Le Troisième Reich, T2
au matin.
L’entretien ne manquait pas d’aspects amusants. Falkenhorst n’avait jamais
entendu parler de l’opération Weserübung et voyait pour la première fois
le Seigneur de la Guerre qui, apparemment, ne lui imposa pas, à l’encontre de
tous les autres généraux.
Je dus m’asseoir (raconta-t-il à Nuremberg). Puis je dus
parler au Führer des opérations en Finlande de 1918… Il m’avait dit :
« Asseyez-vous et racontez-moi ce que vous avez fait », et je le fis.
Puis nous nous levâmes et il me conduisit à une table
couverte de cartes. Il me dit : « … Le gouvernement du Reich a appris
que les Britanniques avaient l’intention de débarquer en Norvège… »
Falkenhorst dit qu’Hitler lui donna l’impression d’avoir été
poussé surtout par l’incident de l’Altmark à « mettre le plan à
exécution dès à présent ». Et le général, à sa grande surprise, se trouva
chargé, séance tenante, de l’exécuter en qualité de commandant en chef. L’armée,
avait ajouté Hitler, mettrait 5 divisions à sa disposition. L’idée était de s’emparer
des principaux ports norvégiens.
A midi, le Seigneur de la Guerre congédia Falkenhorst et lui dit
de revenir à dix-sept heures avec ses plans pour l’occupation de la Norvège.
Je suis sorti et j’ai acheté un Baedeker, un guide de
voyage (expliqua Falkenhorst à Nuremberg), pour savoir à quoi ressemblait la
Norvège. Je n’en avais aucune idée… Puis je suis allé dans ma chambre d’hôtel
et j’ai travaillé sur ce Baedeker… A dix-sept heures je suis retourné auprès du
Führer (14).
Les plans du général, issus d’un vieux Baedeker – on ne lui
communiqua jamais les plans élaborés par l’O. K. W. – étaient, on s’en doute, quelque
peu rudimentaires, mais Hitler en parut satisfait. Une division devait être
affectée à l’occupation de chacun des cinq principaux ports norvégiens : Oslo,
Stavanger, Bergen, Trondhjem et Narvik. « On ne pouvait guère faire plus, dit
plus tard Falkenhorst, parce que c’étaient les grands ports. » Après avoir
dû jurer le secret et avoir été engagé à « faire vite », le général
fut à nouveau congédié et se mit tout de suite au travail.
De tous ces événements, Brauchitsch et Halder, occupés à
préparer l’offensive sur le front occidental, ne furent guère informés jusqu’à
ce que Falkenhorst se rendît auprès du chef du grand état-major, le 26 février,
et lui demandât des troupes, spécialement des unités de montagne, pour exécuter
son opération. Halder n’était pas très enclin à coopérer : en fait, il
était indigné et exigeait d’être plus largement renseigné sur les préparatifs
en cours et les besoins logistiques. « Pas un seul mot à ce sujet n’a été
échangé entre le Führer et Brauchitsch, s’exclamait Halder dans son journal. Cette
omission doit être consignée pour l’histoire de la guerre ! »
Pourtant Hitler, si plein de mépris qu’il fût pour ses généraux
vieux jeux et en particulier pour son chef d’état-major général, n’allait pas
renoncer à son idée. Le 29 mars, il approuva avec enthousiasme les plans
de Falkenhorst, y compris l’affectation au corps expéditionnaire de 2 divisions
montagnardes, et, de plus, déclara qu’un plus grand nombre de troupes seraient
nécessaires parce qu’il voulait « une force solide à Copenhague ». Le
Danemark avait été expressément ajouté à la liste des victimes d’Hitler ; l’Aviation
devait s’assurer des bases qui pourraient être utilisées contre la
Grande-Bretagne.
Le lendemain, 1er mars, Hitler donna la directive formelle
pour l’opération Weserübung .
Ultra-secret.
Le développement de la situation en Scandinavie exige d’effectuer
tous les préparatifs en vue de l’occupation du Danemark et de la Norvège. Cette
opération devrait empêcher la mainmise des Britanniques sur la Scandinavie et
la Baltique. Bien plus, elle devrait garantir nos sources de minerai en Suède
et donner à notre marine et à notre aviation une ligne de départ plus étendue
contre la Grande-Bretagne…
Étant donné notre puissance militaire et politique comparée
à celle des États Scandinaves, la force à employer pour l’« Opération Weser »
sera maintenue aussi réduite que possible. La faiblesse numérique sera
compensée par des opérations hardies et une exécution par surprise.
En principe, nous ferons tout notre possible
Weitere Kostenlose Bücher