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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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mesure de le faire
devrait immédiatement demander à changer d’affectation [278] .
    A ma connaissance, personne ne fit cette demande.
    Un historien militaire allemand commente ainsi ces fait :
« On peut dire que l’histoire de l’état-major général en tant qu’entité
autonome était terminée (46). » Ce groupe d’élite, fondé par Scharnhorst
et Gneisenau et mis sur pied par Moltke pour servir de colonne de soutien à un
groupe qui, après avoir gouverné l’Allemagne au cours de la première guerre
mondiale, avait dominé la République de Weimar et contraint Hitler à détruire
les S. A. et à assassiner son chef qui se dressait sur leur chemin, avait été
réduit au cours de l’été 1944 à un corps pitoyable d’hommes apeurés et serviles.
Hitler ne devait plus rencontrer la moindre opposition, pas même la moindre
critique.
    L’armée, autrefois puissante, s’effondrerait avec lui, comme
toutes les autres institutions du Troisième Reich, car ses dirigeants étaient
maintenant réduits au silence, et manquaient du courage que seule une poignée
de conspirateurs avait su montrer. Ils étaient incapables de retenir la main de
l’homme qui les menait, et le peuple allemand avec eux, à la plus horrible des
catastrophes de toute l’histoire de leur patrie bien-aimée.
    Cette paralysie de l’esprit et de la volonté chez des adultes, élevés
en chrétiens, ayant connu la discipline des anciennes vertus, fiers de leur
code d’honneur, courageux devant la mort sur les champs de bataille, a quelque
chose d’étonnant. Peut-être est-il possible d’en saisir la cause si l’on se
souvient de la ligne suivie par l’histoire allemande, telle que nous l’avons
esquissée dans un chapitre précédent, et selon laquelle l’obéissance aveugle
aux dirigeants politiques devenait la plus haute vertu de l’homme allemand et
donnait son prix à la servilité. Maintenant, les généraux connaissaient le mal
qui était en l’homme devant lequel ils courbaient l’échine. Guderian décrivit
plus tard Hitler tel qu’il était le 20 juillet :
    Ce qui avait été chez lui dureté devint cruauté, tandis que
sa tendance au bluff devenait simple malhonnêteté. Il mentait souvent, sans la
moindre hésitation, et supposait que les autres lui mentaient.
    Il ne croyait plus personne. Il était déjà difficile
autrefois d’avoir affaire à lui, maintenant cela devenait une torture qui ne
faisait qu’empirer de mois en mois. H perdait fréquemment tout contrôle de
lui-même et son langage se faisait de plus en plus violent. Parmi ses intimes, il
ne trouvait plus aucune influence apaisante (47).
    Et pourtant, ce fut cet homme seul, à demi fou, dont le corps et
l’esprit tombaient en ruine, qui alors, ainsi qu’il l’avait fait lors du rude
hiver neigeux de 1941, rallia les armées battues, en retraite, et insuffla un
courage nouveau à la nation épuisée. Par un incroyable effort de cette volonté
qui, en Allemagne, manquait aux autres – aussi bien dans l’armée que dans le
gouvernement et parmi le peuple – il fut capable, presque seul, de prolonger l’agonie
de la guerre pendant près d’une année.
    La révolte du 20 juillet 1944 avait échoué non seulement à
cause de l’inexplicable inaptitude de certains des hommes les plus capables de
l’armée et de la population civile, mais à cause de la faiblesse de caractère
de Fromm et de Kluge et de la malchance qui ne cessa de poursuivre les
conspirateurs. Elle avait échoué aussi parce qu’aucun parmi les hommes qui
maintenaient en vie cette grande nation, généraux et civils, ni la masse du
peuple allemand, en uniforme ou non, n’étaient prêts pour une révolution. En
fait, en dépit de leur misère et de la sombre perspective d’une défaite et d’une
occupation étrangère, ils n’en voulaient pas. Malgré la ruine qu’il avait
causée en Allemagne et en Europe, ils acceptaient encore le national-socialisme,
et en Adolf Hitler ils voyaient encore le sauveur de la Patrie.
    A cette époque (écrivit plus tard Guderian) – le fait
semble indiscutable – la plus grande partie du peuple allemand croyait encore
en Adolf Hitler et était convaincu qu’en le tuant son assassin aurait supprimé
le seul homme capable d’amener encore la guerre à une conclusion favorable (48).
    Même après la fin de la guerre, le général Blumentritt, qui n’avait
pas participé à la conspiration mais l’aurait soutenue si son chef, Kluge,

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