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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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l’a signé le roi. Félicitations.
    Nissac ne répondit pas. Pour lui, nonobstant
le titre, cela changeait fort peu de choses. En revanche, s’il se trouvait
amiral en reconnaissance des services passés, pourquoi pas cinq ans plus tôt, ou
dans cinq années, selon qu’on mettait un certain temps à reconnaître ses
mérites ?
    Agacé par ce silence, là où tout autre aurait
manifesté sa joie, le duc de Guise fit remarquer :
    — Vous semblez étonné. Il vous arrive
pourtant d’être victorieux, me dit-on.
    Pour un homme n’ayant jamais connu la défaite,
telle appréciation montrait le Guise fort modéré en le commentaire d’une si
étincelante carrière.
    — Autre chose ?… demanda Nissac, en
grande impolitesse.
    Le duc se détourna et se mordit les lèvres ;
ah, pourquoi cet homme lui inspirait-il semblable peur, instinctive et
démesurée ?
    S’efforçant au calme, le gouverneur de
Provence répondit :
    — Il vous faut aller à Paris. Le roi a
mission secrète et périlleuse à vous confier. Partez dès demain à l’aube, amiral.
    Nissac se retira sans saluer et Guise, intérieurement,
songea en grande ferveur : « Ah qu’il crève !… Par le fer ou par
la vague, mais qu’il crève !… Jamais on ne m’a pareillement humilié. »
    L’amiral de Nissac
arriva à l’heure dite à « La baleine bleue » où l’attendait, fébrile,
Louis de Sèze, comte de La Tomlaye.
    Les deux hommes se saluèrent avec une affection
qui n’était point feinte puis Nissac, comme on l’en priait, conta brièvement sa
dernière campagne, omettant de dire qu’il avait durement canonné, en enfilade, toute
la ligne espagnole car la chose se pouvait considérer comme secret d’État.
    Puis Louis devint grave :
    — Il faut que je vous entretienne de ma
sœur.
    Nissac réfléchit, prenant son temps, et
répondit :
    — J’y ai beaucoup songé, moi aussi.
    Louis, qui n’était point à l’aise, reprit :
    — Si vous saviez de combien de tristesse
lui fut son emportement.
    — Il lui est coutumier, pourtant, et la
chose ne changera jamais.
    Louis, surpris, questionna :
    — Que voulez-vous dire ?
    — Vous-même, qu’alliez-vous dire ?
    — Eh bien qu’elle vous aime. Elle vous
aime mais ne sait point gouverner son cœur si bien qu’en votre présence, elle
se montre méchante et souffre au point de ne se presque plus nourrir lorsque
vous êtes en mer.
    Le comte de Nissac ne répliqua point. Ses yeux
gris s’attardèrent de l’autre côté des vitres, en la rue, où un ours jouait du
tambourin sous la férule d’un bohémien. Le comte se demanda fugitivement
pourquoi l’on n’avait pas laissé la pauvre bête en liberté dans ses montagnes
quand ici, son pelage brun se trouvait tout pelé et ses yeux réfléchissaient la
plus grande tristesse qui fût au monde.
    — Vous ne répondez pas, Thomas ?
    Nissac retint un haussement d’épaules. Que
dire ?… Pouvait-il expliquer qu’un de ses bonheurs, en le métier de marin,
fût qu’il pouvait penser des heures entières, sur la dunette, et qu’à force d’envisager
les questions de toutes les façons qui fussent possibles, il avait des choses
une connaissance qui souvente fois se trouvait confortée en la réalité ?
    Il aimait beaucoup Louis, sa droiture, sa
pureté, et qu’il fût si entier en ses choix. Il aurait pu aimer Élisabeth et avait
déjà en son cœur cédé en partie à cette tendre inclination mais il savait qu’il
ne serait point aimé en retour, ou si mal.
    Mais comment dire ces choses à Louis, assez
fermement pour qu’il n’y faille plus jamais revenir, et en manière suffisamment
douce pour qu’elles ne le blessent point ?
    Nissac n’y réfléchit pas plus avant.
    — Votre sœur ne m’aime point, Louis. Elle
me tient en affection, et c’est très différent.
    Stupéfait, Louis de la Tomlaye demeura un
instant sans voix, puis :
    — Tout au contraire, elle vous aime en
grande passion.
    — Je sais bien que non.
    Louis parut blessé.
    — Il me peine que vous en doutiez !…
Et que pensera-t-elle, sinon que vous cherchez prétexte ?
    La voix calme du comte de Nissac faisait grand
contraste avec celle de Louis :
    — Je renoncerai à ma tête sur les épaules,
plutôt qu’elle pense semblable chose.
    — Eh bien… Elle vous aime, vous dis-je, et
toute la bonne rumeur qui court sur votre nom la ramène toujours à vous.
    — Car on n’en connaît qu’un versant, Louis !…
On ne

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