Le Troisième Reich, T2
au
début de l’après-midi du 8 octobre et écoutais Hitler lancer son appel à
la paix, cela semblait un vieux disque rejoué pour la cinquième ou sixième fois.
Combien de fois l’avais-je entendu, de cette même tribune, après la dernière
conquête et avec le même accent trompeur de chaleur et de sincérité, proposer
ce qui paraissait – si l’on oubliait sa dernière victime – une paix décente et
raisonnable ?
Il le faisait encore, en ce jour d’automne frais, ensoleillé,
avec son éloquence et son hypocrisie habituelles. Ce fut un long discours – un
des plus longs discours publics qu’il fît jamais – mais vers la fin, après plus
d’une heure d’entorses à l’histoire et un exposé fanfaron du haut fait d’armes
allemand en Pologne (« cet État ridicule »), il en vint à ses
propositions de paix et aux raisons qui les motivaient.
Mon principal effort a été de dépouiller nos relations avec la
France de toute trace de mauvais vouloir et de les rendre tolérables pour les
deux nations… L’Allemagne n’a plus de revendications contre la France… J’ai
même refusé de mentionner la question d’Alsace-Lorraine. J’ai toujours exprimé
à la France mon désir d’enterrer à jamais notre ancienne inimitié et de
rapprocher ces deux nations qui ont toutes deux un si glorieux passé…
Et l’Angleterre ?
Je n’ai pas consacré moins d’efforts à la réalisation d’une
entente anglo-allemande, non, plus que cela : d’une amitié anglo-allemande.
En aucun cas et en aucun lieu, je n’ai agi contre les intérêts britanniques… Je
crois même aujourd’hui qu’il ne peut y avoir de véritable paix en Europe et
dans le monde entier que si l’Allemagne et l’Angleterre parviennent à une
entente.
Et la paix ?
Pourquoi cette guerre à l’Ouest ? Pour la restauration
de la Pologne ? La Pologne et le traité de Versailles ne ressusciteront
pas… La question du rétablissement de l’État polonais est un problème qui ne
sera pas résolu par une guerre à l’Ouest mais exclusivement par la Russie et l’Allemagne…
Il serait insensé d’anéantir des millions d’hommes et de détruire des biens
valant des millions pour reconstruire un État qualifié d’avorton dès sa
naissance par tous ceux qui n’étaient pas d’origine polonaise.
Quelle autre raison existe ?…
Si réellement cette guerre doit être entreprise uniquement
pour donner à l’Allemagne un nouveau régime… alors des millions de vies
humaines seront sacrifiées en vain… Non, cette guerre à l’Ouest ne peut
résoudre aucun problème…
Il y avait pourtant des problèmes à résoudre. Hitler en présenta
une longue liste : « Formation d’un État polonais » (alors qu’il
était déjà convenu avec les Russes que cet État n’existerait pas) ;
« solution et règlement du problème juif » ; colonies pour l’Allemagne ;
reprise du commerce international ; « une paix garantie sans
condition » ; réduction des armements ; « réglementation de
la guerre aérienne, des gaz toxiques, des sous-marins, etc. » ; règlement
du problème des minorités en Europe.
Pour « accomplir ces grands desseins », il proposait
une conférence des principales nations européennes « après la plus
scrupuleuse préparation ».
Il est impossible (poursuivit-il) qu’une telle conférence, qui
doit décider du destin de ce continent pour de nombreuses années à venir, puisse
poursuivre ses délibérations tandis que le canon tonne et que des armées
mobilisées maintiennent leur pression sur les délibérations.
Si, cependant, ces problèmes doivent être résolus tôt ou
tard, il serait alors plus sensé de saisir la solution avant que des millions d’hommes
soient d’abord envoyés inutilement à la mort et des milliards de richesses
détruits. La persistance du présent état de choses à l’Ouest est impensable. Chaque
jour demandera bientôt des sacrifices plus lourds… La richesse nationale de l’Europe
sera jetée au vent sous forme d’obus, et la vigueur de chaque nation sapée sur
les champs de bataille…
Une chose est certaine. Au cours de l’histoire du monde, il
n’y a jamais eu deux vainqueurs, mais très souvent seulement des perdants. Que
les peuples et leurs dirigeants qui partagent cette opinion donnent maintenant
leur réponse. Et que ceux qui considèrent la guerre comme la meilleure solution
refusent ma main tendue.
Il pensait à
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