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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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très grand nombre au-dessus
de la Seine avait jeté la consternation.
    Ce jourd'huy, on disait qu'à Notre-Dame une chauve-souris
avait plusieurs fois fait le tour de l'officiant, jusqu'à ce qu'il trébuche. Et
d'autres signes encore, en les jours précédents, assombrissaient les cœurs,
tant ils semblaient porteurs de malheur.
    Mais d'autres, occupés en un obscur combat, n'avaient point
le temps de s'arrêter à ces mauvais présages.
    Ainsi, tandis qu’Isabelle attendait en un
élégant carrosse que le roi avait mis à la disposition de Nissac, celui-ci
pénétrait en l’église Saint-Médard où l’attendait Luc de Fuelde qui lui indiqua
un confessionnal.
    Après une brève hésitation, Nissac y pénétra. Il
distinguait mal le visage derrière la grille, à peine ses contours d’assez
grande noblesse. La voix était énergique et Nissac se douta qu’il s’agissait de
celle de l’évêque de Richelieu que servait Luc de Fuelde.
    Richelieu parlait rapidement :
    — Vous connaissez la conspiration qui se
trame et n’ignorez pas que vous seul pouvez sinon l’empêcher, puisque la
trahison est générale, que nous n’avons point de temps et sommes à court de
tout, au moins intimider ceux qui l’organisent. Je sais qui vous êtes, Thomas
de Nissac.
    — C’est là grand avantage car moi, je
connais fort peu de chose de vous.
    — C’est préférable… Nous avons peu de
temps, comte, aussi irai-je en hâte pour mener mon récit. Au reste, Luc de
Fuelde vous en a déjà entretenu et je sais que cette conversation n’a pour but
que de vérifier ma bonne foi, pourtant totale !
    Il hésita un court instant et reprit :
    — De tous les complots ourdis contre le
roi, celui-ci est le plus grave car il mêle intérêts fort différents qui pour
la première fois se rejoignent en un but commun : tuer Henri quatrième.
    — Que n’allez-vous trouver Sa Majesté, même
si elle sait cela ?
    — Vous n’ignorez pas que Sa Majesté ne
veut point entendre dès lors qu’elle apprend qu’on la veut tuer ou, si elle
souhaite en parler, ce n’est pas avec moi. En outre, le roi ne m’apprécie point.
    — Et vous êtes guidé par votre seul amour
du prochain, c’est bien cela ?
    L’évêque de Richelieu hésita, sentant la
finesse du comte puis, d’une voix qui laissait deviner la colère :
    — Certes. Mais ce n’est point tout. Attaquant
le roi, ils attaquent l’État et affaiblissent le pays. Cela, c’est inacceptable !
    Richelieu attendit une réponse qui ne vint pas.
Il en ressentit grande irritation, et plus encore de la devoir masquer, mais l’amiral
de Nissac lui créait certaine gêne en cela qu’il dégageait une impression de
force que rien ne semblait pouvoir altérer.
    — Eh bien ?… demanda Richelieu.
    — Sortons, cet endroit ne me convient
point !… répondit Nissac en se levant.
    L’évêque de Luçon dut s’incliner, sachant déjà
qu’il se vengerait un jour de cette petite humiliation.
    Dehors, une femme s’approcha que Nissac
présenta comme son épouse. Richelieu la trouva jolie, bien qu’il évitât de la
regarder plus longtemps en face. En outre, l’heure n’était point à cela. En
effet, s’il voulait que Nissac le serve en son ambition d’apparaître comme un
bon défenseur du roi, il le fallait d’abord convaincre.
    — Amiral, ne me soupçonnez point de
malice ou dissimulation. Je suis certes prudent, car l’ennemi est partout, mais
à vous, je parle en grande franchise car vous avez ma confiance.
    — Pourquoi ?… demanda le comte en
posant sur lui le regard dur de ses yeux gris.
    Richelieu s’était préparé à cette question.
    — Votre loyauté à la couronne ne souffre
pas le moindre doute. Et vous ne frémissez point de la qualité des comploteurs
quand certains noms donnent le vertige.
    Un léger sourire se dessina sur les lèvres de
l’amiral.
    — Nous avons, madame de Nissac et moi, quelque
expérience du vertige.
    Isabelle rougit, Richelieu également, mais il
reprit néanmoins :
    — Mettons les choses au pire lequel, étant
donné l’apathie du roi, devient hélas le plus probable, et imaginons qu’il soit
assassiné. Laissons alors de côté la profonde tristesse que susciterait pour
vous comme pour moi pareil événement et voyons bien qu’après un tel acte, c’est
l’image de l’État qui se trouve altérée. Henri troisième assassiné, Henri
quatrième assassiné, voyez-vous bien cela ?… Aurons-nous alors

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