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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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prolonger un semblant d’existence, entre ciel et
terre.
    Il faut en revenir à la tripartition originelle de l’être
humain telle qu’elle a été définie par la théologie hébraïque : corps, esprit,
âme. Les thaumaturges, les magiciens, les nécromants prétendent détenir le
pouvoir de redonner la vie aux corps morts. Mais tout dépend de ce pouvoir :
est-il absolu, comme celui qu’on prête au Christ, ou simplement relatif, ce
pouvoir étant borné à redonner l’ apparence de la vie ,
et seulement cela ? Cette question débouche sur le cas des zombies , ces non-morts et pourtant défunts que des
sorciers noirs d’Amérique, surtout en Haïti, prétendent animer et faire agir
selon leur volonté à eux. La grande majorité des Haïtiens croient à la réalité
des zombies, et cette croyance s’est étendue à la plupart des pays d’Amérique
latine, propagée par cette curieuse religion syncrétique qu’on nomme le Vaudou,
lequel mêle allégrement des données catholiques, des éléments venus d’Afrique
noire et des vestiges de chamanisme amérindien.
    Il ne s’agit pas de vampires à proprement parler, puisque le
zombie n’a pas besoin de sucer le sang des autres : le pouvoir qu’a le
sorcier sur lui suffit à l’animer. Ce sorcier agit généralement pour son propre
compte, afin de prouver autour de lui sa puissance et de profiter largement de
la terreur respectueuse qu’il pourrait inspirer, ou encore, moyennant finances,
pour assouvir la vengeance d’un « client » contre un ennemi. La victime
est morte, ou soi-disant telle. La nuit qui suit les funérailles – et, dans ces
pays chauds, l’enterrement a généralement lieu quelques heures après le trépas
–, le sorcier, appelé bokor en Haïti, déterre
le cadavre et l’anime au moyen de formules magiques dont il garde jalousement
le secret. Tout cela mérite réflexion.
    Car il semble qu’il y ait une bonne part de charlatanisme
dans cet usage immodéré des zombies. On cite notamment le cas d’une certaine
Haïtienne du nom de Natagette Joseph, morte en 1966 au cours d’une rixe, et qui
fut reconnue treize ans plus tard, errant près de son village natal, par l’officier
de police qui avait dressé l’acte de décès. Avait-elle été vraiment tuée au
cours de cette rixe, et le policier ne s’était-il pas trompé dans son
diagnostic ? Un autre cas est moins douteux, celui de Francina Illeus, qui
mourut chez elle, le 23 février 1976, après avoir subi une opération dans un
hôpital. Le décès fut dûment constaté, mais, trois ans plus tard, en avril 1979,
des paysans l’identifièrent. Elle était émaciée, se cachait le visage de ses
mains croisées et répétait sans cesse qu’elle était morte de maladie trois ans
plus tôt. On la confia à un psychiatre qui ne sut quoi penser, mais lorsqu’on
ouvrit sa tombe, on s’aperçut que celle-ci était pleine de cailloux.
    Mais le psychiatre et neurologue Lamarque Douzon, qui fut
chargé d’une enquête sur les zombies, au cours des années 1950, eut à examiner
le cas d’un certain Clairvius Narcisse, dont la mort avait été officiellement
constatée par deux médecins américains. Au lieu de l’enterrer immédiatement, comme
c’était la coutume, on mit le corps en chambre froide pendant une vingtaine d’heures
avant d’autoriser l’inhumation. Or, dix-huit ans plus tard, Clairvius Narcisse
retourna chez lui. Il se fit reconnaître en rappelant à sa sœur le surnom dont
on l’affublait lorsqu’ils étaient enfants. Il raconta alors qu’il avait été « zombifié »
à la demande de son propre frère pour une question d’héritage. Au sortir de la
tombe, toujours selon ses dires, il avait été battu et ligoté, puis on l’avait
emmené dans le nord du pays où il avait dû travailler comme esclave, au milieu
d’une équipe d’autres zombies. Mais à la mort de leur maître, les zombies
avaient recouvré leur lucidité et leur liberté, le sortilège s’étant dissipé
immédiatement.
    Le problème réside dans l’existence de drogues très
efficaces que l’on peut faire absorber au futur « zombie » et qui lui
donnent l’apparence clinique de la mort. La première nuit qui suit les
funérailles, le bokor déterre alors la victime
et lui fait absorber l’antidote qui la ranime. Le contrepoison lui restitue ses
facultés vitales, mais elle reste mentalement liée à son maître, probablement
sous l’effet d’une autre substance

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