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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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que « l’obstacle de principe à un changement de
régime est l’affaire de 1918, c’est-à-dire la crainte des Allemands de voir les
choses se développer comme à cette époque, après que le Kaiser eut été sacrifié ».
Hassell et ses amis voulaient être assurés que, s’ils se débarrassaient d’Hitler,
l’Allemagne serait traitée plus généreusement qu’elle ne le fut après que les
Allemands eurent détrôné Guillaume II.
    Là-dessus, il tendit à Bryans un mémorandum qu’il avait rédigé
lui-même en anglais. C’est un document confus, bien qu’empli de nobles
sentiments sur un monde futur basé « sur les principes de l’éthique
chrétienne, justice et lois, bien-être social et liberté de pensée et de
conscience ». Le plus grand danger si l’on continue « cette guerre
folle », écrivait Hassell, était « une bolchevisation de l’Europe »,
et il considérait cela pire que la persistance du nazisme.
    Et sa condition majeure pour la paix était le droit pour la
nouvelle Allemagne de garder presque toutes les conquêtes d’Hitler, qu’il
énumérait. L’annexion de l’Autriche et des territoires des Sudètes ne pouvait
même pas être discutée dans les propositions de paix ; de plus, l’Allemagne
devrait retrouver, vis-à-vis de la Pologne, la frontière de 1914 qui, en fait, mais
il ne le disait pas, était la frontière de 1914 avec la Russie, puisqu’en 1914
la Pologne n’avait pas encore eu le droit d’exister.
    Bryans admit qu’une action rapide était nécessaire, étant donné
l’imminence de l’offensive allemande à l’Ouest, et il promit de remettre le
mémorandum de Hassell à Lord Halifax. Hassel retourna à
Berlin pour rendre compte à ses camarades de complot. Bien que fondant de
grands espoirs sur le « Mr. X » de Hassell, ils étaient plus
intéressés à ce moment par le dénommé « Rapport X » que Hans von Dohnanyi, l’un des membres du groupe dans l’ Abwehr , avait établi sur les bases du
contact du docteur Müller avec les Britanniques au Vatican.
    D’après ce document, le pape était prêt à intervenir auprès des
Britanniques pour obtenir des conditions de paix raisonnables avec un nouveau
gouvernement allemand anti-nazi. Or – et ceci donne la mesure de ces
adversaires d’Hitler, – l’une de leurs conditions, et ils espéraient que le
Saint-Père l’appuierait, était « le règlement de la question de l’Est en
faveur de l’Allemagne ». Le démoniaque dictateur nazi avait obtenu un
règlement à l’Est « en faveur de l’Allemagne » par une agression
armée ; les bons conspirateurs allemands voulaient la même, chose, offerte
à eux par les Britanniques avec la bénédiction du pape.
    Le mirage du Rapport X occupa beaucoup l’esprit des
conjurés, en cet hiver 1939-1940. A la fin d’octobre, le général Thomas l’avait
montré à Brauchitsch dans l’intention d’inciter le commandant en chef de l’armée
à multiplier ses efforts pour dissuader Hitler de lancer son offensive à l’Ouest
à la fin du mois. Mais Brauchitsch n’apprécia pas cet encouragement. En fait, il
menaça le général Thomas de le faire arrêter s’il revenait là-dessus. C’était « pure
trahison », aboya-t-il.
    Alors, avec une nouvelle agression nazie en perspective, Thomas
porta le Rapport X au général Halder, dans l’espoir que lui pourrait agir
d’après ce document. Vain espoir. Le chef du grand état-major dit à Gœrdeler, un
des conspirateurs les plus actifs – qui lui avait également demandé de
prendre la direction du complot puisque le faible Brauchitsch n’en voulait pas
– qu’il ne pouvait en ce moment justifier de rompre son serment de soldat
vis-à-vis du Führer. De plus :
    L’Angleterre et la France nous ont déclaré la guerre :
il fallait donc tenir. Une paix de compromis était insensée. C’est seulement
dans une circonstance des plus critiques que l’on pourrait mener l’action
désirée par Gœrdeler.
    «  Also, doch  ! » écrivit Hassell dans son
journal le 6 avril 1940, en rapportant l’état d’esprit d’Halder que lui
avait dépeint Gœrdeler. « Halder, ajoutait-il, qui s’était mis à pleurer
quand on discutait de sa responsabilité, donnait l’impression d’un homme faible,
aux nerfs brisés. »
    L’exactitude d’une telle impression est douteuse. Quand on
parcourt le journal d’Halder pour la première semaine d’avril, bourré de
centaines de notes

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