Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
Bourdeau assombri.
    — Ce n’est jamais le cas, repartit Sanson, mais pour le coup il me semble qu’il n’y avait rien à voir. Deux pauvres filles qui avaient récemment gagné la grand’ville se font massacrer. On ne les a même pas dépouillées des quelques liards qu’elles possédaient.
    La montre de Nicolas se mit à sonner six heures de relevée.
    — Déjà ! Je vais retourner à l’Hôtel de Lévi. Je n’ai que trop tardé ! Je ne sais si le prince Bariatinski a bien compris que je comptais entamer l’enquête très vite. Pierre, nous nous retrouvons demain matin chez Le Noir. Je n’ose espérer que tu reviendras avec nos traductions.
    — Tu me dois deux billets, l’un pour les Affaires étrangères et l’autre pour…
     
    Après avoir remercié et salué Sanson, ils rejoignirent le bureau de permanence. Nicolas s’attela à la table pour écrire les messages que devait porter Bourdeau à Versailles.
    Que dire à Aimée qu’elle ne sût déjà ? Que sa charge une nouvelle fois l’empêchait de courir la rejoindre ? Que le parfum du jasmin dans l’ombre de son cou le rendait fou ? Qu’il l’aimait avec une sorte de désespoir ? Il écrivit au fil de la plume avec fièvre. Dans ce désordre, espérait-il, elle saurait déchiffrer l’ardeur soutenue de sa passion. Un doute cependant l’effleura alors que sa plume noircissait le papier. Ne jouait-il pas un jeu insincère ? Sa charnelle attirance, que rien n’était venu diminuer, n’emportait-elle pas avec elle la passion amoureuse qui avait présidé naguère à leur liaison ? Il chassa ces pensées importunes. Il devait pour l’heure ne réfléchir qu’à l’enquête et au cours délicat qu’elle allait désormais prendre. Il serait plus que malaisé de trouver un coupable au sein d’une ambassade étrangère, sous le double contrôle de ses chefs mais encore d’un prince étranger. Un scrupule ressurgit dans son cœur d’honnête homme. D’une certaine manière, hélas, il se savait immanquablementconduit à tromper l’héritier d’un empire qui lui avait sans précaution ouvert ses sentiments les plus secrets. Comment lui, Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, homme d’honneur, était-il sur le point de se livrer à ce qu’il fallait bien nommer par son nom, un double jeu, une forfaiture ? Que cela se fît au service du roi ne changeait rien à la chose. Alors, lui souffla une petite voix intérieure, le pauvre Dangeville serait-il mort pour rien, lui qui t’avait donné sa confiance et abandonné sa vie, et tu renoncerais au soin de trouver son assassin ? La mesure serait comble ! Il soupira, il lui restait à marcher droit sans l’estime que procure la vertu. Vraiment, susurrait une autre voix, ne crois-tu pas que le faux honneur n’est qu’un scrupule de l’hypocrisie ? Il chassa tous ces fantômes. Ne retombait-il pas dans ces crises de doutes qui l’assaillaient au début de sa carrière ?
    Bourdeau qui le connaissait bien n’était guère surpris des sentiments par lesquels passait son ami ; il les lisait sur les expressions de son visage comme le promeneur observe les nuages qui voilent le soleil, modifient l’aspect d’une campagne paisible et lui font présager les tempêtes à venir.
    — Nicolas, le devoir parfois revêt des aspects difficiles et son exercice, loin de satisfaire la plus élémentaire vertu, ne gaze pas les faux arguments des délicatesses excessives. Crois-moi !
    Nicolas leva la tête et sourit tristement.
    — Il y a bien longtemps que j’en ai pris conscience. Et tu m’as toujours aidé à tenir la ligne raisonnable.
    — Chaque office possède son poids de souffrances et ses choix douloureux.
     
    C’est sur ce constat désabusé que Nicolas quitta la vieille forteresse. Qu’allait-il démasquer chez les Russes ? Son effort ne serait-il pas vain tant qu’il ne posséderait pas la teneur des documents découverts sur le cadavre de Pavel ? Il fut accueilli par le même majordome qui se mit à sa disposition. Il s’agissait tout d’abord de déterminer avec précision qui se trouvait à l’Hôtel de Lévi. Il s’y attela. La suite proche du prince l’avait accompagné au Théâtre français. Elle comprenait l’ambassadeur, les princes Kourakin et Youssoupoff et le colonel Benckendorff. Peut-être fallait-il saisir la question sous un autre angle. Outre Dangeville, qui avait accès aux appartements privés des visiteurs ? C’était sans doute

Weitere Kostenlose Bücher