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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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personnalité de bourgeois autrichien, expliquait les motifs de son
mariage et les raisons pour lesquelles son épouse et lui-même se donnaient la
mort, puis il répartissait ses biens entre les membres de sa famille, avec l’espoir
qu’ils leur suffiraient pour vivre modestement. Du moins Hitler n’avait-il pas
usé de sa puissance pour amasser une énorme fortune, comme l’avait fait Gœring.
    Bien que durant les années de lutte je n’aie pu assumer les
responsabilités d’un mariage, maintenant – avant la fin de ma vie – j’ai décidé
de prendre pour épouse la femme qui, après des années de fidèle amitié, est
venue librement me rejoindre dans cette ville déjà presque encerclée, afin de
partager mon sort.
    Elle entrera dans la mort avec moi, selon son propre
souhait en tant que ma légitime épouse. Ce sera pour nous une compensation de
ce dont nous ont privés les exigences de ma mission au service de mon peuple.
    Tout ce que je possède – dans la mesure où mes biens ont
une valeur quelconque – appartient au parti, ou, si celui-ci n’existe plus, à l’État.
En cas d’anéantissement de ce dernier, toutes instructions deviennent inutiles.
Les tableaux réunis par mes soins, au long des années, n’ont jamais été achetés
en vue de me constituer une collection personnelle, mais simplement pour former
une galerie de peintures dans ma ville natale de Linz, sur le Danube.
    En tant qu’exécuteur testamentaire, Bormann devait
    … remettre à ma famille tous les objets constituant un
souvenir personnel et des revenus suffisants pour maintenir un niveau de vie
modeste (kleinen buergerlichen [291] )…
    Ma femme et moi avons préféré mourir pour échapper à la
honte d’une défaite ou d’une capitulation. Nous désirons être incinérés
immédiatement à l’endroit même où j’ai accompli la majeure partie de mon
travail quotidien, durant les douze années que j’ai passées au service de mon
peuple.
    Épuisé d’avoir dicté ses messages d’adieu, Hitler alla se
coucher, tandis que l’aube se levait sur Berlin et le dernier dimanche de sa
vie. Un funèbre voile de fumée enveloppait la capitale. Des immeubles s’écroulaient,
en flammes, sous les coups de l’artillerie russe tirés à bout portant. Les
Russes n’étaient plus loin de la Wilhelmstrasse et de la
Chancellerie.
    Tandis qu’Hitler dormait, Gœbbels et Bormann se hâtèrent d’agir.
Dans son Testament politique, qu’ils avaient signé en tant que témoins, le Führer leur avait enjoint de quitter la capitale et de rejoindre
le nouveau gouvernement. Bormann était prêt à obéir. Malgré sa dévotion pour le
chef, il ne tenait, si possible, pas à le suivre dans la mort. La seule chose
au monde qu’il désirait était de tirer les ficelles dans la coulisse et Dœnitz
pouvait lui en offrir la possibilité, au cas, bien sûr, où Gœring, ayant appris
la mort du Führer, ne tenterait pas d’usurper le trône. Pour
éviter une telle éventualité, Bormann envoya un message au Q. G. des S. S., à Berchtesgaden.
    … Dans le cas où se produirait la chute de Berlin et la
nôtre, les traîtres du 23 avril devront être exterminés. Faites votre
devoir ! Votre vie et votre honneur en dépendent (22).
    C’était l’ordre d’assassiner Gœring et son état-major de l’aviation,
que Bormann avait déjà mis aux arrêts sous la surveillance des S. S.
    Le docteur Gœbbels, comme Eva Braun et au
contraire de Bormann, n’avait nullement le désir de continuer à vivre dans une
Allemagne privée de son Führer révéré. Il avait lié son
sort à celui d’Hitler, à qui il devait sa stupéfiante ascension. Il avait été
le grand prophète et le principal propagandiste du mouvement nazi. C’était lui
qui, après Hitler, avait créé ses mythes. Pour rester digne de ces mythes, non
seulement le chef, mais son disciple le plus fidèle – le seul de la Vieille
Garde à ne pas l’avoir trahi – devait offrir sa vie en sacrifice. Lui aussi
devait donner un exemple qui passerait à la postérité et aiderait un jour à
rallumer la flamme du national-socialisme.
    Telles devaient être ses pensées, quand, Hitler parti se coucher,
Gœbbels se retira dans sa petite chambre du bunker pour écrire son propre
testament. Il l’intitula : « Appendice au Testament politique du Führer. »
    Le Führer m’avait ordonné de quitter Berlin… et de
participer en tant que membre dirigeant au gouvernement désigné par

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