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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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de la forêt comme un homme-enfant naÔf, innocent et vulnérable. H aurait besoin de sa protection.
    - Tout est réglé, fit le professeur Ingles. Ben, vous pouvez aller vous installer, si ce n'est déjà fait, et nous rejoindre autour des tables à
    tréteaux pour le dîner.
    L'éclaireur trouva la nourriture à la fois bonne et copieuse. ¿ table, il se servit de son couteau de chasse, d'une cuillère et d'un morceau de pain.
    Plusieurs convives riaient sous cape, mais il n'y prêta pas attention.
    Les garçons avec qui il partageait le dortoir se montrèrent amicaux envers lui. Manifestement, ils venaient tous de villes et de bourgades dont il ignorait jusqu'au nom. H pensa qu'elles se trouvaient dans l'Est. Comme la journée avait été épuisante et
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    qu'on ne pouvait lire qu'à la chandelle, les jeunes gens ne tardèrent pas à
    souffler les bougies et à s'endormir.
    Même si Ben Craig n'avait jamais appris à s'interroger sur ses semblables, il remarqua de nombreuses bizarreries chez les jeunes gens qui l'entouraient. Ainsi, ils avaient beau se déclarer éclaireurs, dresseurs de chevaux ou trappeurs, ils n'avaient pas l'air très renseignés sur leur métier. Mais en même temps, il se rappelait les nouvelles recrues de Custer, et leur connaissance limitée des chevaux, des armes à feu et des Indiens des Plaines. H supposait que rien n'avait vraiment changé pendant la période qu'il avait passée tout seul ou avec les Cheyennes.
    L'installation et les répétitions avant l'arrivée des visiteurs occupèrent les deux semaines suivantes. Au programme : les dernières mises au point, l'entraînement aux activités journalières et les conférences du professeur Ingles, qui se tenaient généralement en plein air.
    Craig, qui n'était au courant de rien, se préparait à repartir chasser. Il traversait le terrain de manouvre en direction du grand portail qu'on ouvrait chaque jour, lorsqu'il fut hélé par un jeune cow-boy prénommé Brad.
    - Hé, Ben ! qu'est-ce que tu as là ? demanda-t-il en désignant l'étui en peau de mouton qui pendait à la selle devant le genou droit de l'éclaireur.
    - Mon fusil.
    - Tu me montres ? Je suis branché armes à feu. Dégainant son Sharps, Ben le tendit au jeune homme. Brad le contempla d'un air extasié.
    - Ouah ! H est superbe ! Une vraie pièce de collection. C'est un quoi ?
    - Un Sharps 52.
    - Incroyable ! Je ne savais pas qu'il existait des copies.
    Brad braqua le fusil vers la cloche qui surmontait le portail. Si on repérait des ennemis ou si leur présence était signalée dans les parages, on la ferait sonner à toute volée afin de rappeler au plus vite les gens qui travaillaient dehors. Brad appuya sur la détente. Il était sur le point de crier ´ Bang ! ª, mais le Sharps s'en chargea à sa place et le recul de l'arme le projeta en arrière. Si la lourde balle avait frappé la cloche de plein fouet, elle l'aurait fait voler en éclats. Mais elle la toucha seulement de biais et
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    ricocha à grand bruit. Le choc produisit malgré tout un tel fracas que toute activité s'interrompit sur-le-champ. Le professeur se rua hors de son bureau :
    - Bon sang, mais qu'est-ce qui se passe ? Et, voyant Brad assis par terre avec le lourd fusil entre ses mains :
    - Mais enfin, Brad, qu'est-ce qui vous prend ? Le jeune homme se remit péniblement debout et expliqua ce qui était arrivé. Ingles regarda Craig d'un air contrarié.
    - Ben, j'ai peut-être oublié de vous prévenir, mais les armes à feu sont formellement interdites dans le fort. Je vais être obligé d'enfermer celle-ci dans l'arsenal.
    - Pas d'armes à feu, major ?
    - Non, du moins pas des vraies.
    - Et les Sioux, alors ?
    - Les Sioux ? Pour autant que je sache, ils sont dans les réserves du Dakota.
    - Mais ils risquent de revenir, major. Croyant voir là une plaisanterie, le major sourit avec indulgence.
    - Bien s˚r, ils risquent de revenir. Mais à mon avis, ce ne sera pas pour cet été. Et dans l'intervalle, je vais accrocher ceci dans l'arsenal.
    Le quatrième jour étant un dimanche, tout le personnel assista au service religieux du matin, dans la chapelle du fort. En l'absence d'un aumônier, ce fut le major Ingles qui officia. Au milieu du service, il alla se placer devant le lutrin pour lire le sermon du jour. Dans l'épaisse bible, un signet marquait la page choisie.
    - Le sermon d'aujourd'hui se trouve dans le livre d'IsaÔe, chapitre 11, versets 6 et suivants. Le prophète y évoque le

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