Le Troisième Reich, T2
s’adresserait au peuple allemand un
peu plus tard dans la soirée. Quelques minutes après, on apprenait que le
général von Hase, commandant de la Place de Berlin, qui avait chargé le
commandant (maintenant colonel) Remer d’accomplir sa mission fatidique, avait
été arrêté et que le général nazi Reinecke, soutenu par
les S. S., avait pris le commandement de toutes les troupes de Berlin pour
donner l’assaut à la Bendlerstrasse.
En grande partie grâce à Otto Skorzeny, l’officier S. S. qui
avait délivré Mussolini, les S. S. avaient enfin pris les choses en main. Ignorant
que quelque chose se passait ce jour-là, Skorzeny avait pris le train de nuit
pour Vienne à dix-huit heures, mais on l’avait fait descendre du train, arrêté
dans le faubourg de Lichterfelde à la demande du général S. S. Schellenberg, le numéro deux de la S. D. Skorzeny trouva
le quartier général de la S. S. – toujours non gardé – dans un état de
surexcitation intense, mais, comme il était doué d’un grand sang-froid et de
surcroît un bon organisateur, il rassembla rapidement ses bandes armées et se
mit au travail. Ce fut lui qui, le premier, persuada les formations de l’école
de blindés de rester loyales à Hitler.
L’action énergique entreprise aussitôt à Rastenburg, la rapidité de pensée de Gœbbels, qui avait rallié Remer et utilisé la
radio, le réveil des S. S. à Berlin, la confusion et l’inaction incroyables des
rebelles de la Bendlerstrasse firent que bon nombre d’officiers, qui avaient
été sur le point de lier leur sort à celui des conspirateurs ou même l’avaient
fait, se ravisèrent. Parmi ceux-ci, il y eut le général Herfurth, chef d’état-major
du général Kortzfleisch, arrêté par les conjurés ; après avoir tout d’abord
apporté son aide à la Bendlerstrasse en essayant de rassembler les hommes, il
avait tourné casaque dès qu’il avait vu comment les choses se passaient, et s’était
empressé d’appeler le quartier général d’Hitler vers vingt et une heures trente
pour avertir qu’il allait écraser le putsch militaire [272] .
Le général Fromm, dont le refus de se joindre aux conjurés
avait dès le début compromis le succès de la révolte et qui, de ce fait, avait
été arrêté, se réveilla. Vers vingt heures, après quatre heures de réclusion
dans le bureau de son adjoint, il demanda à être autorisé à se retirer dans ses
bureaux personnels situés à l’étage inférieur. Il donna sa parole d’honneur d’officier
de ne pas essayer de s’échapper ni d’établir un contact quelconque avec l’extérieur.
Le général Hœpner y avait consenti et, de plus, Fromm s’étant plaint d’avoir
faim et soif, il lui avait fait porter des sandwiches et une bouteille de vin.
Peu avant, trois généraux de l’état-major étaient arrivés et, après
avoir refusé de se joindre à la rébellion, ils avaient demandé à être conduits
près de leur chef. Inexplicablement, ils furent emmenés chez lui, alors qu’il
était toujours en état d’arrestation. A peine étaient-ils en présence de Fromm
que celui-ci leur dit qu’il y avait une petite porte de sortie située à l’arrière
du bâtiment, par laquelle ils allaient pouvoir s’échapper. Manquant à la parole
donnée à Hœpner, il ordonna aux généraux d’aller chercher des renforts, de s’emparer
de l’édifice, de le libérer et de réprimer la révolte. Sans être vus, les
généraux se glissèrent dehors.
Mais déjà un groupe d’officiers subalternes de l’état-major d’Olbricht,
après avoir d’abord rallié les rebelles ou rôdé autour de la Bendlerstrasse
pour voir la tournure qu’allaient prendre les événements, avaient commencé à
flairer que la révolte courait à l’échec. Ils avaient également commencé à
comprendre, ainsi que devait le dire l’un d’eux par la suite, qu’ils seraient
tous pendus si la révolte échouait avant qu’ils eussent retourné leur veste. L’un
d’eux, le lieutenant-colonel Franz Herber, ancien officier de police et nazi
convaincu, était allé chercher des mitraillettes à l’arsenal de Spandau et les
avait cachées au second étage. Vers dix heures trente, ces officiers
demandèrent à parler au général Olbricht. Ils voulaient savoir exactement ce
que ses amis et lui entendaient accomplir. Le général le leur dit et, sans
discuter, ils ressortirent.
Vingt minutes plus tard ils reparaissaient, au nombre de six
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