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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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nouvelles ?
    — Oui, je l’ai fait conduire chez Semacgus. Il est entre de bonnes mains. Sa blessure sera sans conséquences. J’ai prévenu Mme Bourdeau. Et toi, tu as reçu la dame ?
    — La grosse greluche a été placée en cellule. Le médecin de quartier l’a examinée et pansée. Elle n’a même pas d’os cassé, la garce ! Tout au plus du plomb dans la cuisse, que le docteur a extirpé. Elle gueulait, tu peux m’en croire, comme chez nous quand on égorge le cochon. Ah, la crapoussine ! Et elle est habillée en homme !
    — Gremillon est encore là ?
    — Je crois bien. Il pensait, contrairement à moi, que tu repasserais ici.
    Et, de fait, Gremillon surgit.
    — Comment se porte M. Bourdeau ?
    — Vu sa blessure, point trop mal et Semacgus veille sur lui. Sergent, vous m’allez aider. Il faut envoyer un messager à M. Radot, rue de l’Orangerie à Versailles. Qu’on me le ramène ici et je veux dès à présent interroger la princesse.
    — Est-elle en état ?
    — C’est ce que le docteur nous dira. Mais j’en ferai à ma tête ; le temps presse.
    Ils gagnèrent les cellules. Le médecin de permanence se heurta à eux et fut aussitôt interrogé.
    — Elle a perdu du sang, mais vu l’ardeur avec laquelle elle m’a dégoisé des injures, elle peut certainement être interrogée. Je lui tirerai une palette demain matin.
     
    Dans la cellule, le spectacle était curieux. Assise sur sa couchette, le dos au mur, ses grègues ôtées, ses jambes épaisses dénudées, la gauche portant pansement, le pourpoint ouvert, entravée par une chaîne reliée à un anneau fixé à la muraille, la princesse de Kesseoren offrait l’image d’un fauve capturé. Cette masse échevelée jeta un regard haineux sur le commissaire. Gremillon taillait une plume avec un canif. Derrière lui, le père Marie portait un plateau-écritoire, du parchemin et un encrier. Nicolas avait demandé au sergent de noter l’interrogatoire dans ses détails les plus menus. Des tabourets furent apportés par un geôlier qui ne dissimulait pas son mécontentement d’avoir à œuvrer si tard.
    — Madame, dit Nicolas. Je suis commissaire aux affaires extraordinaires chargé au nom du roi de vous interroger.
    Elle se redressa dans un grand bruit de chaînes.
    — Je suis étrangère et n’ai rien à vous dire. Je proteste contre l’agression perpétrée contre moi par des bandits qui se sont introduits de nuit dans ma maison.
    — D’abord, madame, comment vous nommez-vous ?
    — Je suis la princesse de Kesseoren, sujet de Sa Majesté impériale russe.
    — Et de surcroît, dit-on, dame à portrait ?
    Elle ne répondit pas.
    — Soit. Voici un premier point d’établi. Que faites-vous en France ?
    — Je voyage pour mon plaisir avant d’aller prendre les eaux en Allemagne.
    — Pourquoi habitez-vous Meudon ?
    Il y eut comme une imperceptible hésitation.
    — C’est une maison que j’ai louée pour le bon air de sa situation.
    — À qui ?
    — Cela s’est fait par truchement de notaire.
    — Qui est-il ?
    — J’ai oublié son nom.
    — Soit. Est-ce votre premier séjour dans le royaume ?
    — Le premier, monsieur.
    — Je constate, madame…
    — Madame la princesse.
    — Je constate que la femme qui se prétend être la princesse de Kesseoren a répondu à six reprises faussement à nos questions. Notez cela, je vous prie.
    — Vous m’outragez, monsieur. Veuillez faire prévenir le ministre de Russie.
    — Madame, je vous invite à modérer votre courroux. Vous vous présentez à moi en bel équipage et soutenez avec indécence des faussetés avérées.Vos déportements sont condamnables au regard des charges qui pèsent sur vous.
    — Lesquelles ? Lesquelles ? hurla-t-elle.
    — Vous mentez et je vais vous débiter quelques vérités qui appuient nos présomptions. Premièrement, ce n’est pas votre première visite à Paris. Deuxièmement, Kesseoren n’est pas votre nom, en tous cas pas plus que Dabout-Spada, Brienne, ou Bruth. Voyez que nous vous suivons à la trace depuis longtemps.
    — Est-ce un crime de voyager incognito ?
    — Certes non, sauf lorsque ce choix s’accompagne d’actes si délictueux que l’un ne va pas sans l’autre.
    — Que voulez-vous dire, monsieur ? Et de quoi m’accuse-t-on ?
    — Vous êtes en premier lieu suspectée d’avoir usé de fausses relations pour former des liaisons ainsi que des intrigues et d’avoir trompé les

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