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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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remerciement, le roi finança la décoration de leur église. En bas du tableau figure Colbert avec à ses pieds des chaudrons débordant d’écus, symboles de sa bonne gestion des finances du royaume.
    — Que ne fait-on encore pareillement appel à eux, et surtout aux autres, en ces temps de déficit ?
    La sonnerie de la montre à répétition de Nicolas fit entendre son petit tintement.
    — Bigre ! Déjà quatre heures de relevée. Comme le temps passe. C’est cependant la bonne heure pour faire visite au tripot indiqué par Veyrat.
    — Au coin des rues Saint-Honoré et de la Sourdière. Pourquoi toujours dans ce quartier-ci trouve-t-on ces lieux clandestins de jeu ?
    — As-tu jamais lu le rapport de nos confrères Rochebrune, Delafleutrie et Chenu qui, il y a vingt ans de cela, enquêtèrent sur ce phénomène ? La rue Saint-Honoré à elle seule regroupe le quart des perquisitions opérées, suivie par quelques rues avoisinantes, l’Arbre sec, Croix-des-Petits-champs et d’Orléans.
    — Cela correspond en gros à des lieux de galanterie, maisons de débauche, que nous connaissons bien. Les vices s’aimantent les uns aux autres.
    — Tu sais les difficultés rencontrées par nos gens dans les contrôles. Mille obstacles et pièges sont mis en place pour retarder leur entrée et permettre la fuite des joueurs. Souterrains, couloirs dérobés, et passages secrets sont autant de voies d’accès ou de dégagement. Il y a des grilles, des guichets et des miroirs d’observation. Rien ne peut rivaliser avec l’astuce des tenanciers. Pierre, as-tu jamais joué ?
    Il y eut un silence.
    — Jadis, un peu, à mes débuts. Lardin m’y avait entraîné, mais je compris assez vite les périls de cette passion. Jean-Jacques m’y a aidé, qui condamne le jeu dans ses écrits. Et puis je me mariai et tu connais Mme Bourdeau, elle tenait la queue de la casserole et aurait aussitôt traversé mon péché.
    — Faisons-nous passer pour des joueurs impénitents. Autour de ces maisons patrouillent toujours des rabatteurs.
    — Recrutés pour la plupart chez d’anciens joueurs ruinés qui payent leurs dettes de cette façon.
    — Nous descendrons de la voiture avant notre destination et nous déambulerons l’air badaud.Gageons que nous intéresserons quelque embaucheur. Et comme nous sommes inconnus, car point chargés de la police des jeux, il y a de grandes chances qu’on ne nous prenne pas pour ce que nous sommes.
    La mise en scène fut respectée point par point. Au bout d’un petit quart d’heure, leur lent cheminement, faussement innocent, fut interrompu par un petit homme pauvrement vêtu, chapeau hors d’âge et souliers fatigués. Il se plaça sur la même ligne que les deux policiers et se mit à murmurer entre ses dents sans les regarder.
    — Ces messieurs se promènent sans doute ? Recherchent-ils l’un des divertissements que procure notre bonne ville ? Pas loin, d’accortes nymphes vous attendent, qui seraient trop heureuses de vous embarquer pour Cythère.
    — Le maraud a des lettres, marmonna Bourdeau, la bouche de travers.
    — Je vois, dit l’homme devant leur silence maintenu. Ces messieurs sont des amateurs appétés aux émotions qu’offrent ces petites figures colorées qu’on tient en main et qu’on jette au hasard. Je connais, messieurs, une bonne maison, honnête et fréquentée par le beau monde de la cour et de la ville. On y joue au brelan, au biribi, au pharaon, à l’hombre et à la bassette. Au choix, au choix !
    Il leur glissa un petit carton puis, d’un bond, s’écarta et se dirigea vers la rue Gomboust.
    — Nous l’avons bellement hameçonné, le bougre ! Voyons un peu ce qu’il nous propose : «  Rue de la Sourdière, au premier au-dessus de l’entresol. Académie de l’Horloge. Jusqu’à minuit. » Bon ! Nous voilà à pied d’œuvre. Peignons sur nos visages la candide apparence du provincial encanaillé !

    La maison désignée comprenait au rez-de-chaussée une boutique désaffectée et fermée. Un sombre couloir courait à sa droite. Ils l’empruntèrent et au premier tombèrent sur une porte à judas de belle apparence qui contrastait avec la pauvreté générale de la demeure. Ils soulevèrent le marteau. Au bout d’un moment, le guichet s’ouvrit et, sans qu’ils puissent distinguer le visage de leur interlocuteur, une voix s’éleva.
    — Que veut-on ?
    Était-ce un homme ? Une femme ? Il y avait incertitude à le

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