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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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    - Prendre un bain, m'dame Charlie. Comme vous m'avez dit.
    - Mais à quel endroit ?
    - Au ruisseau. O˘ vous voulez que j'aille ?
    Depuis le début, il faisait ses besoins naturels parmi les hautes herbes de la prairie, et il se lavait le visage, les bras et les mains dans l'abreuvoir des chevaux. Pour garder des dents propres, il passait une heure à les curer avec une brindille de saule fourchue, mais ça, il pouvait le faire à cheval.
    - Attachez la jument et venez avec moi.
    Elle l'entraîna vers l'arsenal, ouvrit la porte avec une clé qu'elle portait à la ceinture et le fit entrer. Dans le mur du fond, derrière les r
    ‚teliers o˘ les Springfield étaient attachés par des chaînes, elle appuya sur un bouton caché dans un noud du bois et ouvrit une porte dérobée. Elle donnait accès à une pièce équipée de lavabos et de baignoires.
    Craig avait déjà vu des baignoires d'eau chaude au cours des deux ans passés à Fort Ellis, mais elles étaient fabriquées avec des douves. Celles-ci étaient en fer émaillé. D'après ce qu'il savait, on remplissait une baignoire en faisant la chaîne avec des seaux d'eau qu'on avait fait chauffer sur la cuisinière. Pourtant, Charlie tourna un drôle de bouton, et une eau br˚lante commença à jaillir.
    - Ben, je repasse dans deux minutes, et je veux trouver tous vos habits devant la porte, sauf les vêtements en daim qui ont besoin d'un nettoyage à
    sec. Ensuite, vous vous mettrez dans la baignoire avec une brosse et un savon, et vous vous frotterez partout. Prenez aussi ça pour vous laver les cheveux.
    Elle lui tendit un flacon rempli d'un liquide vert qui sentait les bourgeons de pin.
    - Et pour finir, je veux que vous preniez des sous-vêtements et une chemise parmi ceux qui sont rangés sur cette étagère. quand vous aurez terminé, vous pourrez ressortir. C'est bien compris ?
    H fit ce qu'elle lui avait demandé. C'était la première fois qu'il prenait un bain chaud. H y prit plaisir, même s'il eut quelque difficulté à faire fonctionner les robinets et manqua inonder le sol. Lorsqu'il fut lavé et shampouiné, l'eau avait viré au gris sale. H trouva la bonde au fond de la baignoire et regarda l'eau s'évacuer.
    Sur l'étagère placée dans l'angle de la pièce, il se choisit un caleçon en coton, un maillot de corps blanc et une épaisse chemise à carreaux. D
    s'habilla, tressa la plume d'aigle dans ses cheveux et sortit. Elle l'attendait dehors. Une chaise était installée au soleil, et elle tenait un peigne et une paire de ciseaux.
    - Je ne suis pas experte en la matière, mais ce sera toujours mieux que rien, lui dit-elle. Asseyez-vous.
    Elle tailla la chevelure ch‚taine, sans toucher toutefois à la longue mèche qui portait la plume.
    - Voilà qui est mieux, déclara-t-elle quand elle eut fini. En plus vous sentez très bon.
    Elle rapporta le siège dans l'arsenal, dont elle referma la porte à clé.
    Alors qu'elle s'attendait à de chaleureux remerciements, elle retrouva l'éclaireur la mine solennelle, pour ne pas dire malheureuse.
    - M'dame Charlie, vous voulez bien venir faire un tour avec moi?
    - Bien entendu, Ben. quelque chose vous inquiète ?
    Elle se réjouissait secrètement de l'occasion : elle allait comprendre un peu mieux ce produit de la nature aussi surprenant que mystérieux. Us franchirent le portail et elle le suivit vers le ruisseau à travers la prairie. Il ne disait pas un mot, perdu dans ses pensées. Elle dut réprimer son envie de l'interrompre. Le ruisseau était à un mile de distance et ils marchèrent pendant vingt minutes dans la prairie qu'embaumait l'herbe sur pied. ¿ plusieurs reprises le jeune homme leva les yeux vers les Pryor qui se dressaient au sud.
    - C'est agréable d'être dehors à regarder les montagnes, lui dit Charlotte.
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    - C'est chez moi, répondit Ben avant de retomber dans le silence.
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    Dès qu'ils atteignirent le ruisseau, il s'assit au bord de 1 eau.

    Rassemblant les plis de sa grande robe en coton, elle s'installa en face de lui.
    - qu'est-ce qu'il y a, Ben ?
    - Je peux vous poser une question, m'dame ?
    - Charlie. Bien s˚r que vous pouvez.
    - Vous n'iriez pas me raconter des mensonges ?
    - Non, Ben. Seulement la vérité.
    - On est en quelle année ?
    Charlie accusa le choc. Elle avait escompté une révélation sur ses rapports avec le reste du groupe. Plongeant son regard dans ses grands yeux bleus, elle s'interrogea. Elle avait dix ans de plus que lui, et

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