Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
lignes, je ne serai plus… La vie n’a
plus aucun sens pour moi… Rommel et moi, nous avons tous deux… prévu la
situation actuelle. On ne nous a pas écoutés…
    J’ignore si le maréchal Model, qui a prouvé sa valeur dans
tous les domaines, pourra redresser la situation… S’il n’en était pas ainsi, toutefois,
et si vos bien-aimées armées nouvelles ne réussissaient pas, alors, mon Führer,
décidez-vous à mettre fin à la guerre. Le peuple allemand a supporté de telles
souffrances qu’il est temps de mettre fin à ces atrocités…
    J’ai toujours admiré votre grandeur… Si le sort est plus
fort que votre volonté et que votre génie, c’est que la Providence le veut
ainsi… Montrez-vous maintenant encore assez grand pour mettre fin à une lutte
sans espoir quand ce sera nécessaire…
    D’après le témoignage de Jodl à Nuremberg, Hitler lut cette
lettre en silence et la lui tendit sans commentaire. Quelques jours plus tard, le
31 août, au cours de sa conférence militaire quotidienne, le chef suprême
de la guerre observa :
    « J’ai de fortes raisons de penser que, si le maréchal
Kluge ne s’était pas suicidé, il aurait été de toute façon arrêté (42). »
    Le tour du maréchal Rommel, idole des masses allemandes, vint
ensuite.
    Le général von Stuelpnagel gisant aveugle et inconscient sur la
table d’opération de l’hôpital de Verdun, après sa tentative manquée de suicide,
avait laissé échapper le nom de Rommel. Plus tard, sous des tortures sans nom, dans
le cachot de la Gestapo, Prinz-Albrechtstrasse, à Berlin, le colonel von
Hofacker s’était effondré et avait raconté le rôle joué par Rommel dans la
conspiration. Il avait cité les paroles mêmes du maréchal : « Dites à
ceux de Berlin qu’ils peuvent compter sur moi. » Cette phrase se grava
dans l’esprit d’Hitler, et elle devait l’amener à décider que son général
favori, le plus populaire de toute l’Allemagne, devait mourir.
    Rommel, qui avait souffert de graves fractures du crâne, des
tempes et des pommettes, dont l’œil gauche était sérieusement atteint et dont
la tête était trouée d’éclats d’obus, fut d’abord conduit de l’hôpital de
campagne de Bernay à celui de Saint-Germain, pour qu’il ne fût pas fait
prisonnier par les Alliés. De là, le 8 août, on le transporta chez lui, à
Herrlingen, près d’Ulm. Lorsque, le lendemain du jour où il lui avait rendu
visite à Herrlingen, son ancien chef d’état-major, le général Speidel, avait
été arrêté, il avait compris que c’était un premier avertissement de ce qui l’attendait.
    « Ce mythomane, s’était écrié Rommel lorsque la
conversation était venue sur Hitler, est devenu complètement fou. Il se libère
de son sadisme sur les conspirateurs du 20 juillet, et ce n’est pas fini (43) ! »
    Rommel remarqua alors que sa maison était surveillée par des S. D.
Quand il sortait dans les bois environnants avec son fils dé quinze ans, qui
avait été autorisé à quitter temporairement sa batterie de D. C. A. pour
soigner son père, tous deux portaient des revolvers. Au quartier général de
Rastenburg, Hitler avait maintenant reçu une copie du témoignage de Hofacker
incriminant Rommel. Il décida donc sa mort, – mais une mort particulière.
    Ainsi que Keitel devait plus tard l’expliquer lors de son
interrogatoire à Nuremberg, le Führer comprit que « cela causerait un
scandale terrible en Allemagne, si le célèbre maréchal, le général le plus
populaire que nous ayons, était arrêté et déféré devant le tribunal du peuple ».
Aussi Hitler décida-t-il avec Keitel que l’on ferait connaître à Rommel les
preuves que l’on possédait contre lui et qu’on lui donnerait le choix entre se
tuer ou être traduit pour haute trahison devant le tribunal du peuple. S’il
choisissait la première solution, on lui accorderait des funérailles nationales
avec tous les honneurs militaires, et sa famille ne serait pas inquiétée.
    C’est ainsi que, le 14 octobre 1944 à midi, deux généraux
du quartier général d’Hitler partirent en auto pour la demeure de Rommel, cernée
par des S. S. renforcés par cinq voitures blindées. Ces généraux étaient
Wilhelm Burgdorf, un alcoolique au visage rubicond qui rivalisait de servilité
avec Keitel à l’égard d’Hitler, et son adjoint à la Direction du personnel de l’armée,
Ernst Maisel, homme du même acabit. Ils avaient au

Weitere Kostenlose Bücher