L'énigme de l'exode
abondantes. Une croix en argent, de facture modeste, était suspendue à son long cou. Elle se releva en baissant la tête et ses cheveux lui retombèrent sur le visage comme un rideau de perles.
— Qui êtes-vous ? demanda Augustin.
— Je suis venue vous examiner, répondit la jeune femme. Je n’en ai pas pour longtemps.
— M’examiner ?
— M’assurer que vous n’avez rien de cassé, aucune fracture.
Elle fronça les sourcils, peut-être surprise par l’accent français d’Augustin.
— Vous savez ce qu’est une fracture ?
— Oui, je sais ce qu’est une fracture, répliqua Augustin. Et s’il y en a une ?
Elle jeta un regard de défi à Griffin.
— Alors je vous emmènerai à l’hôpital, déclara-t-elle.
Augustin haussa les sourcils, songeur.
— Je crois bien que j’ai quelque chose de cassé, déclara-t-il en posant la main sur ses côtes endolories, qui l’empêchaient de respirer.
Un petit rire semblable à un hoquet échappa à la jeune femme. Elle porta la main à sa bouche, comme si elle venait de faire quelque chose de grossier. En dépit de la situation, Augustin éprouva une certaine sympathie pour elle.
— Donc vous êtes médecin ? lui demanda-t-il.
— Pas vraiment.
— J’ai eu un grave accident. Je pourrais être grièvement blessé. Je dois voir...
On frappa à la porte. Un jeune homme aux cheveux blonds coupés en brosse passa la tête à l’intérieur de la pièce.
— Quoi encore ? s’écria Griffin, visiblement irrité.
— La compagnie aérienne demande à vous parler, murmura le jeune homme.
— Je suis occupé.
— La carte de crédit est à votre nom. C’est à vous qu’ils veulent parler.
Prisonnier de ses responsabilités, Griffin poussa un soupir d’exaspération.
— Examinez-le et allez-vous en, ordonna-t-il à la jeune femme. Et ne le laissez pas vous tirer les vers du nez.
— Bien, obéit-elle.
— Ramiz est à la porte. En cas de problème, appelez-le. Il saura quoi faire.
— D’accord.
La porte se referma derrière Griffin. Lorsqu’il entendit la clé tourner dans la serrure, Augustin sourit à la jeune femme.
— Bon, dit-il en se frottant les mains, et si vous m’auscultiez, maintenant ?
III
Pendant le premier quart d’heure, Knox craignit que Peterson ne découvre sa présence dans le coffre du Toyota. Mais au bout d’un moment, il finit par s’ennuyer. Il en oublia qu’il se trouvait dans le véhicule d’un homme qui, sans doute, avait par deux fois essayé de le tuer.
Apparemment, ils circulaient sur une route très fréquentée. Et d’après l’angle des rayons du soleil, ils se dirigeaient vers le sud, sans doute vers le Caire. Mais pourquoi ? Au bout d’environ deux heures, Peterson freina brusquement. Knox fut projeté contre la banquette arrière et entendit le clignotant. Le Toyota déboîta et s’arrêta. Peterson sortit et dévissa le bouchon du réservoir, situé juste à côté de la tête de Knox. Ils étaient à une station-service. Knox demeura totalement immobile ; le moindre mouvement aurait trahi sa présence. Une fois le bouchon remis en place, il discerna des bruits de pas. Il se remit à respirer normalement et se redressa juste à temps pour voir Peterson entrer dans la boutique où se trouvait la caisse. Il se précipita sur la banquette arrière avec l’intention de s’enfuir, mais il aperçut des feuilles posées sur le siège du passager. La première était une impression du journal des fouilles de Gaëlle, où figurait cette photo d’elle devant sa chambre en compagnie de deux archéologues de l’équipe de Fatima. Knox se figea et regarda la feuille suivante. Il s’agissait de l’itinéraire à suivre pour se rendre au complexe de Fatima, à Hermopolis. C’était donc ça ! Peterson était hanté par l’idée que les photos de son site se trouvent encore sur l’ordinateur de Gaëlle.
La porte de la boutique claqua. Knox vit Peterson revenir, mais il était trop tard pour qu’il retourne dans le coffre. Il se tapit derrière le siège du conducteur.
Chapitre 41
I
— La compagnie aérienne ? s’enquit Augustin. Vous partez quelque part ?
La jeune femme sourit avec méfiance.
— Je suis là pour m’assurer que vous allez bien, répondit-elle, pas pour discuter.
— Et si je ne vais pas bien ? Je crois que je suis grièvement blessé. Je dois voir un vrai médecin.
— Vous faites preuve d’une résistance remarquable pour un homme à l’article de la mort. Je
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