Allemand furent exécutées en secret « dans
la proportion de 1 contre 5 (41) ». C’est ainsi que le grand
pasteur-poète-auteur dramatique danois, Kaj Munk, l’homme le plus populaire de
toute la Scandinavie, fut brutalement assassiné par les Allemands. Son corps
fut abandonné sur la route avec un papier épinglé sur lui et portant ces mots :
« Salaud ! Tu as quand même travaillé pour l’Allemagne. »
    De tous les crimes de guerre qu’il reconnut avoir commis sur les
ordres d’Hitler, le général Keitel déclara que « le pire de tous »
avait pour origine le Nacht und Nebel Erlass , le Décret « Nuit et
Brouillard ». Cet ordre abominable, réservé aux malheureux habitants des
territoires conquis de l’Ouest, fut donné par Hitler lui-même, le 7 décembre
1941. Ainsi que son nom inquiétant l’indique, il enjoignait de s’emparer des
personnes « présentant un danger pour la sécurité de l’Allemagne », de
ne pas les exécuter immédiatement mais de les faire disparaître sans laisser de
trace dans la nuit et le brouillard de l’inconnu, quelque part en Allemagne. Aucune
information concernant leur sort ne devait être transmise à leur famille même
lorsque – et c’était toujours le cas – il ne s’agissait que de l’endroit où
elles étaient enterrées.
    Le 12 décembre 1941, Keitel rédigea une directive
expliquant les ordres du Führer. « En principe, disait-il, toute agression
commise contre l’État allemand sera punie de mort », car :
    « Si ces agressions sont punies d’emprisonnement, fut-ce
même des travaux forcés à perpétuité, on y verra un signe de faiblesse. On ne
peut obtenir un effet d’intimidation véritablement efficace qu’en appliquant la
peine de mort ou en employant des mesures telles que ni ses parents, ni la
population ne connaissent le sort du criminel (42). »
    En février 1942, Keitel étendit encore le Décret « Nuit et
Brouillard ». Dans les cas où la peine de mort ne serait pas prononcée
dans les huit jours suivant l’arrestation :
    « Les prisonniers seront transportés secrètement en
Allemagne… ces mesures exerceront un effet préventif parce que :
    A. les prisonniers disparaîtront sans laisser de trace ;
    B. aucune information ne pourra être donnée concernant le
lieu où ils se trouvent ou sur leur sort (43). »
    Ce fut le S. D. qui reçut la mission de remplir cette tâche
macabre, et les dossiers de ses services, dont les Alliés se sont emparés, sont
remplis d’ordres divers concernant le « N. N. » (pour Nacht und
Nebel ), précisant en particulier que les lieux où les victimes sont
enterrées doivent être tenus strictement secrets. On n’a jamais pu établir au
cours du Procès de Nuremberg combien d’Européens occidentaux avaient disparu
dans la « Nuit et le Brouillard », mais il semble bien que rares
furent ceux qui en sortirent vivants.
    Toutefois, on a pu tirer des dossiers du S. D. des chiffres qui
donnent une idée du nombre de victimes causées par une autre opération de
terreur en pays conquis, et qui eut pour théâtre la Russie. Cet exercice
particulier fut mené par ce qu’on appelait en Allemagne les Einsatzgruppen ,
Groupes d’Action Spéciaux, que l’on pourrait nommer : des Pelotons d’Extermination.
Le premier chiffre rond donnant une idée approximative de leurs exploits fut
cité, comme par hasard, à Nuremberg.
    Un jour, cela se passait peu avant le début du procès, un jeune
officier de marine américain, le lieutenant-commander Witney R. Harris, de l’état-major
américain, chargé de l’accusation, interrogeait Otto Ohlendorf sur ses
activités en temps de guerre. On savait que ce bel intellectuel allemand, à l’apparence
très jeune – il avait trente-huit ans, – avait été le chef du groupement AMT III,
dépendant du bureau de Sécurité central d’Himmler (R. S. H. A.) mais que, durant
les dernières années de la guerre, il avait surtout été expert en commerce
extérieur au ministère de l’Économie. Il déclara à son interrogateur que, sauf
pendant une année, il avait été toute la guerre en poste à Berlin. Le
lieutenant-commander lui ayant demandé ce qu’il avait fait

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