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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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dissimulés derrière une colonne, virent
le comte de Nissac pénétrer en le Louvre sur son haut cheval noir.
    — Maintenant ?… demanda le premier.
    — C’est trop tôt, attendons !… répondit
le second.
    — Peut-être aux Tuileries ?
    — Nous verrons !… répondit l’autre, encore
hésitant.
    Juan de Sotomayor, en
mission spéciale pour le compte de Philippe III, bénéficiait de puissants
appuis dont le duc d’Épernon qui ne refusait jamais rien à l’Espagne. Il se
trouvait en la cour du Louvre sachant, par renseignements, que l’amiral de
Nissac, qu’il devait tuer, s’en allait y venir.
    L’Espagnol tenait en les plis de sa cape
poignard qui n’était point de toute beauté mais, au lancer, la meilleure arme
de ce genre qui fût jamais conçue.
    Le colonel espagnol vit s’avancer Nissac dont
le cheval allait au pas. Occasion si favorable risquait de ne se plus présenter
avant longtemps car il suffisait en l’instant de détendre le bras pour en finir
avec celui qui avait humilié le roi d’Espagne à deux reprises : en
dominant meilleurs cavaliers du royaume et en reprenant avec son seul Dragon
Vert deux forts galions espagnols perdus au profit des barbaresques par
capitaines malhabiles.
    Juan de Sotomayor baissa les yeux, éprouvant
quelques difficultés à regarder l’homme qu’il allait tuer car il ne se pouvait
défendre de ressentir admiration à son endroit. En effet de diversion
recherchée, il en vint à observer le cheval, cette pure merveille andalouse qui
pourtant se trouvait être aveugle. Il remarqua alors que, toutes les dix ou
vingt secondes, l’amiral passait la main sur l’encolure de l’animal et que les
pressions variaient sur une gamme très étendue. Ainsi le Français avait trouvé
la clé de cristal ouvrant serrure de verre : diriger un cheval aveugle
uniquement à la main. Colonel de cavalerie, Sotomayor fut émerveillé par la
précision du geste et ce qu’il supposait comme confiance acquise par Nissac
auprès de sa monture. De mémoire d’homme, cavalier obtint-il jamais semblable
complicité avec un cheval ?
    Puis quelque chose glaça Juan de Sotomayor :
l’instant propice était passé !… En son admirative contemplation, le
colonel avait laissé échapper l’occasion. Certes, il pouvait encore agir mais
non, décidément non : Nissac n’était pas un homme qu’on abat de dos et lui,
pas davantage celui qui commettrait geste si lâche.
    Dépité, l’Espagnol murmura :
    — J’agirai lorsqu’il sortira et cette
fois, rien ne me détournera de mon devoir.
    Inconscient des dangers qui l’attendaient de
toutes parts et des nuages qui s’accumulaient au-dessus de sa tête, Nissac
confia son cheval à un palefrenier, puis…
    Ils tombèrent tous
deux en arrêt au même instant, précisément à semblable seconde. Puis Nissac
sourit.
    À quoi souriait-il, au fond ?… À Dieu – mais
il y croyait en grande modération – pour lui rendre grâce d’une semblable bonne
fortune ?… À la providence ?… À la complexité extraordinaire du
hasard créant telle situation ?… À la chance qui, en ses nombreuses
campagnes navales toutes de violence et de mort, ne l’avait jamais abandonné un
seul instant ?… Souriait-il à ce magnifique ciel bleu, pur et limpide, tandis
qu’un froid sec inspirait la transparence de l’air qui donnait grande netteté
au contour des choses ?… Ou bien souriait-il à tout cela réuni, et à la
belle Isabelle de Guinzan qui, visiblement, sortait de chez le roi ?
    Quoi qu’il en fût, et bien qu’il en fût
totalement ignorant, le sourire de monsieur de Nissac eut un effet irrésistible.
On n’y pouvait pourtant rien distinguer de calculé mais l’on sentait que ce
sourire-là arrivait tout droit de l’enfance comme si le temps qui passe et les
horreurs de la guerre n’avaient point altéré chez le comte une part d’enfance
et d’innocence qui survivait envers et contre tout.
    Isabelle de Guinzan sentit son ventre se nouer
tant la vue de cet homme, qu’elle pensa un peu magicien, la bouleversait. Et
bien qu’elle eût souhaité dissimuler les sentiments si forts et la passion tant
violente qui faisaient d’elle femme à jamais amoureuse, elle rendit le sourire.
    Et ce fut le comte de Nissac qui faillit à son
tour chanceler car comme il fut dit en ce récit, si madame de Guinzan était
femme qu’incontestablement on remarque et qui attire par quelque chose de
mystérieux sans

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