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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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docteur
Schmidt révèlent que Ribbentrop se montra sous son jour le plus vain (25). Bien
qu’il y eût des choses plus importantes à discuter, il produisit des dépêches
diplomatiques polonaises émanant des capitales occidentales pour montrer « la
monstrueuse culpabilité de guerre des États-Unis ».
    Le ministre des Affaires étrangères expliqua que ces documents
mettaient en évidence le sinistre rôle des ambassadeurs américains Bullitt (Paris),
Kennedy (Londres) et Drexel Biddle (Varsovie)… Ils donnaient une idée des
machinations de cette clique juive ploutocratique, dont l’influence, par l’intermédiaire
de Morgan et Rockefeller, parvenait jusqu’à Roosevelt.
    Pendant plusieurs heures, l’arrogant ministre nazi divagua, étalant
son ignorance coutumière des affaires mondiales, exaltant la destinée commune
des deux nations fascistes et insistant sur le fait qu’Hitler attaquerait
bientôt à l’Ouest, « battrait l’armée française au cours de l’été »
et chasserait les Britanniques du continent « avant l’automne ». Mussolini
écoutait surtout, lançant seulement de temps à autre une remarque dont le
sarcasme échappait apparemment au ministre nazi.
    Quand, par exemple, Ribbentrop déclara pompeusement que « Staline
avait renoncé à l’idée d’une révolution mondiale », le Duce riposta, selon
les notes de Schmidt : « Le croyez-vous vraiment ? » Quand
Ribbentrop expliqua « qu’il n’y avait pas un seul soldat allemand qui ne
fût persuadé que la guerre serait gagnée cette année », Mussolini jeta :
« C’est une remarque extrêmement intéressante. » Ce soir-là Ciano
nota dans son journal :
    Après l’entrevue, quand nous fûmes seuls, Mussolini a dit
qu’il ne croyait ni à l’offensive allemande ni à un succès complet des
Allemands.
    Le dictateur italien avait promis de faire connaître ses vues
personnelles au cours de la réunion du lendemain, et Ribbentrop, peu rassuré
sur ce qu’elles pouvaient être, télégraphia à Hitler qu’il avait été incapable
d’obtenir « un indice des pensées du Duce ».
    Il n’avait pas besoin de se tracasser. Le lendemain, Mussolini
était un homme tout différent. Il avait soudain, comme le nota Schmidt, « pris
résolument position pour la guerre ». L’entrée en guerre de l’Italie aux
côtés de l’Allemagne, dit-il à son visiteur, ne faisait pas question ; il
ne restait qu’à fixer la date. Or, cette question était « extrêmement
délicate, parce qu’il n’avait pas le droit d’intervenir avant l’achèvement de
ses préparatifs, de façon à ne pas être une charge pour son partenaire ».
    De toute manière, il avait dû déclarer à ce moment avec netteté
que la situation financière de l’Italie ne lui permettait pas de soutenir une
longue guerre. Il n’avait pas les moyens de dépenser un milliard de lires par
jour, comme le faisaient la France et l’Angleterre.
    Cette remarque semble avoir démonté Ribbentrop pendant un moment.
Il essaya d’obtenir l’indication formelle d’une date d’entrée en guerre de l’Italie,
mais le Duce eut garde de s’engager.
    « Le moment sera venu, dit-il, quand les relations de l’Italie
avec la France et l’Angleterre seront bien définies, c’est-à-dire quand la
rupture avec ces pays se produira. » Il serait facile, ajouta-t-il, de « provoquer »
cette rupture. Malgré son insistance, Ribbentrop ne put obtenir une date
précise. De toute évidence, il fallait l’intervention personnelle d’Hitler. Le
ministre des Affaires étrangères nazi proposa alors une rencontre entre les
deux hommes, sur le Brenner, à la fin de mars ; après
le 19 ; Mussolini accepta sans hésiter. Ribbentrop en l’occurrence n’avait
pas soufflé mot des plans d’Hitler contre le Danemark et la Norvège. Il y a des
secrets qu’on ne raconte pas à un allié, même quand on le presse de se joindre
à soi.
    S’il n’avait pas réussi à obtenir de Mussolini la fixation d’une
date précise, Ribbentrop lui avait néanmoins arraché l’engagement d’entrer en
guerre. « S’il voulait renforcer l’Axe, déplorait Ciano dans
son journal, il a réussi. » Quand Sumner Welles, après s’être rendu à
Berlin, Paris et Londres, revint à Rome et vit Mussolini le 16 mars, il
trouva un tout autre homme.
    Il paraissait s’être déchargé d’un poids énorme (écrivit
plus tard Welles)… Je me suis souvent demandé si, pendant

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