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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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sans être vu des
Espagnols : la chose serait du meilleur effet, Sire, car l’apprenant, ils
seraient très vexés.
    Le roi, en son caractère, raffolait de ce
genre de provocation. Il donna son accord, puis précisa :
    — Sully vous fera parvenir mâtures, voiles,
or, tout ce dont vous aurez besoin.
    Puis, baissant légèrement la voix :
    — Mais ne soignez point seulement votre
navire… Nissac, je vous veux au mieux car je vais avoir besoin de vous : la
guerre est imminente et je m’en vais vous dire pourquoi…
    FIN
DE LA TROISIÈME ÉPOQUE

QUATRIÈME ÉPOQUE

LA MORT D’UN ROI

84
    MAI 1610 …
    L’homme aux cheveux
rouges et à l’allure de vagabond, celui qui sur les mauvais chemins évoquait le
diable, celui-là était âgé de trente-deux ans. Né à Angoulême, de taille élevée,
le ventre gonflé et la corpulence imposante, il avait nez puissant et yeux au
fond des orbites qui lui donnaient visage inquiétant.
    Son père, greffier, était un ivrogne que le
vin rendait violent et qui avait trouvé la mort aux côtés de partisans de la
Ligue, qu’on nomme ailleurs la Sainte-Union.
    Sa fort belle ville natale, défendue par de
solides remparts, dominait la vallée. On y pouvait voir, au loin, le Limousin
et la Champagne charentaise. Pourtant, à deux reprises, les huguenots avaient
investi la cité. Ils y avaient rasé le clocher de la cathédrale Saint-Pierre en
prenant soin de briser tous les vitraux fort anciens, incendié églises, chapelles,
couvents et abbayes, cassé les sépulcres, violé les tombes, abreuvé leurs
chevaux en les bénitiers.
    Pour comble, les deux sœurs du jeune garçon s’en
étaient vite allées vivre ailleurs si bien qu’à douze ans, il fut valet de
chambre pour aider sa mère qu’il aimait avec déraison.
    L’enfant n’avait plus l’entendement du monde. Trop
de violences et d’injustices, trop vite en sa vie, trop affreuses pour qu’il
les puisse jamais oublier.
    Bien qu’il fût jeune, il réfléchit et convint
avec rage que ses malheurs avaient une cause unique. Que ce fût la mort de son
père, la ruine de la famille, le triste état en lequel se trouvait la ville
demi-détruite, le regard à jamais triste de sa mère tant chérie, il y fallait
voir la main velue des hérétiques, ces huguenots qui amenaient en terre de
France Sodome et Gomorrhe, la dépravation et le vice d’une nouvelle Babylone en
insultant Dieu et ses fervents serviteurs.
    Aussi, lorsqu’à la mort d’Henri troisième, succéda
Henri quatrième, un de ces hérétiques cause de tous ses maux, fut-il saisi par
la révolte et la haine.
    Il se résolut alors à tuer le roi qu’il
jugeait relaps et apostat et rien, jamais, ne le détourna de cette détestable
pensée.
    Mais, pour l’heure, l’homme regardait avec
surprise les conjurés. Ils portaient de riches vêtements et masquaient leurs
visages par étranges cagoules de satin noir tombant pour une extrémité sur les
épaules quand l’autre, au-dessus des chevelures, s’achevait en un cône dont la
forme lui sembla inquiétante.
    Il remarqua aussi, non sans contrariété, qu’en
la personne de deux des comploteurs se trouvaient… des comploteuses, vêtues l’une
d’une riche robe en tissu de Hollande incrusté de pierres précieuses et rehaussée
de dentelles de Brabant et l’autre d’une robe de satin noir de Milan brochée d’argent
en manière de broderie.
    Bien qu’il eût été mené céans les yeux bandés
et sous escorte de quatre coupe-jarrets, et qu’il fût par ailleurs conscient de
la gravité de l’heure, il dut retenir un demi-sourire lorsque celui qui
paraissait le chef s’adressa à lui de sa voix sifflante. Car ce seigneur, ce
très haut seigneur, avait pensé à se dissimuler, mais point sa voix, si bien qu’il
reconnut sur l’instant le duc d’Épernon. L’homme n’était point un familier de
la vanité mais, si tous ceux qu’on avait réunis en ce lieu secret étaient d’égale
importance que le duc, il se trouvait en présence de l’élite du royaume des lys.
    Distrait par ses pensées, l’homme prêta l’oreille
aux paroles du duc d’Épernon :
    — Tu as été choisi et c’est grand honneur
pour toi, qui es homme du peuple. Dieu t’a choisi et, par les voies qui sont
siennes, nous a fait savoir ce choix. C’est toi qui tueras l’hérétique qui s’est
converti à notre foi en grande hypocrisie afin de la mieux ruiner. Il sème le
doute et le trouble. Combien de bons

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