Le Troisième Reich, T2
norvégienne, la marine britannique débarqua en hâte ses troupes, qui étaient déjà à bord pour l’occupation éventuelle de
Stavanger, Bergen, Trondhjem et Narvik, sous prétexte que chaque bateau
pourrait être utile dans une action navale. Le temps que les troupes anglaises
soient réembarquées, tous ces ports étaient aux mains des Allemands. Et le
temps qu’elles atteignent le centre de la Norvège, elles étaient condamnées, comme
l’étaient les navires de guerre anglais qui devaient les couvrir, car la
Luftwaffe s’était assuré la maîtrise des airs.
Le 20 avril, une brigade anglaise, renforcée par trois
bataillons de chasseurs alpins français, avait été débarquée à Namsos, petit
port à 130 kilomètres au nord-est de Trondhjem, et une seconde brigade
britannique à Andalsnes, à 150 kilomètres environ au sud-ouest de Trondhjem, qui
devait ainsi être attaqué au nord et au sud. Mais, manquant d’artillerie de
campagne, de canons anti-aériens et d’appui aérien, leurs bases étant pilonnées
jour et nuit par les bombardiers allemands qui rendirent impossibles d’autres
atterrissages de ravitaillement et de renforts, aucune de ces forces ne menaça
sérieusement Trondhjem.
La brigade d’Andalsnes, après s’être jointe à une unité
norvégienne à Dombas, embranchement ferroviaire à 95 kilomètres à l’est, abandonna
l’attaque projetée au nord vers Trondhjem et poussa sud-est vers le
Gudbrandsdal pour aider les troupes norvégiennes qui, sous le commandement
énergique du colonel Ruge, avaient ralenti le principal effort des Allemands
remontant la vallée depuis Oslo.
A Lillehammer, au nord d’Hamar, le premier engagement de la
guerre entre les troupes anglaises et allemandes eut lieu le 21 avril, mais
la lutte n’était pas égale. Le bateau anglais chargé de l’artillerie de la
brigade avait été coulé et elle n’avait que des fusils et des mitrailleuses à
opposer à une troupe allemande pourvue d’artillerie et de chars légers. Bien
pis, l’infanterie britannique, manquant de soutien aérien, était incessamment
bombardée par les avions de la Luftwaffe qui opéraient à partir des terrains
norvégiens peu éloignés. Lillehammer tomba après une lutte de vingt-quatre
heures, et Britanniques et Norvégiens commencèrent une retraite de 225
kilomètres, remontant la voie ferrée vers Andalsnes, s’arrêtant ici et là pour
livrer un combat d’arrière-garde qui ralentissait les Allemands, mais ne les
arrêta jamais.
Dans les nuits du 30 avril et du 1er mai, les forces
britanniques furent évacuées d’Andalsnes et le 2 mai le contingent
anglo-français de Namsos, considérable fait d’armes de leur part, car les deux
ports étaient transformés en brasiers par les incessants bombardements
allemands. Dans la nuit du 29 avril, le roi de Norvège et les membres de
son gouvernement montèrent à bord du croiseur anglais Glasgow à Molde, traversèrent
le fjord Romsdal à Andalsnes, saccagée aussi par les bombardements de la
Luftwaffe, et furent conduits à Tromsö, bien au-delà du cercle arctique et au
nord de Narvik, qui, le 1er mai, devint la capitale provisoire.
Entre-temps, la moitié sud de la Norvège, comprenant toutes les
grandes villes, avait été irrémédiablement perdue. Mais la Norvège
septentrionale paraissait être en sécurité. Le 28 mai une force alliée de
25 000 hommes, dont 2 brigades de Norvégiens, une brigade de Polonais et
deux bataillons de la Légion étrangère, avait chassé de Narvik les Allemands, bien
plus nombreux. Il ne semblait y avoir aucune raison de douter qu’Hitler serait
privé et de son minerai de fer et de son objectif d’occuper toute la Norvège
afin d’obliger le gouvernement norvégien à capituler. Mais entre-temps la
Wehrmacht avait frappé un rude coup sur le front de l’Ouest et chaque soldat
allié était nécessaire pour colmater la brèche.
Narvik fut abandonné, les troupes alliées réembarquées en hâte, et
le général Dietl, qui avait tenu dans une région sauvage et montagneuse près de
la frontière suédoise, réoccupa le port le 8 juin ; quatre jours plus
tard, il accepta la reddition du persévérant et courageux colonel Ruge et de ses troupes déconcertées et indignées, qui
avaient l’impression d’avoir été abandonnées par les Britanniques. Le 7 juin,
le roi Haakon et son gouvernement montèrent à bord du croiseur Devonshire à Tromsö et partirent pour Londres
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