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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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mi-plaisant, mi-ironique.
    — M. de Sartine m’avait heureusement fait rassurer sur votre sort et j’avais espéré qu’on vous prévînt que j’étais sauf. Imaginez mon angoisse quand vous fûtes précipitée sur la chaussée.
    Catherine arriva avec le quatrième couvert, ce qui fit diversion.
    — Ma bonne Catherine, dit Noblecourt, quel régal nous avez-vous mitonné ? Je n’ai sur l’estomac que le pain bénit de Saint-Eustache et Nicolas, et sans doute Mlle d’Arranet, ont-ils tous deux besoin de se réconforter.
    — Tout d’abord, des homards que j’ai fait chercher à la Halle abrès l’arrivée de Nicolas. Zimplement traités en ragoût. Je barde les grosses bêtes et je les emmaillote dans des bandes de linges, blacés dans un poêlon, ils cuizent au four. Pas trop, juste pour bouvoir éblucher et tirer la chair et tronçonner. Les morceaux, je les basse au beurre, avec fines herbes hachées, ciboule, sel, poivre, muscade. Alors juste avant de vous les servir, je bilonne le dedans de la tête avec un filet d’huile d’œillette, un trait de vinaigre rosat et un petit verre de jus d’orange. Le homard chaud et qui commençait à dessécher s’imbibe et se rebaît de cette sauce et y retrouve son moelleux. Mais j’y cours. J’entends Marion qui me hèle !
    — Nous ne saurons pas la suite, mais si elle est égale au préambule, nous pourrions nous satisfaire du volume in-folio !
    Aimée, qui paraissait avoir oublié sa rancœur, demanda à Nicolas le récit de son aventure. Celui-ci fut vingt fois interrompu par Louis qui pressaitson père de questions sur le détail de l’événement. Noblecourt se félicita de la sollicitude de Sartine.
    — Certes, dit Nicolas, j’étais l’agneau qu’on promène pour attirer le loup. Il s’en est failli de peu que je succombe. Les fins tireurs de Sartine auraient pu manquer mes agresseurs. Alors c’en était fait de moi.
    — À quoi pensiez-vous, mon père ?
    — À vous, Louis, à mes amis, au roi et, the last but not the least, à vous, Aimée.
    Il s’était levé et lui baisait la main.
    Il y eut un mouvement d’émotion général. Noblecourt toussait, Louis fixait le plafond et Aimée se tamponnait les yeux avec sa serviette. Catherine le rompit en apparaissant avec le plat de homard fumant. Poitevin la suivait avec une carafe de vin rouge qui intrigua Nicolas.
    — C’est, répondit Noblecourt, un présent du duc de Richelieu, mon vieil ami. Il me fait tenir ce nectar issu de son vignoble de Fronsac. Il y avait d’ailleurs fait bâtir une folie où il donnait, alors gouverneur de Guyenne, des fêtes très courues. C’est ce même vin que le feu roi goûta médiocrement. Pour ma part, je m’en régale et je suis heureux et fier d’en posséder quelques barriques dans ma cave.
    Aimée raconta alors comment elle avait été recueillie par une voiture de la cavalcade de Sartine et reconduite à Fausses-Reposes. On se divertit ensuite des menus incidents du bal de la veille. Noblecourt était particulièrement en verve, n’ayant aucun représentant de la Faculté qui freinât sa gourmandise. Catherine apporta le plat principal.
    — Voici, dit-elle l’air fiérot, du canard à la sauce orientale.
    — C’était d’obligation au milieu de nos contes ! Et le récit de votre manière, ma mie ? claironna Noblecourt, qui abusait du vin de Fronsac.
    — Diable, il y vaut la main ! On doit ouvrir les canards par le dos pour retirer la chair et laisser enzemble la beau sans rien défigurer. Cette chair en farce va remblir la défroque avec du lard, des dattes du Levant, du limon confit, des macarons bilés et des bistaches. Sel, cannelle et poivre. Remettre alors la chair dans l’enveloppe de beau cousue. À la broche enzuite en arrosant de vin blanc doux. Quant à la sauce, limon, cannelle encore avec un peu de miel et un trait de vin de Malaga. Et autour des racines de céleris sautées avec un ébarbillement de grains de grenades. On se bourlèche !
    — Diable ! Ne trouvez-vous pas que notre Catherine élargit son registre ?
    Une compote de cerises conclut le festin. Aimée entraîna Louis à la maison de Montreuil de Madame Élisabeth. La sœur du roi, à qui le jeune officier avait été présenté la veille, souhaitait lui faire visiter ses jardins. M. Le Monnier, botaniste du feu roi, l’avait initiée à l’étude des plantes et entraînée à de fréquentes herborisations dans le bois de Satory, dans les

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