Le Troisième Reich, T2
avait
été d’un caractère mieux trempé, estimait qu’au moins « une moitié de la
population civile s’était indignée que les généraux allemands eussent pris part
à une tentative pour renverser Hitler et avait éprouvé une vive amertume à leur
égard – et que l’armée manifestait le même sentiment (49) ».
Par un phénomène d’hypnotisme qui défie toute explication – du
moins pour un étranger – Hitler conserva jusqu’à la fin la fidélité et la
confiance de ce peuple remarquable. Les Allemands le suivirent aveuglément, comme
des moutons – mais aussi avec une foi touchante et un enthousiasme qui les
élevaient au-dessus du troupeau animal – jusque dans le précipice où s’engouffra
la nation.
LIVRE VI
LA CHUTE DU TROISIÈME REICH
30 -
LA CONQUÊTE DE L’ALLEMAGNE
La guerre atteignait le territoire de l’Allemagne.
Hitler s’était à peine remis du choc causé par l’attentat du 20 juillet,
quand il dut faire face à la libération de la France et de la Belgique et à la
perte des territoires conquis à l’Est. Les troupes ennemies, en masses
écrasantes, convergeaient sur le Reich.
Vers le milieu du mois d’août 1944, les offensives d’été de l’armée
russe, – commencées le 10 juin – se succédèrent à une telle allure que l’Armée
Rouge menaça directement la frontière de la Prusse-Orientale, bloqua 50
divisions allemandes dans la région de la Baltique, envahit la Finlande jusqu’à
Viborg, anéantit le groupe d’armées du centre et effectua sur ce front une
trouée de 600 kilomètres en six semaines, ce qui l’amena jusqu’à la Vistule, en
face de Varsovie.
Pendant ce temps, dans le sud, une nouvelle attaque – déclenchée
le 20 août – aboutissait dès la fin du mois à la conquête de la Roumanie, avec
les exploitations pétrolifères de Plœsti, privant ainsi les armées allemandes
de leur unique source de pétrole brut. Le 26 août, la Bulgarie cessa
officiellement les hostilités, et les Allemands se hâtèrent de quitter le pays.
En septembre, ce fut le tour de la Finlande qui se retourna contre les troupes
allemandes quand elles refusèrent d’évacuer son territoire.
A l’ouest, la libération de la France s’effectuait rapidement. Les
Américains avaient trouvé en Patton, le commandant de la 3e armée U. S. récemment
constituée, un général de blindés doué du flair et de l’allant qui
caractérisaient Rommel en Afrique. Après la prise d’Avranches, le 30 juillet,
il avait laissé la Bretagne en attente, pour entreprendre un vaste mouvement
tournant et encercler les armées allemandes en Normandie, en poussant une
pointe vers Orléans, au sud-est, puis vers l’est, en direction de la Seine, au
sud de Paris.
Le 23 août, il atteignait la Seine au sud-est, et au
nord-ouest de la capitale et, deux jours plus tard, Paris était libéré après
quatre années d’occupation. Ce furent la 2e division blindée du général Leclerc et la 4e division d’infanterie U. S. qui y firent leur
entrée et effectuèrent la jonction avec des groupes de la Résistance française
déjà maîtres d’une partie de la ville. Ils trouvèrent intacts les ponts de la
Seine [279] .
Les restes des armées allemandes en France étaient en pleine
retraite. Montgomery, le vainqueur de Rommel en Afrique, qui,
le 1er septembre, fut nommé maréchal, fit faire 300 kilomètres en quatre
jours à la 1re armée canadienne et à la 2e armée britannique : de la Seine
inférieure à la Belgique, en passant par les champs de bataille historiques de
1914-1918 et 1940. Il pénétra en vainqueur à Bruxelles, le 4 septembre, et
à Anvers le lendemain. Son avance fut à ce point fulgurante que les Allemands n’eurent
même pas le temps de faire sauter les installations portuaires d’Anvers. Ce fut
un atout majeur pour les Alliés, car ce port – aussitôt qu’on en eut dégagé les
abords – était destiné à devenir la principale base de ravitaillement des
armées anglo-américaines.
Plus au sud, la 1re armée U. S., commandée par le général
Courtney H. Hodges, progressait à la même allure dans le sud-est de la Belgique,
atteignait la Meuse, d’où les hordes nazies s’étaient déversées en mai 1940, et
s’emparait des forteresses de Namur et de Liège, dont les Allemands n’avaient
pas eu le temps d’organiser la défense. Encore plus au sud, la 3e armée de
Patton avait pris Verdun, encerclé Metz, atteint la Moselle et
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