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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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d’extrême
blancheur, mais telles qu’on n’en voit point aux hommes ordinaires.
    En revanche, le capitaine emportait au-dedans
de la tombe secret du visage du moine, et expression qu’il y découvrit. Et tous
s’interrogèrent sur ce visage si étonnant, divin ou démoniaque, mais faisant si
forte impression qu’on ne pouvait survivre à semblable abîme.
    Le moine était escorté par des gardes royaux
si bien que les soldats de Claude de La Châtre, baron de Maisonfort et
gouverneur du Berry, devaient s’incliner devant une autorité supérieure dont il
n’était point séant ni fondé de discuter la prééminence. Aussi, et bien qu’on
fût en grand effarement en apprenant semblable nouvelle, il apparut qu’il n’était
guère possible d’empêcher l’étrange moine d’entrer seul en la cellule du « monstre »,
et de se faire enfermer avec celui-ci.
    Rassemblés en la place du Marché, ils étaient
des centaines, gardes, bourgeois et paysans, en grande inquiétude tandis que le
temps s’écoulait.
    Une heure passa ainsi, puis une deuxième, mais
rien ne filtrait de la cellule, ni un bruit, ni une parole, et la foule devint
nerveuse, trempée de pluie, tressaillant au roulement du tonnerre et clignant
des paupières sous la lumière aveuglante des éclairs car en très inhabituelle
constance, l’orage ne faiblissait point si le ciel, lui, devenait d’un noir
évoquant à présent couleur de la suie ou muraille du royaume de Satan.
    En plusieurs points de la vaste place, certains,
parmi les plus fervents catholiques, étaient tombés à genoux et priaient avec
ferveur. Un huguenot, qui évitait de se joindre à semblable manifestation de
dévotion et semblait tenir en mépris spectacle de la piété, fut poignardé à
dix-sept reprises et par des mains différentes afin que, vis-à-vis de telle
multitude, il ne fût point possible de juger la chose.
    En ces instants, nul ne pensait revoir jamais
vivant le courageux moine et certains de rappeler comment « la bête »,
qui avait apparence humaine, s’était trouvée surprise au cimetière, entre chien
et loup, tandis qu’après avoir tué et dévoré la gorge de plusieurs enfants, elle
avait choisi, cette fois, poussée par son inclination sacrilège, de violer une
sépulture.
    Il s’agissait de la tombe fraîche du matin de
toute jeune fille de quinze ans et « la bête » ayant creusé la terre
en avait sorti le corps dont elle ouvrit le ventre et la poitrine, se régalant
du cœur de la malheureuse ainsi outragée après la mort.
    Repu, « le monstre » s’était assoupi
et ce n’est qu’à l’aube que, prévenus depuis la veille, les soldats du
gouverneur avaient cerné le cimetière mais reçu l’ordre d’attendre l’arrivée du
moine.
    On sait combien le combat fut rude et sanglant.
La peur y fit beaucoup car les soldats redoutaient cet homme à tête de loup
mais il arriva en la mêlée qu’il la perdit et l’on constata alors qu’il portait,
pareil à un masque souple, véritable et bien réelle tête de loup, évidée du
sang, du cerveau, des os et privée de la mâchoire inférieure, ce qui permettait
de l’enfiler comme un gant va à la main.
    Cependant, le loup-garou, puisqu’on ne pouvait
nier qu’il s’agissait là de représentant de cette espèce maudite, avait sous le
masque visage bestial et de grande laideur qui ne rassura point.
    Seul le moine, dès qu’il écarta les soldats, parvint
à réduire l’horrible monstre par sa seule présence et le conduisit à la prison,
où il se laissa enchaîner.
    Si on ne niait point sa vaillance, on se
demandait cependant qui était ce moine, qui l’avait prévenu et pourquoi il
était arrivé au grand galop avec escorte royale… Et, pareillement, on s’interrogeait :
pourquoi l’étrange moine avait-il fait ôter les chaînes qui entravaient le
loup-garou et pourquoi – que de questions ! – exigea-t-il de se trouver
enfermé en la même cellule que l’engeance de Satan ?
    En la foule où beaucoup, accablés, baissaient
la tête, on ne se faisait guère d’illusions, persuadés que « le monstre »
avait ouvert le ventre du moine pour dévorer ses intestins fumants.
    Certains pensaient même ne retrouver du zélé
serviteur de Dieu que quelques os jonchant le pavé de la cellule.
    On pria donc avec ferveur pour le pauvre saint
homme dont on ne connaîtrait sans doute jamais le visage. À peine la voix
lorsqu’il avait ordonné :
    — Qu’on

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