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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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colonne commandée par le
capitaine de Sousseyrac quittait le cantonnement du Faubourg Saint-Jacques, car
elle devait accomplir le plus long chemin.
    Nissac s’efforçait au calme d’autant qu’il
entrevoyait, à l’encontre des tragiques oracles, possibilité de sauver le roi.
    Si le sort des armes lui était favorable, le « Troisième
Cercle » serait anéanti. Restait alors à faire de même avec ceux du « Deuxième
Cercle », que Luc de Fuelde appelait « les faux indignés »
lesquels, simulant grand courroux, devaient tuer Ravaillac afin qu’il ne parle
jamais sitôt que celui-ci aurait accompli le régicide. Et si la providence le
voulait ainsi, ne demeurait plus que le « Premier Cercle », c’est-à-dire
Ravaillac lui-même, dont il n’était peut-être pas impossible d’arrêter le bras.
    « Que d’hypothèses ! » songea
Nissac.
    Accompagné de la comtesse son épouse, du
seigneur Yasatsuna et des barons Valenty et Fey des Étangs, le comte sortit de
l’hôtel particulier de la rue Galande.
    Il s’entretenait avec Fey des Étangs lorsque
la petite plume rouge du chapeau de celui-ci fut coupée net par un coup de feu.
    Levant les yeux, Nissac et les siens virent la
gueule encore fumante du canon d’une arme qui dépassait d’une fenêtre du
premier étage de l’immeuble situé en vis à vis.
    On se rua en cette maison. Cependant, arrivés
en la chambre du premier étage, on trouva la pièce vide mais l’arquebuse encore
fumante posée sur le bord de la fenêtre.
    — Un maladroit !… lança Valenty.
    Nissac sourit :
    — Ou quelqu’un qui ne me voulait point
tuer !… répondit Nissac qui savait que seul un tireur exceptionnel pouvait
réussir pareil coup et avait idée précise sur l’identité de celui-ci.
    Ils se trouvaient à présent quittes.
    Don Inigo de
Cardenas, ambassadeur d’Espagne, observait d’un regard qui n’était point exempt
de tristesse le colonel de cavalerie Juan de Sotomayor. Puis, lui montrant deux
hommes de la police secrète de Philippe III qui se tenaient à l’entrée de
la salle :
    — Ces deux officiers vous mèneront jusqu’à
Madrid. Il vous est hélas impossible de faire vos adieux à qui que ce soit car
vous partez immédiatement.
    Le colonel se tenait comme toujours un peu
raide, semblant à chaque instant prêt à relever un défi ou punir un affront. Il
répondit d’une voix froide :
    — Je n’ai d’adieux à faire à personne et
puis me rendre à Madrid sans la compagnie de ces deux épouvantails.
    — Ne les sous-estimez point, colonel
Sotomayor, car pour être gens de police, ils n’en sont pas moins des tueurs. Aussi
irez-vous à Madrid sans rien tenter et vous expliquerez-vous devant le roi.
    — Il ne me recevra point.
    L’ambassadeur eut un geste évasif car il
savait que Philippe III ne voudrait rien entendre. Mais cette pensée le
gênait, aussi passa-t-il à autre chose :
    — Comment un tireur tel que vous a-t-il
pu ainsi rater son coup ?
    Le colonel ébaucha un sourire.
    — J’ai tout de même coupé la plume du
chapeau de l’homme qui se trouvait le plus proche de l’amiral de Nissac !…
Le coup est beau, et l’honneur de l’Espagne est sauf.
    L’ambassadeur sourit à son tour, moins de la
réponse elle-même que de cette tournure d’esprit ironique qu’il ne soupçonnait
nullement chez un homme tel que Sotomayor.
    Don Inigo de Cardenas jeta un bref regard aux
deux hommes de la police secrète puis, prenant le bras du colonel, il l’entraîna
à l’autre bout de la salle afin qu’on ne les puisse point entendre. Il parla à
mi-voix :
    — À part qu’il est grand soldat, marin
exceptionnel et tout ce dont on nous agace en compliments de toutes sortes, qu’y
a-t-il donc qui fascine un homme tel que vous chez ce Nissac, au point de
courir les plus grands risques personnels pour le sauver ?
    Le colonel jeta un regard las à l’ambassadeur.
    — Le comprendriez-vous ?
    — Je le puis tenter, colonel, car j’ai
pour vous grande estime, estime telle que… les événements récents ne l’ont
point altérée.
    Le colonel, qui se savait perdu, ne jugea
point utile de baisser la voix car, pensait-il, cette petite humiliation n’eût
en rien modifié son sort.
    — Je vous étonnerai peut-être, mais je ne
suis pas ébloui par ses qualités militaires. Elles existent bien telles qu’on
les dit : et alors ?… Nissac est avant tout un homme intelligent. Contrairement
aux autres, il

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