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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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de consternation et de désespoir de voir détruit un vaisseau portant son nom et qu’elle avait financé.
    — En fait, la capitale est tout feu tout flammes en raison de l’arrivée du comte et de la comtesse du Nord. L’un très laid, l’autre très grosse !
    — Un boulet ramé ! s’exclama l’amiral.
    — Mais comment se peut-il qu’un fermier généralsoit mieux informé que le premier valet de chambre du feu roi ? demanda Semacgus.
    — La finance est source d’information, messieurs, et le sera chaque jour davantage. C’est l’esprit du temps. Il semble à ce qu’on rapporte que de Grasse n’a point la dignité qui sied au malheur. On assure que le roi d’Angleterre, le recevant, lui aurait dit «  je vous reverrai avec plaisir à la tête des armées françaises  » et que notre bon marin n’a pas saisi le sel ironique du compliment.
    — Allons, allons, dit Noblecourt. Ne nous attristons point par ce fâcheux épisode d’une guerre que nous allons gagner. Voici le saucisson et le vin de sureau.
    Catherine apparaissait, un plateau dans les mains. Chacun se précipita.
    — Ce petit goût de fumé est délicieux.
    — Et ce ferme, si moelleux !
    — Et cet assaisonnement, à la fois présent et subtil !
    — Une rondelle appelle aussitôt sa compagne, dit Louis, regardant Catherine et désignant l’assiette vide.
    — Alors, mon garçon, dit l’amiral, et cette vie de garnison, que t’en semble ?
    Louis se leva et se mit au garde-à-vous.
    — Repos, repos. Voilà bien des manières. Hum, je veux dire d’excellentes manières.
    — C’est hélas la routine. Des exercices, toujours des exercices, de la théorie. Et la guerre se poursuit sans que nous y participions. Heureusement il y a les montures.
    — Es-tu satisfait de la monture que t’a offerte Monsieur ?
    — Non seulement elle m’a valu bien des envieux par son éclat, mais, dans les prémices, elle s’avérarétive et capricieuse. Elle ne cessait de rebuter 22 . En alternant douces paroles, comme vous me l’avez appris, mon père, et quelques étrillades nécessaires, je l’ai tenue haut à la main et suis parvenu à la manier 23  !
    — Bien ! Écuyer à l’instar de son père. Pour les guerres, ne t’emballe pas, mon garçon, il y en aura toujours assez pour délurer les sangs trop chauds !
    — Et puis il y a le cercle, le jeu, les femmes, ajouta Semacgus, gaillard.
    Louis rougit et Nicolas jeta un regard courroucé sur Semacgus qui, confus, baissa la tête. Le retour de Catherine fit diversion.
    — Monzieur est servi ! s’écria-t-elle d’une voix tonitruante.
    Ils se dirigèrent vers une table ovale dressée dans un angle de la pièce. Poitevin allumait les flambeaux. Avec majesté, Noblecourt organisa sa table. Il présidait avec en face de lui l’amiral d’Arranet, Semacgus à sa droite et Nicolas à sa gauche. Louis prit place à gauche du vieux marin et La Borde à sa droite.
    — Alors, ma bonne Catherine, pour le retour du petit devenu grand et surtout en l’honneur de…
    Il se souleva pour s’incliner.
    — … monsieur le comte d’Arranet, lieutenant général des armées navales, que nous avez-vous concocté ?
    — Nous est de drop, monzieur. Ce n’est boint bour vous, ces délices-là ! Monzieur Guillaume a donné des instructions. Burée de navets, tisane de belle des prés, flan à la camomille. Vous avez eu tout votre saoul avec le saucizon !
    — Ah ! Par tous les chiens verdâtres de l’enfer, vade retro, démone ! Je mangerai de tout, dussé-je en crever et me faire éclater la sous-ventrière !
    L’amiral écarquillait les yeux devant cet échange vif dont il ne percevait pas le caractère joué et outré. La Borde arriva à lui glisser quelques mots à l’oreille qui mirent d’Arranet dans le secret de ces scènes renouvelées.
    — J’approuve, dit doctement Semacgus, les sages conseils de Catherine et le délicieux en-cas qu’elle vous a préparé !
    — Paix, vous ! Allons, le menu, lui seul, et plus un mot de dérive.
    — Donc nous aurons des asperges à la Bombadour, suivies d’œufs en crépine et de boulets aux six clous. Enfin un dessert à la façon de mon pays, car «  un dessert sans défaut vaut seul un long dîner » .
    — Et ce dessert ?
    — Des zuckerstrauber aux côtes de rhubarbe, accompagnés de confiture de coings – naguère le bon Nicolas mettait la main pour m’aider à leur ébluchement –, de framboises, de

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