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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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surveiller
de moins en moins souvent ses arrières et mena « Le Finlandais » en l’Orléanais.
    On s’engagea dans une première forêt, dense et
sombre, puis le paysage devint des plus étranges. Et la fatigue pesa soudain
sur les muscles du « Finlandais », moins en raison de la course de
plus de trente lieues que de l’emprise de la peur qui fléchissait sa
détermination.
    Il vit d’abord village en ruine, abandonné de
toute âme qui vive et couvert d’une épaisse poussière grise solidifiée auquel
succéda forêt pétrifiée puis une rivière de laquelle s’échappait vapeur de
soufre et l’on arriva enfin en vue d’un très vieux château demi en ruine mais
dont la masse qui demeurait était des plus imposantes.
    Le moine et les trois hommes qui l’accompagnaient
mirent pied à terre et s’avancèrent vers d’épais buissons de houx en lesquels
ils pénétrèrent et disparurent.
    Pour « Le Finlandais », couché sur
le sol, il eût été naturel de se redresser afin de gagner en courant le premier
relais de chevaux, de s’y trouver une monture et revenir à bride abattue vers l’hôtel
particulier de la rue Galande afin de faire rapport à l’amiral-comte de Nissac.
    À tel comportement, il n’eût été rien à redire
et pourtant, agissant de cette façon, « Le Finlandais » eût
immanquablement été tué.
    Mais l’homme savait conserver tous ses sens en
alerte, habitude qui lui venait de ces longues années où, en son pays, il
chassait du côté des grands lacs du sud proches du golfe de Finlande. Quelque
chose, qui relevait donc davantage de l’instinct que de l’intelligence, lui fit
obligation de ne se point redresser, et grand bien lui fit !
    Sortant vivement de derrière le bosquet de
houx où passage était ménagé, le moine inspecta minutieusement les alentours et,
pour mieux voir, baissa sa capuche.
    Le spectacle du visage mutilé, proche d’un
cadavre décomposé, apparut si abominable au « Finlandais » qu’il
faillit se redresser pour s’enfuir en courant, et être rapidement rattrapé par
les compagnons du moine disposant sans doute de chevaux frais. Mais il tint bon,
demeurant couché sur le sol et ne cherchant pas à voir l’atroce visage, prenant
tout au contraire grand soin de ne le point regarder.
    Le cœur battant, « Le Finlandais » entendit
des pas qui se rapprochaient et, d’après le bruit, il n’était pas douteux qu’on
venait droit vers lui.
    « Le Finlandais » eût souhaité
disparaître en le sol. La pensée insoutenable lui vint de la main décharnée du
moine à l’aspect de cadavre le saisissant aux cheveux, lui redressant la tête d’un
mouvement brutal et l’obligeant à regarder ce visage ravagé où la mort avait
largement mordu.
    Il observa une fourmi qui disparut entre deux
pierres et songea qu’il eût donné cher pour se trouver à sa place. Et ce
souhait revêtit une ardeur telle, en ces circonstances, qu’il perdit sa
dimension ridicule, l’insecte symbolisant tout soudainement la vie même.
    Mais le moine défiguré n’alla pas plus loin et,
après un dernier regard, regagna le bosquet de houx.
    L’ambrosien, lui, ne
se sentait point à l’aise. Quelque chose d’indéfinissable, en ce lieu pourtant
protégé, l’inquiétait. Le sentiment qu’on les avait suivis l’envahit à nouveau
mais il le repoussa : aucun cavalier n’aurait pu échapper à sa vigilance
tant il s’était retourné souvente fois à intervalles irréguliers.
    En les sombres souterrains, il jeta un regard
distrait aux nombreux ossements qui jonchaient le sol mais n’y trouva point l’excitation
qui le prenait quelquefois à la contemplation de pareil spectacle. Se trouvant
l’esprit moins occupé, il aimait, bien souvent, observer ces squelettes et
penser qu’il s’agissait là des restes d’adolescentes et adolescents qui lui
avaient donné bien du plaisir tandis qu’il les violait. Il aimait ce rapport
trouble entre Éros et Thanatos, l’amour et la mort, et trouvait subtil plaisir
à songer que ces pauvres os et ces crânes avaient été habillés de chairs
désirables. Et possédées. Car pour l’Ambrosien, qui avait usé toutes les autres
formes de plaisir, les sens ne pouvaient se pleinement épanouir que si l’esprit
les soutenait, tel l’arc-boutant une voûte de cathédrale.
    Il chassa ces pensées. L’heure lui parut grave
car tout pouvait encore sombrer alors qu’on se trouvait si près du but.
    — Que

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