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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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une particulière dureté.
    L’endroit devait bientôt devenir plus sinistre encore. Entre-temps,
les directeurs de la I. G. Farben, le grand trust chimique allemand, avaient
découvert qu’Auschwitz serait un coin « convenable » pour une
nouvelle usine de pétrole synthétique et de caoutchouc. Ainsi non seulement la
construction de nouveaux bâtiments mais l’activité de la nouvelle usine
auraient le bénéfice d’une main-d’œuvre d’esclaves à bon marché.
    Pour surveiller le nouveau camp et l’approvisionnement en
travailleurs pour la I. G. Farben, arriva à Auschwitz, au printemps de 1940, une
bande de gredins S. S. triés sur le volet ; parmi eux Josef Kramer, qui
devait plus tard être connu du public anglais sous le nom de la « Bête de
Belsen », et Rudolf Franz Höss, un forçat assassin qui avait servi cinq
ans en prison – il avait passé la plus grande partie de sa vie d’adulte au
bagne d’abord et en prison ensuite – et qui en 1946, à quarante-six ans, se
vantera à Nuremberg d’avoir supervisé à Auschwitz l’extermination de 2 500 000
personnes, sans compter l’autre demi-million « autorisé à mourir de faim ».
    Car Auschwitz fut bientôt destiné à devenir le plus célèbre des
camps d’extermination – Vernichtungslager – qu’il faut distinguer
des camps de concentration , auxquels quelques-uns survécurent. Et ceci n’est
pas sans valeur pour comprendre les Allemands sous Hitler, même les plus
respectables : qu’une firme aussi distinguée que la I. G. Farben, internationalement
connue, dont les directeurs étaient honorés parce qu’ils faisaient partie des
grands hommes d’affaires de l’Allemagne, tous des hommes craignant Dieu, ait pu
délibérément choisir ce camp de la mort comme un endroit propice à des
opérations fructueuses.

FRICTIONS ENTRE LES TOTALITAIRES
    Ce premier automne de guerre, l’Axe Rome-Berlin commençait à
grincer.
    D’aigres échanges à divers échelons eurent lieu à propos de
plusieurs différends : fiasco des Allemands à réaliser l’évacuation des Volksdeutsche du Tyrol méridional italien, qui avait été décidée au mois de juin précédent ;
fiasco des Allemands à fournir à l’Italie un million de tonnes de charbon par
mois ; fiasco des Italiens contre le blocus anglais pour apporter à l’Allemagne
des matières premières ; commerce prospère de l’Italie avec l’Angleterre
et la France, comprenant la vente à ces nations de matériel de guerre ; sentiments
de Ciano de plus en plus anti-allemands.
    Mussolini, comme toujours, était irrésolu, et Ciano rapportait ses hésitations dans son journal. Le 9 novembre, le Duce
était embarrassé par la rédaction d’un télégramme à Hitler pour le féliciter d’avoir
échappé à l’assassinat.
    Il voulait qu’il fût chaleureux mais pas trop parce que, à son
avis, aucun Italien ne pouvait ressentir une grande joie du fait qu’Hitler
avait échappé à la mort – et le Duce moins que tout autre.
    20 novembre … Pour Mussolini, l’idée qu’Hitler
fasse la guerre, et pis encore, qu’il la gagne, est tout à fait intolérable.
    Le lendemain de Noël, le Duce exprimait le « vœu d’une
défaite allemande » et chargeait Ciano d’informer
secrètement la Belgique et la Hollande qu’elles allaient être attaquées [32] .
Mais, la veille du Nouvel An, il parlait à nouveau de se jeter dans la guerre
aux côtés d’Hitler.
    La principale cause de friction entre les deux puissances de l’Axe
était la politique pro-soviétique de l’Allemagne. Le 30 novembre 1939 l’Armée
Rouge avait attaqué la Finlande, mettant Hitler dans une posture des plus
humiliantes. Chassé de la Baltique en paiement de son pacte avec Staline, contraint
d’évacuer en toute hâte les familles allemandes qui avaient vécu là pendant des
siècles, il devait maintenant pardonner officiellement l’attaque gratuite de la
Russie contre un petit pays qui avait des liens étroits avec l’Allemagne et
dont la complète indépendance en tant que nation non communiste avait été
gagnée sur l’Union Soviétique en grande partie grâce à l’intervention des
troupes régulières allemandes en 1918 [33] .
C’était une pilule amère à avaler, mais il l’avala. De
strictes instructions furent données aux missions diplomatiques allemandes à l’étranger,
à la presse et à la radio allemandes de soutenir l’agression de la Russie et d’éviter
toute

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