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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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la morale, l’inceste étant
prohibé, notamment dans les sociétés indo-européennes.
    Mais ce qu’on oublie, ou ce qu’on ignore, c’est que le
Sphinx propose à Œdipe une seconde énigme qu’une tradition grecque différente
de celle conservée par Sophocle nous révèle : « Ce sont deux sœurs
dont l’une engendre l’autre et dont la seconde est à son tour engendrée par la
première. » Œdipe, qui est décidément aussi fort que le jeune homme qui s’attaque
à la Grande Bête à tête d’Homme, n’hésite pas à répondre : « C’est
facile, ce sont la Nuit et le Jour. » Œdipe a gagné, le Sphinx se jette du
haut de la falaise, ce qui signifie qu’il abandonne son aspect terrifiant pour
prendre les formes aguichantes de Jocaste, la femme des rêves d’Œdipe. « Au-delà
de la copulation inimaginable, la seconde énigme implique l’existence cosmique,
dans une sorte d’autisme à deux, d’une relation fusionnelle, génératrice du
temps de l’homme [129] . » Cet « autisme
à deux », n’est-ce pas l’amour absolu et partagé de Tristan et Yseult, le
couple essentiel mais noir constitué par Lilith et Sammaël, et, plus près de
nous, l’histoire étrange et complexe de Mélusine et de Raimondin ?
    Car Mélusine est une sorte de Lilith intégrée dans un contexte
occidental marqué par le Christianisme, ne serait-ce que par le fait que la
famille de Lusignan, célèbre dans la reconquête de la Terre Sainte, a voulu
trouver en elle son ancêtre mythique, et qu’elle a encouragé la rédaction des
récits sur cette étrange femme-fée issue des origines, mais incarnée
physiquement autant que symboliquement dans un cadre historique bien déterminé.
Or, d’après ce qu’on sait de la légende de Mélusine, celle-ci est une fée de la
lointaine et mystérieuse Écosse qui s’est révoltée contre l’autorité paternelle
et donc masculine, exactement comme les filles du roi de Grèce exilées en
Grande-Bretagne. Elle est châtiée par sa mère, Pressine, et condamnée à revenir
sur terre sous forme de femme (sauf un jour par semaine, où, se réfugiant dans
une grotte, elle revêt sa forme ambivalente de femme-serpent, pour se baigner
dans les eaux primordiales) afin d’y acquérir une âme .
Car, la légende le déclare expressément, les êtres
féeriques n’ont pas d’âme . Et si Mélusine veut être sauvée, elle qui est
une fée déchue, qui perd de ce fait son immortalité, et qui est évidemment
comparable au Dragon tombé dans l’Abîme, tout en conservant ses ailes, elle
doit conquérir l’amour d’un homme et mériter par son comportement de devenir
une vraie chrétienne, c’est-à-dire d’acquérir une âme [130] .
    Qui est donc cette Mélusine qui, par bien des côtés, est
peut-être une fille de Lilith, ou bien même une réincarnation de celle-ci ?
Ce nom, qui prête à de nombreuses interprétations, est en fait un nom générique ;
et c’est ce que nous rapporte, au XVI e  siècle,
un certain Théophraste Bombast de Hohenheim, médecin et alchimiste, plus connu
sous le nom de Paracelse. Il écrit à ce propos : « Les Mélusines sont
des filles de rois, désespérées à cause de leurs péchés. Satan les enleva et
les transforma en spectres, en esprits malins, en revenants horribles et
monstres affreux. On pense qu’ elles vivent sans âme
raisonnable dans un corps fantastique , qu’elles se nourrissent des
éléments et qu’au jugement dernier, elles passeront avec eux, à moins qu’elles
ne se marient avec un homme. Alors, par la vertu de cette union, elles peuvent
mourir de mort naturelle, comme elles peuvent vivre naturellement dans le
mariage. De ces spectres, on croit qu’il y en a plusieurs dans les déserts, dans
les forêts, les ruines, les tombeaux, les voûtes vides et les bords de la mer. »
Incontestablement, les termes employés par Paracelse ne sont pas éloignés de
ceux qui définissent Lilith, ou le Dragon ailé, ou même le comte Dracula – en
version féminine –, surtout lorsqu’il est question d’un « corps sans âme »,
ce qui nous renvoie bien évidemment au Livre d’Abramelin
le Mage .
    Paracelse introduit indiscutablement l’élément diabolique dans
le schéma mythologique de Mélusine. Il écrit aussi : « Mélusine était
une nymphe possédée par l’esprit du Malin. Elle connaissait fort bien la
sorcellerie et participait à ses rites. Il s’ensuivit une superstition voulant
qu’elle fût

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