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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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excellente
auberge, le roi avait tenu à ce qu’on lui serve les mets du pays. Il se
délectait de cette cuisine assez relevée où ne manquaient point les épices et l’ail
dont il raffolait, qu’on nichait ici jusqu’au cœur des légumes. Il voulut
goûter plusieurs sortes d’huiles, d’olives, de noix, de chènevis ou de navette
qu’on préférait un peu rance afin qu’elle eût davantage de goût. Enfin, on but
le vin rosé, tel qu’on le trouve en Provence et sa fraîcheur ravit le roi.
    L’appétit satisfait ouvrait le chemin, chez le
monarque, à d’autres sens mais il s’efforçait de ne point trop regarder la
comtesse, ni de se souvenir de ses fesses dont il avait, fort brièvement et à
quel prix, éprouvé la fermeté. Au reste, pour tout à l’heure, il avait pris ses
dispositions avec plantureuse femme d’armateur, le mari semblant le plus
enchanté de l’hommage royal à venir.
    Henri quatrième se sentait bien en compagnie
de Nissac avec sous les yeux Le Dragon Vert qui tirait sur ses amarres
tel cheval sur sa longe.
    Pourtant, le roi n’était point certain que ce
qu’il devait dire à l’amiral ravisse celui-ci mais, la chose étant inévitable, il
ne voulut pas la différer davantage.
    — Nissac, votre admirable aventure fut
très remarquée partout en Europe, mais si nul n’ignore qu’on vous trouve
derrière tant d’exploits, nous avons été assez habiles pour qu’on ne vous
identifie point preuves à l’appui, sauf en l’affaire de Gibraltar où vous avez
brisé le blocus mais de cela il ne sera sans doute jamais question car outre
que l’escadre espagnole n’y paraît point sous un jour qui lui est favorable, nous
pourrions plaider le bon droit puisqu’on vous interdisait indûment le passage.
    — Je l’ai donc un peu forcé, Sire.
    Le roi sourit et poursuivit :
    — J’aimerais donc que ce que je m’en vais
vous dire soit reçu de votre part tel un conseil, et non un ordre.
    Le roi attendit un instant, mais l’amiral se
garda bien de répondre, tel qu’il procéderait s’il envisageait de laisser venir.
    Henri quatrième reprit :
    — J’aimerais qu’on vous oublie un peu. L’agitation
avec l’Espagne se poursuivra, elle dure déjà depuis quelque temps sur la
frontière de Navarre, entretenue sur ma demande par le duc de La Force. Et, en
cas de guerre, il violera la frontière sans grande difficulté car l’esprit des
Espagnols n’est point bon, ceux-ci étant assez abattus depuis l’explosion du
Fort du Feu…
    Le comte de Nissac devina que le roi n’en
avait point fini mais il crut cependant de son devoir de préciser :
    — Sire, je comprends qu’il me faille me
montrer discret quelque temps, mais point trop cependant, car projet funeste se
prépare contre vous et l’on me dit que je pourrais être de quelque utilité en l’entreprise
qui consiste à le vouloir déjouer.
    — Je sais cela, Nissac, et que ce complot
est beaucoup plus dangereux que ceux qui le précédèrent. Je sais également qui
dirige forces qui le veulent faire échouer et où l’Église, puisque c’est elle
qui me veut protéger en cette occurrence, tient le rôle principal. Je n’ignore
pas que d’Épernon dirige cette bande de traîtres et d’assassins. Enfin, je ne
doute pas que vous soyez excellent appoint mais il me serait agréable, je le
répète, qu’on vous oublie quelque temps et que vous vous reposiez.
    — Il en sera fait comme vous le souhaitez,
Sire. Et jusqu’à quand Votre Majesté souhaite-t-elle que je me terre comme un
rat ?
    Henri quatrième rit franchement, Nissac se
trouvant à cette occasion en mauvaise foi qui égalait presque la sienne :
    — « Terrer comme un rat », c’est
bien excessif !… Deux, trois, voire quatre semaines…
    Il réfléchit et ajouta :
    — Qu’on vous voie apparaître le 1 er de mai et la chose est acceptable. Ne pourriez-vous mettre ce délai à profit
pour apporter réparations au Dragon Vert en lieu discret ?
    — Certainement, Sire.
    Satisfait, le roi hocha la tête mais, étonné
que les choses se passent en pareille facilité, il fut soudain pris d’un doute :
    — À quel endroit songez-vous ?
    — Lieu que j’affectionne, Sire, discret
comme vous le souhaitez : l’île d’Aix.
    — Mais c’est au large de Rochefort, en
mer du Ponant.
    — Tiens, c’est pourtant vrai !
    Amusé, le roi poursuivit :
    — Vous devriez, dès lors, repasser par
Gibraltar ?
    — Par surprise,

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