Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
sait tenir le sabre sur le
pont d’un galion saura tenir épée sur terre.
    — L’épée, le sabre, la hache, le poignard
de lancer… Je sais tout cela.
    — Sire, il réussirait n’importe quelle
épreuve.
    Le roi tressaillit.
    « Épreuve », ah le joli mot qui
fleure bon l’ossuaire et la fosse commune !… Là se trouvait la solution
pour en finir avec ce Nissac.
    S’il échouait en y laissant la vie, la chose
se trouvait réglée. S’il survivait à l’échec, il retournerait pour toujours en
les mers du Levant afin d’y remâcher sa fierté bafouée, et l’on en serait
débarrassé. Enfin, il ne fallait point envisager qu’il réussisse et la chose
était en grande certitude pourvu que ce qu’on lui demanda fût tout simplement
impossible à réaliser.
    Henri quatrième sourit benoîtement, éveillant
ainsi la méfiance du jésuite qui le bien connaissait puis, d’un ton enjoué :
    — Soit !… Me voilà tout soudainement
convaincu. Il suffira que votre Nissac réussisse épreuves auxquelles je vais
songer tout spécialement pour lui.
    Et, intérieurement, le roi ajouta :
« Adieu donc, monsieur de Nissac, car vous n’y survivrez pas ! »

34
    Monsieur de Nissac, indifférent aux
acclamations sans qu’il eût à se forcer car telle était sa nature, descendit du Dragon Vert sitôt qu’il en eut achevé avec la délicate manœuvre de l’entrée
en le port de Toulon.
    Préoccupé, il fit débarquer son cheval aveugle,
ce grand Andalou à la belle robe noire qu’il avait appelé « Flamboyant »
quand son chien resté en le château de Saint-Vaast-La-Hougue, et tout noir
également, s’appelait, lui, « Flamberge ».
    Le vice-amiral se trouvait en selle pour
gagner le petit logement tout proche du port qu’on lui réservait aux escales
lorsque la rumeur le rattrapa, où l’on disait que son magnifique cheval aux
grands yeux noirs serait aveugle et c’était là chose qu’on ne pouvait point
croire à voir avec quelle habileté la monture du comte de Nissac se faufilait
entre les étals et ceux qui traversaient la rue devant lui.
    Nissac avait appris à connaître gens de Toulon,
et à les estimer, mais il demeurait un homme du nord qui hésite à montrer ses
sentiments, combat pour lui-même exubérance telle faute de goût, ne se livre
point et passe pour froid et mystérieux.
    Cependant, escomptant qu’il aurait ainsi la
paix car ici, les nouvelles se propagent en grande vitesse, le vice-amiral ne
se déroba point lorsque la foule, presque suppliante, voulut vérifier ce qu’il
en était de la vue de son cheval. Aussi, bientôt, un homme vigoureux passa-t-il
une torche devant les yeux du haut cheval noir qui ne battit point des
paupières et n’eut aucune réaction, en quoi l’on devait admettre qu’il était
bien aveugle tout de bon.
    Un « Oh » parcourut la foule en
laquelle la surprise le disputait à l’admiration.
    — Ah çà, Monseigneur, si le diable ne
vous aide point, comment vous y prenez-vous avec ce cheval aveugle ?… lança
une voix.
    — Je le gouverne à la main.
    — Et la chose est suffisante ?… demanda
un apothicaire depuis le seuil de son échoppe.
    — Et vos remèdes, l’ami, sont-ils
suffisants pour soigner la gravelle ?… répondit Nissac, mettant les rieurs
de son côté.
    Il enfonça doucement les talons en les flancs
de sa monture et déjà repartait quand on lui apporta coup sur coup deux
messages qui le contrarièrent l’un comme l’autre.
    Le premier, qui venait du jeune comte de La
Tomlaye, lui fixait rendez-vous à six heures de relèvement en une taverne du
port appelée « La baleine bleue ».
    Le second, plus comminatoire, l’enjoignait de
venir séance tenante rencontrer le gouverneur, monsieur de Guise n’aimant point
attendre.
    Guise évitait de le
regarder en face, les yeux gris de monsieur de Nissac lui évoquant la dureté de
l’acier. Sa voix, qu’il eût souhaitée d’un ton de dédain, fut simplement
saccadée en son débit :
    — Vous n’êtes plus vice-amiral, Nissac. Le
comte chercha le regard du duc, qui se déroba. Chez Nissac, qui se crut
sanctionné, la curiosité fut plus vive que la déception et c’est d’un ton assez
gai qu’il demanda :
    — M’a-t-on rétrogradé mousse ?… Et si
tel est le cas, dois-je tel avantage à votre affectueuse attention ?
    Guise ignora l’insolence et répondit :
    — Vous êtes à dater d’aujourd’hui amiral,
amiral à part entière. Ainsi

Weitere Kostenlose Bücher