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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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pourtant, développant l’idée que la présence autour de ce crime d’un agent américain et d’une mystérieuse et agissante dame russe méritait qu’on s’attachât à démêler un écheveau que la seule évocation de la galanterie et du jeu ne suffisait pas à réduire.
    — Mes instructions, conclut Sartine avant qu’un haut-le-cœur de Nicolas le rappelle à l’ordre, je veux dire mes vœux sont que par priorité vous vous attachiez à conforter auprès du comte du Nord la confiance qu’il vous a si libéralement accordée. Dans la liberté et l’aisance grandissantes de vos conversations, insinuez benoîtement des éléments politiques sur l’état de l’Europe, la position des puissances, l’avenir proche, oui, l’avenir, et les conséquences d’une guerre qui s’achève. Ainsi, mon bon ami, remplirez-vous avec honneur cette tâche essentielle pour nous.
    Nicolas ne répondit pas et se tourna vers Le Noir.
    — Monseigneur, pour faciliter ma présence à l’Hôtel de Lévi, m’accorderiez-vous quelque soupente ici afin d’être à tout moment à pied d’œuvre ?
    — Comment ! Mais la meilleure de mes chambres, mon cher Nicolas.
    — Bon, bon, messieurs, je vous laisse. Qu’on me tienne informé à toute heure des péripéties de tout cela ! Je vous salue.
    Ayant rajusté sa perruque, la canne à la main, l’ancien ministre s’envola.
    — Il ne changera jamais, dit Le Noir en soupirant.Ce n’est point méchanceté de sa part, mais fusées d’un caractère qui dans son intérieur et avec ses proches se donne carrière sans lisière ni mesure. Et dire que chacun à la cour et à la ville a chanté sa douceur et son aménité !
    — J’ai beau le bien connaître, je ne m’accoutumerai jamais à ses sorties injustes. Il faut beaucoup l’aimer pour en supporter les écarts. Mais le temps presse, monseigneur, je vais de ce pas rejoindre le Grand Châtelet pour examiner les dépouilles et y glaner quelques indices susceptibles d’ouvrir des voies.
    — Et surtout n’oubliez pas l’affaire Rovski. Je ne partage pas sur ce point le désintérêt de Sartine.
    — Je vous remercie de votre hospitalité…
    — Allons, entre nous ! Vous êtes dans une maison qui est la vôtre. À bientôt.
     
    Dans la voiture qui le ramenait au Grand Châtelet, Nicolas faisait le point. Il demeurait oppressé par la scène que venait de lui faire M. de Sartine. Pour rompu qu’il fût aux secousses du tempérament de son ancien chef, il les subissait toujours avec peine comme si lui-même les avait suscitées. Ce que justifiait naguère l’extrême tension du responsable de la police ou du ministre de la Marine en temps de guerre ne valait pas aujourd’hui et ce n’était pas à son âge que le vieil homme allait dépouiller ses fâcheuses habitudes. Il fallait en prendre son parti.
     
    Au bureau de permanence, le père Marie lui signifia que Bourdeau était descendu dès son arrivée à la basse-geôle et qu’il n’avait pas reparu depuis. Nicolas le rejoignit en hâte. L’inspecteur devisaitavec Sanson. Les deux corps avaient été déposés sur les tables de chêne.
    — Ah ! Nicolas, nous t’attendions pour commencer.
    — Bonjour, Sanson, c’est une chance que vous soyez là.
    — Il y a une exécution demain à la Grève. Je devais préparer la chose.
    Nicolas dans son amitié pour le bourreau oubliait toujours sa fonction essentielle. Il le voyait comme un instrument intelligent d’une justice qui peu à peu se transformait dans l’ordre de la raison et de l’humanité. Il l’appréciait aussi pour ses qualités humaines qu’un long commerce avait éclairées.
    Ils commencèrent à dévêtir Dangeville. Nicolas serra les dents de pitié devant le pauvre corps de celui qui lui avait fait confiance. Il avait beau se dire qu’un destin fatal attendait le voleur, il n’en éprouvait pas moins ce regret qui s’était emparé de lui et lui poignait l’âme depuis qu’il lui avait fermé les yeux.
    Sur le prétendu frotteur il ne fut trouvé qu’un mouchoir et un canif. Nicolas se souvint des recommandations prodiguées à leur homme : ne porter sur soi aucune marque permettant en cas de découverte de remonter jusqu’aux services de police et même de déceler son identité vraie. Il les avait donc suivies à la lettre. Ayant sondé la petite plaie, Sanson conclut que le coup avait été porté de bas en haut sur un angle oblique, et de la main droite.
    — Ce coup

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