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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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ans
auparavant. C’était alors un général français qui signait la capitulation sans
conditions de la France à Compiègne ; lui aussi avait exprimé le même espoir…
mais en vain.
    Les canons se turent et les bombardements cessèrent, en Europe, à
minuit le 8-9 mai 1945. Un étrange silence – mais quel soulagement !
– s’établit, pour la première fois depuis le 1er septembre 1939. Durant
ces cinq ans, huit mois et sept jours, des millions d’hommes et de femmes
avaient été massacrés sur des centaines de champs de bataille et dans des
milliers de villes bombardées.
    Des millions d’êtres avaient péri dans les chambres à gaz nazies,
ou dans les fosses des Einsatzgruppen S. S., en Russie et en Pologne, tous
victimes de la soif de conquêtes d’Hitler pour « son » Allemagne. Une
grande partie des villes les plus anciennes d’Europe était en ruine ; des
amoncellements de décombres s’élevait, sous la chaleur croissante, l’odeur nauséabonde
des innombrables morts restés sans sépulture.
    Les rues de l’Allemagne ne résonneraient plus du pas de l’oie, martelé
par des milliers de bottes, ni des chants martiaux scandés par les masses
vêtues de chemises brunes, ni des aboiements du Führer amplifiés par les
haut-parleurs.
    Après douze ans, quatre mois et huit jours – époque de ténèbres
pour tout autre pays que l’Allemagne – le Reich « invincible » s’écroulait
par une sombre nuit. Il s’était élevé, comme nous l’avons vu, ce grand peuple
plein de ressources mais si facile à égarer, jusqu’au faîte d’une puissance
conquérante inégalée au cours de son existence. Mais il connut un effondrement
soudain, si complet qu’il y en avait peu de semblables dans l’Histoire.
    En 1918, après la défaite, le Kaiser s’était enfui, provoquant
la chute de la monarchie, mais les autres institutions traditionnelles formant
la structure de l’État avaient subsisté, et le peuple s’était donné un
gouvernement pour continuer à vivre. Un noyau d’armée allemande et d’état-major
avait même réussi à survivre. Mais, au printemps de 1945, le Troisième Reich
cessa purement et simplement d’exister.
    Il n’y avait plus d’autorité civile ni militaire. Les millions
de soldats, aviateurs et marins étaient devenus des prisonniers de guerre dans
leur propre pays. Les millions de civils, jusque dans les moindres villages, étaient
gouvernés par les troupes d’occupation, dont ils dépendaient non seulement sur
le plan de l’organisation quotidienne, mais encore – au long de cet été et du
terrible hiver de 1945 – pour la nourriture et les combustibles qui devaient
leur permettre de subsister. Ils étaient victimes non seulement des folies d’Adolf
Hitler, mais de leur propre aveuglement, qui les avait poussés à le suivre dans
l’enthousiasme.
    Pourtant, lorsque je revins en Allemagne, à l’automne 1945, j’y
trouvai peu de rancœur à l’égard du Führer. Les êtres
continuaient à vivre, encore hébétés, saignants et affamés – et, quand l’hiver
vint, frissonnant dans leurs haillons, au fond des tanières que les bombes leur
avaient laissées – dans un pays réduit à l’état de chantier de démolitions. Le
peuple allemand n’avait finalement pas été détruit, comme l’aurait souhaité
Hitler, qui avait anéanti tant d’autres peuples.
    Mais le Troisième Reich passait dans l’Histoire.

BREF ÉPILOGUE
    Je suis retourné, cet automne-là, dans ce qui fut le fier pays
où j’avais passé presque toutes les années de la brève existence du Troisième Reich. J’eus du mal à le reconnaître. J’ai décrit, ailleurs, ce
retour (29). il ne me reste ici qu’à indiquer ce que sont devenus les
principaux personnages cités au cours de cet ouvrage.
    L’embryon de gouvernement de Dœnitz, constitué à Flensburg à la frontière danoise, fut dissous par les Alliés, le 23 mai 1945,
et tous ses membres arrêtés. Heinrich Himmler avait été
exclu du gouvernement, le 6 mai, à la veille de la capitulation de Reims, par
l’amiral, qui espérait s’attirer, par ce geste, la faveur des Alliés. L’ancien
chef S. S., qui avait détenu si longtemps le droit de vie et de mort sur des millions
d’êtres en Europe – droit qu’il ne s’était pas privé d’exercer – erra dans les
environs de Flensburg jusqu’au 21 mai.
    Puis il tenta, en compagnie de onze officiers S. S., de
traverser les lignes anglo-américaines

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