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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
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crucifié, ils
se partagèrent ses vêtements en tirant au sort. Puis, s’étant assis, ils
restaient là à le garder. Ils placèrent aussi au-dessus de sa tête le motif de
sa condamnation ainsi libellé : « Celui-ci est Jésus, le roi des
Juifs. » Alors sont crucifiés avec lui deux brigands, l’un à droite et l’autre
à gauche. (Mat. XXVII, 35-38.)
    Ressuscité le matin, le
premier jour de la semaine, il apparut d’abord à Marie de Magdala dont il avait
chassé sept démons. Celle-ci alla le rapporter à tous ceux qui avaient été ses
compagnons et qui étaient dans le deuil et dans les larmes. Et ceux-là, l’entendant
dire qu’il vivait et qu’elle l’avait vu, ne la crurent pas. (Marc, XV, 9-11.)
    Escartille referma la bible.
    Bertrand Marty s’était dirigé vers le
coffret. Il l’avait ouvert, puis s’était s’agenouillé, avant de s’approcher de
la paroi du mur. Il avait fait rouler la pierre et avait approché son flambeau
du réduit secret.
    — Le cavalier est mort ici même, à
Montségur, avait dit Bertrand. Il est mort entre ces murs, après nous avoir
rapporté ceci.
    Et Escartille avait vu.
    Des ossements. Une clavicule et des côtes
brisées, un fémur, un morceau de crâne dans lequel on devinait les traces d’une
couronne cernée d’épines. Un squelette, épars, incomplet, grimaçant. Les
reliques étaient nimbées d’une clarté surréelle. Elles paraissaient d’un autre
temps, d’un autre monde. Vieilles, comme lui. Mystérieuses, comme la vie. Et
puis, il avait vu cette plaque d’argile cuite, gravée, que l’on avait si soigneusement
conservée, et sur laquelle on pouvait distinguer quatre lettres.
    I-N-R-I.
    Iesus Nazarenus
Rex Iudaeorum.
    C’est-à-dire :
    Jésus le Nazaréen, roi des Juifs.
    Mon Dieu, murmura
Escartille.
    Les reliques du Christ.

15

Lettre morte ________________________ Octobre
2000
    Télégramme de Philippe Poussin à Antoine Desclaibes.
    J’AI TROUVÉ
QUELQUE CHOSE !
    Lettre d’Antoine Desclaibes à Philippe Poussin.
    Cher Philippe, puis-je
croire à ce qui se passe ? Est-ce possible ?
    Reviens dès que tu le peux et surtout, garde
secrète la nature de notre découverte ; elle est trop folle pour être
entendue. J’oscille moi-même entre le plus grand scepticisme et l’idée
stupéfiante que nous ayons pu effectivement toucher du doigt la plus extraordinaire
des révélations. Nous avons en tout cas la réponse à cette question qui n’avait
cessé de nous tarauder : la raison pour laquelle le poème d’Escartille de
Puivert s’est retrouvé en enfer. Ne cachait-il pas le plus sombre des
blasphèmes ? Ce manuscrit était un piège ; il semble suffisamment
sérieux pour qu’on l’ait condamné à l’oubli – et pas assez, sans doute, pour qu’il
soit détruit. Après l’aventure de l’abbé Saunière, ceux qui l’ont eu entre les
mains ont-il su ce qu’il recelait ? J’en doute ; ils s’en seraient
aussitôt débarrassés d’une manière plus radicale, afin qu’il ne puisse
ressurgir. Je pense qu’ils ont seulement deviné l’odeur de soufre qui l’entourait
– c’est le cas de le dire – avant qu’ils ne soient eux-mêmes emportés par l’Histoire.
Je pense qu’ils ont compris son sens obscur, sans savoir exactement à quoi ils
se trouvaient confrontés. Je pense qu’ils ont eu peur, et qu’ils ont laissé ce
manuscrit à la postérité, comme une lettre morte.
    Comprends-tu la signification de cette
découverte, si jamais il s’avérait qu’elle ait la moindre parcelle de vérité ?
Les ossements du Christ ! Les reliques les plus sacrées et les plus
inadmissibles ! Cela voudrait dire qu’il n’y a pas de résurrection de
la chair ! L’existence même des reliques du Christ tuerait jusqu’à l’idée
de cette survivance des corps dans l’au-delà. Cela voudrait dire que, d’une
certaine façon, les cathares avaient raison : que l’Eucharistie n’était
pas autre chose qu’une métaphore. De là, tout l’édifice catholique ne pouvait
que s’effondrer. On ne pouvait que se jeter dans les bras de la secte, qui
offrait la seule alternative encore possible : la résurrection, non de la
chair, mais de l’âme, à travers d’autres vies terrestres, dans d’autres corps, sous
d’autres conditions, jusqu’à l’eschatologie finale. La reconnaissance de ces
reliques, leur divulgation aux yeux du monde, ne pouvaient que signifier la fin
de Rome et de sa puissance séculaire !

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