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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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crasseux, et une selle. Il avait même cinq peaux de bêtes roulées derrière sa selle. C'est évident qu'il a fait des efforts.
    - O˘ est-il en ce moment ?
    - H rentre son cheval à l'écurie. Je lui ai demandé de se présenter ici dans un petit moment. J'ai pensé que vous pourriez au moins lui jeter un coup d'ceil.
    - Bon, c'est d'accord.

    N'ayant pas de montre, Craig devait se fier à la position du soleil. Il fut néanmoins d'une parfaite ponctualité. H frappa à la porte et on le pria d'entrer. Sa veste boutonnée jusqu'au col, John Ingles se tenait toujours derrière son bureau, Charlotte Bevin à ses côtés.
    - Vous vouliez me voir, major ?
    Le professeur fut immédiatement frappé par l'authenticité de ce jeune homme, qui serrait entre ses doigts une toque de trappeur. Un visage h‚lé, à l'expression honnête et ouverte, éclairé par des yeux bleus au regard franc, des cheveux ch‚tains qu'il n'avait pas coupés depuis des mois, attachés par une lanière de cuir. Une plume d'aigle pendait sur le côté.
    Son habit en peau était même cousu à points irréguliers, comme les originaux qu'avait pu observer le professeur.
    - Alors comme ça, jeune homme, Charlie me dit que vous aimeriez vous joindre à nous, rester ici ?
    - Oui, major, s˚r que j'aimerais bien.
    Le professeur prit sa décision. H y avait une petite marge dans son budget pour gérer les imprévus, et il classa le jeune dans cette catégorie. H prit un grand formulaire et trempa une plume dans un encrier.
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    - C'est d'accord. Je vais noter quelques petits renseignements. Votre nom ?
    Craig marqua une hésitation. Jusque-là, personne n'avait eu l'air de le reconnaître, mais son nom risquait de réveiller des souvenirs. Cependant, le major avait une silhouette enrobée et un teint p‚le : apparemment, il venait juste d'arriver dans la région de la Frontière. ¿ l'est, les gens n'étaient pas forcément informés des événements de l'été précédent.
    - Craig, major, Ben Craig.
    D attendit quelques instants. Rien ne lui laissa présumer que ce nom éveillait un quelconque écho. La main dodue inscrivit en lettres d'imprimerie : BENJAMIN CRAIG.
    - Votre adresse ?
    - Pardon ?
    - O˘ habitez-vous, mon garçon ?
    - Là-dehors, major.
    - Dehors, il n'y a que la prairie et la nature sauvage.
    - Oui, major. Je suis né et j'ai grandi dans les montagnes.
    - Mon Dieu...
    Le professeur avait entendu parler de familles qui vivaient dans des cabanes en toile goudronnée, perdues en pleine nature. Mais on les trouvait plutôt dans les forêts des Rocheuses, du côté de l'Utah, du Wyoming et de l'Idaho. Il écrivit soigneusement : Śans domicile fixe. ª
    - Le nom de vos parents ?
    - Morts tous les deux, major.
    - Oh, j'en suis vraiment navré.
    - «a fait quinze ans qu'ils ont passé.
    - Alors qui vous a élevé ?
    - Mr Donaldson, major.
    - Ah, et son adresse...
    - D est mort lui aussi. C'est un ours qui l'a eu.
    Le professeur posa sa plume. ¿ sa connaissance, personne ne s'était fait tuer récemment par un ours, même si certains touristes se montraient spécialement imprudents avec les déchets de leur pique-nique. Il était fondamental de bien connaître la nature. quoi qu'il en soit, ce jeune n'avait visiblement pas de famille.
    - Et votre plus proche parent ? - Pardon ?
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    - qui devons-nous contacter au cas o˘... il vous arriverait quelque chose ?
    - Personne, major. Il y a personne à prévenir.
    - Je vois. Et votre date de naissance ?
    - 52. Fin décembre, je crois bien.
    - Vous auriez donc vingt-cinq ans ?
    - Oui, major.
    - Bon. Et votre numéro de Sécurité sociale ?
    Craig ouvrit des yeux ronds et le professeur poussa un soupir.
    - On dirait bien que vous êtes passé à travers les mailles du filet. Peu importe, signez ici.
    Tournant le formulaire vers lui, il lui donna la plume. H ne sut pas lire les mots Śignature du candidat ª, mais il identifia facilement l'espace prévu à cet effet. H se pencha pour apposer sa signature. En reprenant le papier, le professeur le regarda d'un air incrédule.
    - Mon pauvre garçon, ah, mon pauvre garçon... H tourna le document vers Charlie, qui put voir la croix tracée à l'encre.
    - Charlie, en tant que pédagogue, je pense que vous allez avoir un surcroît de travail cet été. Elle lui fit un de ses grands sourires.
    - Vous avez raison, major.
    ¿ trente-cinq ans, Charlotte avait derrière elle un mariage malheureux, et elle n'avait jamais eu d'enfant. Elle voyait le garçon

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