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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
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et
murmurait :
    — Pardonnez-nous, Seigneur, pardonnez-nous.
    À présent, le trio filait par les rues.
    Lorsqu’ils parvinrent à l’enseigne de l’auberge
des Deux Coqs, Escartille s’arrêta.
    Il regarda à droite et à gauche. À l’angle de
l’auberge, quelques marches conduisaient vers une ruelle, en contrebas. Ils s’y
engagèrent malgré la pénombre, jusqu’à trouver une vieille porte de bois, dont
la butée représentait le visage d’une gargouille. Escartille frappa par trois
fois. Les coups, sourds, résonnèrent à l’intérieur. Ils tendirent l’oreille :
quelqu’un semblait s’approcher de l’autre côté de la porte.
    —  Qui va là ? demanda une
voix en occitan.
    — Je suis Escartille de Puivert, messire.
Nous sommes atten…
    La porte s’ouvrit soudain. Un vieil homme, à la
barbe drue et aux yeux inquiets, leur apparut.
    — Pas de nom, malheureux ! Ne vous
a-t-on rien dit ? Montrez-moi votre méreau.
    Escartille fouilla dans sa besace et en sortit
un jeton de métal, frappé d’une croix grecque.
    — C’est un ami de Raymond VII qui m’envoie
et m’a fourni ce méreau. Il m’a dit… que vous pourriez nous aider.
    Le vieillard regarda le méreau, le mordit de
ses dents rongées de caries et de chicots, le regarda encore, puis hocha la
tête en soufflant :
    — Entrez, vite ! Dépêchez-vous.
    Ils entrèrent ; ils se trouvaient
dans l’arrière-salle de l’auberge. Une porte donnait sur le corps principal du
bâtiment, une autre sur les cuisines ; mais ce fut une troisième, invisible
au premier abord, que le vieillard ouvrit avant de les inviter à le suivre. Escartille,
Aimery et Héloïse lui emboîtèrent le pas. Un escalier de pierre, éclairé de
flambeaux, plongeait dans les profondeurs. Ils descendirent. Les parois du mur
suintaient d’humidité. Ils débouchèrent enfin dans une cave assez vaste, dont
les voûtes arquées reposaient sur quatre piliers. À droite se trouvaient des
sacs de vivres, des fûts de vin et des rangées de bouteilles alignées sur des
étagères ; à gauche, des quartiers de viande étaient suspendus à des
crochets. À leur arrivée, un homme encapuchonné se retourna. C’était l’un des
membres de la Confrérie Noire. Il se tenait auprès d’une table recouverte d’un
drap et éclairée de deux torches, un bâton en main. Il considéra en silence les
nouveaux venus. On ne pouvait voir son visage, dissimulé dans l’ombre. Enfin, sa
voix retentit.
    — Vous êtes Escartille de Puivert ?
    — C’est moi, en effet. Et voici mon fils
Aimery, ainsi que… Héloïse de Lavelanet. Elle a perdu sa sœur hier, elle a…
    — Je le sais, dit l’homme. J’étais là. Nous
n’avons pas beaucoup de temps. Avez-vous des chevaux ?
    — Deux, dit Aimery. Nous les avons
laissés non loin des portes de la ville.
    — Il nous en faut deux autres, dit le ductor au vieillard, qui opina du chef en silence avant de remonter les
marches de la cave, avec empressement.
    Puis il se tourna de nouveau vers Escartille.
    — Pardonnez-moi de ne pas faire mon
adoration comme il se doit, mais nous devrons nous épargner toute démonstration
durant notre voyage. Vous avez de la chance d’être arrivés jusqu’à Toulouse
sans encombre, et d’être encore vivants, surtout après avoir croisé les yeux d’Aguilah.
Toutes les entrées et sorties de la cité sont désormais contrôlées. Ils vont
vous rechercher. Nous passerons par les souterrains.
    — Les souterrains ? dit Héloïse.
    — Ils mènent hors les murs. Le vieil
homme que vous avez vu saura conduire les chevaux au-dehors. Nous les
retrouverons dans la forêt. Faites des provisions si vous n’en avez pas et
retrouvez-moi dans la ruelle dans quatre heures. Mais surtout, soyez prudents, ne
vous promenez pas trop ; je vais vous donner le nom de quelques amis qui
sauront pourvoir à vos besoins immédiats. Surtout, gardez précieusement votre
méreau. Nous partirons au milieu de la nuit. Je quitte moi aussi cette ville, elle
est devenue bien trop dangereuse. La Confrérie est exsangue ; elle
chancelle ; on ne cesse de lui porter des coups dont elle risque de ne
jamais se remettre. Je n’ai plus rien à faire ici. Il faut continuer le combat
ailleurs. Montségur est le seul asile encore possible pour des gens tels que
nous.
    Le clandestin s’assit sur une chaise, derrière
la table. Il joignit les mains, laissant les manches de son manteau reposer sur
le drap

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