Le Troisième Reich, T2
Churchill.
Si, toutefois, les opinions de Mr Churchill et de ses
partisans devaient prévaloir, cette déclaration aura été ma dernière. Alors
nous combattrons… Il n’y aura jamais un autre novembre 1918 dans l’histoire de
l’Allemagne.
Il me semblait grandement improbable, comme je l’écrivis dans
mon journal en revenant du Reichstag, que les Anglais et
les Français écouteraient ces vagues propositions pendant « cinq minutes ».
Mais les Allemands étaient optimistes. En allant à la radio ce soir-là, j’achetai
une première édition du journal d’Hitler, le Völkischer
Beobachter . Les titres flamboyants annonçaient :
La Volonté de Paix de l’Allemagne – Pas de buts de guerre
contre la France et l’Angleterre – Plus de demande de révision, sauf pour les
colonies – Réduction des armements – Coopération avec toutes les nations d’Europe
– Proposition de conférence.
La Wilhelmstrasse, on le sait maintenant par les documents
allemands secrets, était encouragée à croire, d’après les rapports qu’elle
recevait de Paris par les ambassadeurs d’Espagne et d’Italie en France, que les
Français manquaient d’estomac pour continuer la guerre. Déjà, le 8 septembre,
l’ambassadeur d’Espagne faisait savoir aux Allemands que Bonnet, « étant
donné la grande impopularité de la guerre en France, s’emploierait à créer une
entente aussitôt que les opérations de Pologne seraient terminées. Certaines
indications portent à croire qu’il est en contact avec Mussolini à cette fin (17) ».
Le 2 octobre, Attolico remit à Weizsaecker le texte du
dernier message de l’ambassadeur italien à Paris, confirmant que la majorité du
cabinet français était en faveur d’une Conférence de Paix, et qu’à présent il s’agissait
surtout de « permettre à la France et à l’Angleterre de sauver la face ».
Apparemment, cependant, le président du Conseil Daladier n’appartenait pas à la
majorité (18) [27] .
L’information était bonne. Le 7 octobre, Daladier
répondit à Hitler. Il déclarait que la France ne déposerait pas les armes tant
que des garanties d’une « paix véritable et de sécurité générale » ne
seraient pas obtenues. Mais Hitler était plus intéressé par Chamberlain que par
le président français. Le 10 octobre, à l’occasion d’une courte allocution
au Palais des Sports pour l’inauguration de la Winterhilfe (Secours d’hiver),
il insista encore sur sa « bonne volonté pour arriver à la paix ». L’Allemagne,
ajouta-t-il, « n’a aucune raison de faire la guerre aux Puissances
occidentales ».
La réponse de Chamberlain arriva le 12 octobre. Ce fut une
douche froide pour le peuple allemand, sinon pour Hitler [28] .
S’adressant à la Chambre des Communes, le Premier Ministre qualifia les
propositions d’Hitler de « vagues et incertaines » et nota qu’elles « ne
contenaient aucune offre de réparer les torts causés â la Tchécoslovaquie et à
la Pologne ». « Aucune confiance, disait-il, ne peut être accordée
aux promesses « de l’actuel gouvernement allemand ». Si celui-ci
voulait la paix, des actes – et non seulement des mots – doivent en témoigner. »
Il réclamait à Hitler des « preuves convaincantes » de sa bonne
volonté.
L’homme de Munich ne pouvait plus se laisser leurrer par les
promesses d’Hitler. Le lendemain 13 octobre, une déclaration allemande
annonçait que Chamberlain, en refusant l’offre de paix d’Hitler, avait
délibérément choisi la guerre. A présent, le dictateur nazi avait son prétexte.
En fait, nous le savons par les documents allemands saisis, Hitler
n’avait pas attendu la réponse du Premier Ministre pour ordonner les
préparatifs d’un assaut immédiat à l’Ouest.
Le 10 octobre, il convoqua ses chefs militaires, leur lut
un long mémorandum sur la situation militaire et celle du monde, et leur lança
au visage la directive n° 6 pour la conduite de la guerre (20).
L’insistance du Führer, vers la fin de
septembre, pour qu’une attaque fût montée à l’Ouest aussitôt que possible, avait
jeté la perturbation dans le Haut Commandement. Brauchitsch et Halder, aidés par quelques autres généraux, s’étaient associés pour démontrer au Führer qu’une offensive immédiate était hors de question. Il
faudrait plusieurs mois, dirent-ils, pour remettre en état les chars utilisés
en Pologne.
Le général Thomas fournit les
Weitere Kostenlose Bücher