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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
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un piège !
    Un piège indigne, qui transgressait toutes les
lois de l’honneur.
    Mais Arnaud-Amaury n’avait que faire de l’honneur,
sinon de l’honneur de Dieu. Il avait une mission suprême, qui dépassait toute
autre considération. Et Carcassonne devait tomber coûte que coûte. Le seul
moyen d’y parvenir était, simplement, de la décapiter.
    Peut-être… Peut-être alors trouverait-il le
Secret – le Secret terrible, odieux, insoutenable qui avait brui jusqu’aux
oreilles d’Innocent III.
    — J’accepte que vous me donniez votre
épée, vicomte, dit-il. Vous n’avez pas le choix. Vous avez ma parole qu’aucun
mal ne sera fait aux innocents de votre ville. Je dis bien : aux
innocents , ajouta-t-il en insistant sur ces derniers mots.
    Escartille s’écarta d’un pas.
    Regardant toujours à droite et à gauche, Trencavel
hésita longtemps, écarlate de fureur. Il se préparait à bondir, ses sangs
bouillaient. Mais une dizaine d’arbalètes étaient pointées dans leur direction,
autant d’épées, de haches et de fléaux. Toute tentative d’assaut ou de fuite
était vaine. Il fit sur lui-même un effort démesuré pour contenir sa colère. Puis,
les lèvres tremblantes, écœuré, il dit :
    — Messires chevaliers, sortez d’ici avec
nos hérauts.
    — Par ma foi, dit l’un d’eux, vicomte !
Jamais ! Vous m’entendez ! Jamais !
    —  Sortez ! cria Trencavel d’une
voix puissante. Sortez ou nous périrons tous ! Carcassonne a besoin de
vous et je suis encore votre chef. Alors sortez !
    Il y eut un nouvel instant d’hésitation. Arnaud-Amaury,
qui n’avait pas bougé de son fauteuil, fit un geste de la main en signe d’assentiment.
    Lentement, les chevaliers baissèrent leurs
armes.
    Escartille se tenait tout contre Trencavel. Ils
étaient dos à dos, l’un armé de son épée, l’autre de son enseigne dérisoire. Le
vicomte, sifflant entre ses dents, glissa alors à l’oreille du troubadour :
    — Par Dieu, que ce crime odieux ne reste
pas impuni. Va prévenir mon oncle, le comte de Toulouse, et raconte-lui ce qui
s’est passé.
    Et il ajouta :
    — C’est sur vous que repose désormais le
destin de l’Occitanie.
    Ils furent jetés au-dehors.
    Escartille fut ébloui par la lumière.
    Trencavel abaissa son arme.
    Le cercle se referma sur lui.
    L’escorte, qui était restée à l’écart, guettait
l’issue des négociations ; certains se dressaient sur leur cheval, pour
tenter de distinguer, derrière les barrages qui s’étaient mis entre eux, ce qui
se passait là-bas. Ils virent quelques silhouettes sortir de la tente, mirent
leur main en visière, tournant sur leurs destriers. Ils ne purent rien tenter, perdus
au milieu des nuées de croisés et de routiers qui n’attendaient qu’un signe
pour les dépecer. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Carcassonne
ne tarda pas à capituler à son tour. Cette fois-ci, les habitants sortirent de
la ville sans trop de heurts, sous le contrôle de l’ennemi qui refrénait l’audace
des brigands. Le butin de la ville, immense comme elle, superbe comme elle, fut
trié méthodiquement entre les vainqueurs.
    Mais une autre surprise attendait Escartille.
    Lorsqu’il remonta dans le donjon, il ne trouva
trace ni de Léonie, ni d’Aimery.
    Le troubadour resta quelques instants devant
le petit lit où l’on devinait encore la marque du corps de l’enfant.
    Un rouleau de parchemin s’y trouvait.
    Reviendrez-vous, sire troubadour ?
    À l’heure qu’il est, je ne sais où vous êtes ;
    Je ne sais si votre folie vous a poussé hors les murs de cette ville,
    Je ne sais pas même si vous êtes mort !
    Je n’ai pu me résoudre à abandonner l’enfant
    aux mains de ces mécréants qui nous chassent.
    Je quitte ma ville ! Nous quittons la ville comme des gueux !
    Aimery est avec moi, et le souvenir de vous.
    Si vous lisez ceci, nous trouverons abri quelque part – à Toulouse,
    je l’espère !
    Si vous lisez ceci, rejoignez-nous !
    Je prie pour vous !
    Escartille resta tétanisé quelques
instants.
    Bien sûr. Que pouvait-elle faire d’autre ?
    Puis il se précipita au-dehors.
    Il sortit, ballotté par le flot des habitants
que l’on avait choisi, cette fois, de laisser partir. Autour de lui, on ne
savait trop ce qui s’était réellement passé, ni comment tout cela avait pu
basculer si vite. On murmurait que Trencavel s’était livré de lui-même, pour épargner
la vie de ses sujets,

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