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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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démonta le pommeau d’ivoire et découvrit un gros sifflet dissimulé sous la poignée à vis. M. de la Harpe était présent et pleurait de la bile !
    — Il n’y a pire disgrâce que d’être ainsi ridiculisé en public, soupira, sentencieux, M. de Noblecourt.
    Nicolas jeta un regard sur Aimée qui demeurait la tête baissée sur la musique. Le vieux procureur le tira par la manche et le conduisit vers la croisée.
    — Qu’y a-t-il Nicolas, vous me paraissez accablé.
    Il jeta sur le commissaire un regard aigu.
    — C’est Balbastre, n’est-ce pas ? Et Aimée qui boude. Allons, allons, le présent n’est jamais le passé.
    — Veuillez m’excuser auprès de vos hôtes. Le devoir m’appelle.
    En un instant il avait disparu. Il marcha longtemps dans Paris sous l’éclat blafard et moqueur de la pleine lune. Il n’avait ni dîné ni soupé et regagna l’âme lourde l’hôtel de police.

X
    CARTONS DÉCOUPÉS
    « Je me trouvai dans une forêt sombre.
    Le droit chemin se perdait égaré. »
    Dante
    Jeudi 30 mai 1782
    Après une mauvaise nuit dans cette chambre étrangère, le réveil fut difficile. La veille, mercredi, rien n’était allé comme il le souhaitait ; point d’informations et sa quête de nouveaux indices s’était avérée vaine. Il semblait à Nicolas qu’une éternité se fût écoulée depuis que sa mission avait pris un tournant macabre avec la mort du comte de Rovski. Il respira profondément, essayant de chasser toute l’oppression des cauchemars nocturnes. Le visage d’Aimée penché sur Balbastre lui revint en mémoire. La jalousie n’avait pas lieu d’être et seule l’indifférence ironique manifestée à son égard par la jeune femme l’avait blessé plus qu’il ne le voulait admettre. Après une rapide toilette, il revêtit en ce jour de la Fête-Dieu son habit ivoire où le cordon de Saint-Michel et la croix de Saint-Louis jetaient des éclats noir et rouge. Il devait accompagner le comte et la comtesse du Nord qui assisteraient aux cérémonies de Notre-Dame. En bas de l’escalier, il eut l’heureuse surprise de trouver Bourdeau, Gremillon et Rabouine qui l’attendaient. Un conseil de guerre s’ensuivit dans le jardin de l’hôtel, là où aucune oreille indiscrète ne viendrait les écouter. En demeurant discret sur les confidences de Sartine, Nicolas attira leur attention sur les mesures à prendre pour la sûreté des hôtes de la France. Certes l’incognito maintenu de la visite gênait la protection proche du prince, mais Le Noir avait mobilisé en nombre la police pour surveiller les parcours. Pour le reste, Nicolas intima à Rabouine de rameuter leurs propres mouches et autres espions de police pour que la foule fût surveillée au plus près. Quant à Bourdeau, il prendrait en charge dès son arrivée un certain M. Galbraith dont le signalement laissait supposer qu’il pût s’agir du mystérieux M. Smith.
     
    À l’arrivée de l’Hôtel de Lévi, le prince l’accueillit avec chaleur et l’invita à monter dans son carrosse avec la comtesse du Nord, la baronne d’Oberkirch et le prince Kourakin. En ce beau jour de printemps, la capitale du royaume bruissait de la rumeur des grands jours. Sur le parcours, toutes les maisons étaient tapissées et à chaque carrefour d’imposants reposoirs ornés de colonnes et de bas-reliefs concouraient à l’édification de foules endimanchées. Ces édifices faisaient l’occupation et l’orgueil de tout un quartier. Des pétales de roses parsemaient le chemin. Qui eût cru, au vu de la multitude assemblée,que la ville comptât tant d’incrédules ? Le comte du Nord s’exaltait devant la ferveur de la foule, son épouse, plus mesurée, commentait avec un rien de réserve le spectacle qui défilait devant leurs yeux. Il est vrai qu’étant avant sa conversion de la religion réformée, ces démonstrations, ce déploiement de faste, et l’ostentation de la richesse du clergé, ne pouvaient lui complaire.
    Le carrosse parvint devant le sanctuaire alors que débouchait la procession du Saint-Sacrement. Le spectacle était magnifique. Au son des musiques militaires, couvert régulièrement par des décharges de mousqueteries, défilait en majesté la suite colorée des cardinaux, des cordons bleus, des évêques, des présidents du parlement en robe rouge et hermine, des chanoines et vicaires du diocèse revêtus des chasubles et chapes précieuses sorties des trésors des églises. Rien ne

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