Le Troisième Reich, T2
craindre, serait une dangereuse entreprise.
L’état-major de la marine, en conséquence, conclut « que la
solution la plus favorable est en définitive le maintien du statu quo »,
qui permettrait de continuer à transporter le minerai par les eaux
territoriales norvégiennes « en parfaite sécurité ».
Hitler était mécontent des hésitations de la marine autant que
des résultats de Étude Nord que l’O. K. W. lui présenta à la mi-janvier. Le 27 janvier,
il fit rédiger par Keitel une directive ultrasecrète déclarant que dorénavant
le travail sur « Nord » serait poursuivi sous le contrôle personnel
et immédiat du Führer, Keitel étant chargé de tous
les préparatifs. Un petit état-major opérationnel composé d’un représentant de
chacune des trois armes devait être installé à l’O. K. W. et désormais l’opération
aurait le nom-code de Weserübung (13).
Ce pas semble avoir marqué la fin des hésitations du Führer au
sujet de l’occupation de la Norvège, mais si quelques doutes subsistaient dans
son esprit, ils furent dissipés par un incident qui survint dans les eaux
norvégiennes le 17 février.
Un ravitailleur auxiliaire du Graf Spee , l’Altmark ,
avait pu se faufiler à travers le blocus anglais ; le 14 février, il
fut découvert par un avion de reconnaissance anglais alors qu’il faisait route
vers le sud, dans les eaux territoriales norvégiennes, en direction de l’Allemagne.
Le gouvernement britannique savait qu’à bord se trouvaient 300 marins anglais
appartenant aux bateaux coulés par le Graf Spee .
Ils étaient emmenés en Allemagne comme prisonniers de guerre. Les
officiers de la marine norvégienne avaient procédé à une inspection
superficielle de l’Altmark , n’avaient trouvé ni prisonniers ni armes à
bord, et lui avaient donné l’autorisation de poursuivre sa route vers l’Allemagne.
Mais Churchill, prévenu, avait personnellement ordonné à une flottille de
destroyers britanniques de pénétrer dans les eaux territoriales norvégiennes, de
monter à l’abordage du navire allemand et de libérer les prisonniers.
Le destroyer britannique Cossack , commandé par le
capitaine Philip Vian, accomplit la mission dans la nuit du 16 au 17 février
dans le Jössing fjord, où l’Altmark avait cherché refuge. Après un corps
à corps au cours duquel 4 Allemands furent tués et 5 blessés, le commando d’arraisonnement
libéra 299 marins qui avaient été enfermés dans les soutes et dans un réservoir
à pétrole vide pour éviter que les Norvégiens ne les découvrent.
Le gouvernement norvégien protesta énergiquement auprès de la
Grande-Bretagne contre la violation de ses eaux territoriales, mais Chamberlain
répondit aux Communes que la Norvège elle-même avait violé les lois
internationales en permettant aux Allemands d’utiliser ses eaux territoriales
pour transporter des prisonniers britanniques dans une prison allemande.
Pour Hitler, ce fut la dernière goutte, et il fut convaincu que
les Norvégiens ne s’opposeraient pas sérieusement à un déploiement de forces
britanniques dans leurs eaux territoriales. Il était également furieux, comme
le nota Jodl dans son journal, que les membres de l’équipage du Graf Spee ,
à bord de l’Altmark , n’eussent pas livré un combat plus rude – « aucune
résistance, aucune perte britannique ». Le 19 février, révèle le
journal de Jodl, Hitler « poussa énergiquement » à l’achèvement des
plans de Weserübung . « Équipez des navires, tenez des unités prêtes »,
dit-il à Jodl. Il manquait toujours un officier pour diriger l’entreprise. Jodl
rappela à Hitler qu’il était temps de nommer un commandant en chef et son
état-major.
Keitel proposa un officier qui avait combattu dans la division
du général von der Goltz en Finlande à la fin de la première guerre mondiale, le
général Nikolaus von Falkenhorst, actuellement à la tête d’un corps d’armée à l’Ouest ;
Hitler, qui avait négligé jusqu’alors ce détail d’un commandant pour l’aventure
nordique, le rappela immédiatement. Bien que ce général fût issu d’une vieille
famille militaire du nom bien polonais de Jastrzembski, qu’il avait changé en
Falkenhorst (en allemand : « aire de faucon »), il était
personnellement inconnu du Führer.
Plus tard, lors d’un interrogatoire à Nuremberg, Falkenhorst
décrivit leur première rencontre à la Chancellerie le 21 février
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