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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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d’elle. Elle est consciente, la tête baissée et la mâchoire serrée à ce que montrent les gonflements convulsifs de ses joues. Le mot fureur correspond seul à l’état qui la domine. Nicolas se baisse, lui relève la tête sans excès de douceur, la considère et d’une voix sèche l’interroge.
    — Madame, au nom du roi, veuillez me répondre. Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?
    Elle ne répond pas, le regard seul s’est levé sans ciller.
    — Madame, je répète ma question. Êtes-vous la soi-disant princesse de Kesseoren ?
    Elle ne répond toujours pas. Insister ne servirait à rien, mais elle ne perd rien pour attendre.
    — Qu’on l’emmène.
     
    Après avoir vérifié que la voiture portant Bourdeau à Vaugirard est bien partie, il s’attache, aidé par Rabouine, à la fouille systématique de la chambre de la princesse. Il découvre des armes, outre celles dont elle a usé contre lui et Bourdeau. Nicolas comprend pourquoi elle a si longtemps échappé aux recherches de la police ; dans un placard est empilée une collection complète de tenues disparates, de chapeaux, de perruques et de postiches. Rabouine sonde les murs, s’insinue sous le manteau de la cheminée, déclenchant une avalanche de suie dont il ressort plus noir qu’un Savoyard 67 . De papiers, point. En revanche, du rebord internede la cheminée, il extrait plusieurs rouleaux de louis enveloppés de papier.
    La mouche ensuite ouvre la fenêtre et pousse un cri de triomphe. Il vient de remarquer une mince ficelle qui, accrochée à la barre d’appui de bronze, soutient quelque chose, dissimulé plus bas dans la gouttière et les chéneaux. Il tire et ramène un petit paquet plat enveloppé dans du papier huilé imperméable. Il tend l’objet à Nicolas, qui rompt la ficelle et le déballe. Un épais parchemin apparaît avec un sceau que Nicolas reconnaît comme celui de l’empire russe : un aigle bicéphale couronné, tenant en ses serres un globe et un sceptre. Le texte manuscrit est en langue russe. Il va falloir à nouveau recourir à M. Radot pour en comprendre la teneur. Il le replie et l’enfouit dans sa poche. Il ordonne qu’on mette des scellés sur la maison. La comtesse Szrawonski aura des comptes à rendre pour avoir donné asile à un ennemi de la couronne. Il descend, emprunte le cheval d’un exempt et pique des deux pour rejoindre la demeure de Semacgus à Vaugirard.
     
    Son cheval, carne rétive, lui ayant fait, à deux reprises, vider les étriers, il a dû courir pour le rattraper et le maîtriser. Il parvient à la Croix-Nivert avec beaucoup de retard et confie la monture au cocher de Semacgus. Il se rue à l’intérieur de la maison. Personne dans le salon, ni dans l’office. Il entend des voix venant de la salle où le chirurgien prend ses repas. Il s’y précipite. La pièce est bellement éclairée ; il voit Semacgus en chemise et, près de lui, Awa qui tient une bassine. Il ne les distingue que de dos. Ils sont inclinés sur la table où les vestiges du souper ont été enlevés et traînent çà et làsur le sol. Il s’approche. Bourdeau, les yeux clos, est étendu sur la table. Nicolas en éprouve un choc tant l’image le renvoie aux séances de la basse-geôle. Il est dénudé jusqu’à la taille et Semacgus paraît être sur le point de lui placer un pansement. Il s’aperçoit de la présence du commissaire.
    — Nicolas, vous tombez à pic. Vous allez m’aider. Je dois placer une bande pour fixer un emplâtre. À nous deux nous allons le relever tandis qu’Awa nouera la toile. Allons.
    — Il est inconscient ?
    — Oui, non. Enfin je vous expliquerai, ensuite.
    Semacgus place sa main à plat sous le côté droit du dos de Bourdeau, Nicolas aide le mouvement à l’épaule gauche. Awa pose la bande et la noue. Bourdeau est à nouveau allongé.
    — Il s’agit maintenant de le coucher. J’ai fait installer un lit dans ma bibliothèque. Ainsi je l’aurai sous la main pour le mieux surveiller.
    Le cocher est appelé à l’aide. Bourdeau est placé sur un drap dont les quatre coins vont être soutenus par Semacgus, Awa, Nicolas et le serviteur. Il est ensuite couché et dévêtu. Une veilleuse seule donne à la pièce, emplie de livres et d’étranges objets ramenés par le chirurgien de ses escales lointaines, un aspect sinistre. On croirait un mort qu’on veille, se prend à penser Nicolas.
    Pendant qu’Awa s’affaire à remettre de l’ordre, Semacgus ouvre un

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