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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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choses que le comte ignorait.
    Mais celui-ci et plus encore Isabelle étaient
trop fins pour ne point saisir cet état des réalités et Nissac, opérant non
sans logique, questionna :
    — Par exemple, qui d’Épernon a-t-il
rencontré dernièrement ?
    — Un certain Lepeyron, qu’on dit avoir
séjourné en Bohême mais qu’importe, c’est un demi-fol qui fut en le clergé et
le quitta, dévoré d’une ambition que ne tempère que sa lâcheté. Quoi qu’il en
soit, il pratiquerait messes noires et autres sortilèges qui semblent passion
nouvelle du duc d’Épernon.
    — Nous irons voir ce Lepeyron mais avant,
je veux rencontrer monsieur de Richelieu.
    Des rides de contrariété marquèrent aussitôt
le front de l’abbé :
    — La chose est bien difficile à arranger…
    — Il le faudra bien, pourtant, ou mes
hommes et moi rembarquons à l’instant sur Le Dragon Vert.
    Luc de Fuelde sentit que l’amiral ne lâcherait
pas sur ce point.
    — Soit, j’arrangerai cela.
    — Autre chose ?… demanda Nissac.
    — Une dernière. D’après l’homme que nous
avons introduit chez les conjurés, votre nom a été évoqué. Ils savent qui vous
êtes, ce que vous avez fait pour le roi et peut-être devinent-ils ce que vous
ferez. Il serait donc prudent que vous ne sortiez point seul tel que vous le
faites ce jourd’huy.
    Nissac sourit à Isabelle.
    — Je ne suis point seul et l’épée de
madame la comtesse en vaut bien d’autres, et des meilleures… Mais parlons
encore de ceux qui dirigent ce complot.
    En l’auberge de « L’âne
mort », spadassins et jolies putains se tenaient légèrement à l’écart d’une
table où, parlant à mi-voix, avaient pris place Dieulefit, qui commandait la
bande, Levrault, qui le secondait en cet office, et Juan de Sotomayor, colonel
de cavalerie envoyé par le roi d’Espagne pour tuer le comte de Nissac.
    Le regard baissé sur un pichet de vin clairet,
José de Sotomayor dit d’un ton sinistre :
    — Le comte de Nissac est revenu en la
ville de Paris avec quelques-uns de ses officiers. Les puissants seigneurs qui
ont juré sa mort ont été très vite en besogne car nous savons déjà où logent l’amiral
et Madame avec une poignée d’officiers.
    — Quel est cet endroit ?… demanda
Dieulefit sans marquer d’impatience.
    — Hôtel particulier de la rue Galande. Une
bâtisse assez délabrée.
    Dieulefit et Levrault échangèrent un regard
puis le chef de la bande de « L’âne mort » précisa :
    — L’endroit est favorable à une embuscade
car proche de la rivière de Seine où erre brouillard parfois tenace. En outre, on
y peut accéder par le Pont-Neuf, la rue Saint-Jacques et la place Maubert, sans
parler des petites rues perpendiculaires à la rue Galande. Mais la chose est
risquée car, avec Jehan de Bayerlin, ce Nissac est la meilleure lame du royaume.
    — Il faut donc ne lui laisser aucune
chance et en finir rapidement ! répondit l’Espagnol dont le caractère l’eût
amené à préférer, et de loin, affrontement loyal.
    Dieulefit, qui avait grande expérience des
combats et des hommes, eut un vague sourire puis, non sans ironie :
    — Rapidement, afin que votre âme noble ne
se tourmente plus d’employer gens si vils que nous pour entreprise si
abominable ?
    Le colonel espagnol leva un regard farouche
sur l’ancien marquis huguenot :
    — Je n’ai pas dit cela, et ne le dirai
jamais. Je ne vous trouve point vil, quel que soit l’état où vous avez choisi
de vivre.
    Dieulefit hocha la tête pour dissimuler son
trouble, voire son émotion : il estimait cet Espagnol, et n’avait point l’habitude
d’éprouver semblable chose pour ses employeurs.
    Ainsi allait l’histoire en le royaume d’Henri
quatrième où la canaille montrait parfois quelque noblesse quand la noblesse se
vautrait en la fange. Mais en chaque camp, à l’ombre des fleurs de lys, poussait
le lierre délétère de la trahison.

86
    Vittorio Aldomontano, moine dévisagé souvente
fois maudit, avait approché sa redoutable garde personnelle de Paris en vue de
l’acte final où il comptait bien tromper les uns et les autres.
    L’or ruisselait de ses mains, si bien qu’il ne
lui fut point difficile de louer ancienne auberge entre Ivry et Paris, où il
fit aménager les caves en cellules munies de barreaux. Les maçons et
ferronniers employés à cette occasion trouvèrent la chose étrange mais outre qu’ils
ressentaient grande terreur face à

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