Le Troisième Reich, T2
la Prusse et de l’Allemagne
– avaient dévasté les territoires des autres pays. Des torrents d’exhortations
se déversaient sur les troupes exténuées.
Soldats du front de l’Ouest !
… Je compte sur vous pour défendre le sol sacré de l’Allemagne…
jusqu’au dernier d’entre vous…
Heil Hitler !
Von rundstedt,
Feld-Maréchal.
Soldats du groupe d’armées.
… Pas un seul d’entre nous ne cédera un pouce de sol
allemand, tant qu’il sera vivant. Quiconque reculera sans livrer bataille sera
traître à son peuple…
Soldats ! Notre patrie, la vie de nos femmes et de nos
enfants sont l’enjeu de la bataille ! Notre Führer et ceux qui nous sont
chers ont confiance en leurs défenseurs !…
Vive l’Allemagne et notre Führer bien-aimé !…
Model, Feld-Maréchal.
Néanmoins, tandis que le bateau sombrait, de plus en plus
nombreux étaient les rats qui le quittaient. Himmler prit des mesures
énergiques pour endiguer les désertions. Le 10 septembre il rédigea l’ordre
du jour suivant :
Certains éléments indésirables semblent croire que la
guerre sera terminée pour eux aussitôt qu’ils se seront rendus à l’ennemi…
Tout déserteur… trouvera son juste châtiment. De plus, sa
lâche conduite entraînera les suites les plus désastreuses pour les membres de
sa famille… qui seront fusillés sans jugement.
Un certain colonel Hoffmann-Schonforn, de la 18e division de
Grenadiers, gratifia ses hommes de la proclamation suivante :
Des traîtres ont déserté nos rangs… Ces misérables ont
livré d’importants secrets militaires… Des Juifs calomniateurs et fourbes vous
travaillent à coups de propagande et tentent de vous enrôler parmi ces
misérables. Laissez-les cracher en vain leur poison !… Quant aux
méprisables traîtres qui ont oublié leur honneur… leur famille répondra de leur
défection (6).
En septembre se produisit ce que les généraux allemands
sceptiques qualifièrent de « miracle ». Pour Speidel, ce fut « une
version allemande du miracle de la Marne que les Français avaient connu en 1914.
L’avance fulgurante des Alliés fut brusquement stoppée ».
La raison de ce coup de frein est encore, à l’heure actuelle, un
sujet de discussion entre les commandants alliés, depuis le général Eisenhower
jusqu’au dernier des officiers supérieurs. Pour les généraux allemands, c’était
un mystère. Dans la deuxième semaine de septembre, des éléments américains
avaient atteint la frontière allemande devant Aix-la-Chapelle et sur la Moselle.
L’Allemagne était ouverte aux armées alliées. Dès le début de
septembre, Montgomery avait pressé Eisenhower de mettre la totalité de ses
réserves et de son matériel à la disposition des armées britanniques et
canadiennes et des IXe et 1re armées U. S., pour effectuer – sous son
commandement – une vigoureuse offensive dans le nord. Il voulait envahir la Ruhr,
priver les Allemands de leur arsenal principal, ouvrir la route de Berlin et en
terminer avec la guerre. Eisenhower rejeta cette proposition [280] .
Pour le commandant suprême interallié, l’avance vers le Rhin
devait se faire sur un « large front ». Mais ses armées s’étaient
trop éloignées de leurs bases. Le carburant et les munitions débarqués sur les
plages de Normandie, ou dans l’unique port de Cherbourg, devaient être
transportés par camions sur une distance de 450 à 600 kilomètres, pour
atteindre un front qui progressait toujours. Dès la seconde semaine de
septembre, les armées d’Eisenhower marquaient le pas, à cause du manque d’approvisionnement.
Elles rencontraient aussi une résistance allemande inattendue. En concentrant
toutes ses forces disponibles en deux points critiques, Rundstedt fut en mesure
– dès le milieu de septembre – de freiner, au moins temporairement, la IIIearmée de Patton sur la Moselle et la 1re armée de Hodges devant
Aix-la-Chapelle.
Eisenhower, harcelé par Montgomery, avait enfin pris une mesure
énergique pour établir une tête de pont sur le cours inférieur du Rhin, à
Arnhem, de façon à s’assurer une position favorable au débordement de la ligne
Siegfried par le nord. Le résultat fut décevant pour Montgomery, qui espérait
une invasion-éclair de la Ruhr et une ruée sur Berlin, mais il procura une base
stratégique pour une tentative ultérieure. L’offensive, débutant par un lâcher
massif de trois divisions aéroportées (deux
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