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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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a-t-il été précédé d’une lutte ?
    — Il y a en effet quelques traces pouvant le faire supposer.
    Les opérations se poursuivirent sur l’autre cadavre. Là aussi fut trouvé un mouchoir, ainsi qu’une petite tabatière laquée, une minuscule icône à deux volets repliables et une liasse de papiers qui d’évidence avait été arrachée d’un cahier ou d’un carnet. Nicolas les recueillit sans les regarder. Sanson prêta une plus grande attention au cadavre. Il sonda derechef la plaie, examina la face, les avant-bras et demeura un long moment une main dubitative sur le visage.
    — Mes amis, finit-il par dire, je crains que nous soyons face à une conjoncture insolite. Je tente avec effort de reconstituer ce qui a pu se dérouler et qui n’est pas ordinaire.
    — Que voulez-vous dire, Charles ?
    Le bourreau eut un regard étonné et reconnaissant. Pour la première fois depuis vingt-deux ans, Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, venait de l’appeler par son prénom.
    — Qu’un troisième homme est intervenu dans ce massacre.
    — Cela, nous vous l’avions celé pour ne point troubler votre jugement. Nous l’avions constaté en découvrant l’emplacement de l’arme du crime.
    — Ce n’est pas tout ! Voici comment je vois le déroulement. Celui-ci…
    — Dangeville.
    — Oui, a sans doute été surpris puisque apparemment il avait forcé une armoire secrétaire pour voler…
    — Je lui ai découvert une partie de l’affaire pour qu’il la comprenne mieux, murmura Bourdeau à l’oreille de Nicolas, qui acquiesça.
    — … Il y a eu lutte. Il a dû saisir les bras et les mains de celui qui l’avait surpris et, à ce moment-là, il les a griffés. J’ai découvert des traces de sang sous les ongles d’une main.
    — Cela paraît en effet vraisemblable, mais je ne vois pas ce que nous en pouvons tirer ?
    — C’est que telle que l’affaire m’a été présentée, l’autre homme est l’agresseur, n’est-ce pas ?
    — Rien en effet ne permet d’en douter.
    — Si, justement. Si l’autre homme est l’assassin, il devrait porter des écorchures sur les avant-bras et les mains. Ce n’est point le cas !
    Nicolas et Bourdeau se regardaient, chacun méditant ce que signifiait la découverte de Sanson.
    — Cela pourrait indiquer un autre déroulement d’une scène qui nous semblait jusque-là assez claire. Qui est mort le premier ? Qui a tué Dangeville ? Pourquoi Pavel a-t-il été assassiné ? Qui est le troisième homme ?
    — Pierre, tu ressens bien notre dilemme ! Je crois entrevoir une autre hypothèse. Dangeville est surpris fracturant le secrétaire. Un inconnu surgit. Il y a lutte, écorchures de l’agresseur qui saisit l’épingle à chapeau et poignarde notre homme. Un troisième homme survient. Ce ne peut être que Pavel. Il est tué de la même manière.
    — Non point, dit Sanson la main levée. Un détail et même deux nous doivent éclairer. Il est poignardé sur le côté, sans doute par derrière, et ses traits décèlent une surprise immense au moment de sa mort. Enfin j’approfondirai mon étude et je vous en ferai tenir les conclusions. Il me semble que Pavel s’est retourné et a eu le temps de considérer son assassin, d’où son expression. Le connaissait-il ?
    Bourdeau qui depuis un moment s’affairait poussa une exclamation qui attira l’attention de Nicolas.
    — Que t’arrive-t-il, Pierre ?
    — Cette liasse de papiers trouvée dans la poche de Pavel, ce sont les pages arrachées au carnet découvert dans la chambre du comte de Rovski.
    — Ainsi donc, une certitude, il y a un lien entre le crime de la rue de Richelieu et ceux de la résidence de Russie. Nous errons de Charybde en Scylla.
    — Et que lis-tu sur ces papiers ?
    — Hélas, rien ! Ils sont d’une écriture inconnue.
    Il tendit les quelques feuillets à Nicolas qui les examina un moment.
    — Ils sont en russe. Cela ne fait pas notre affaire. Le recours à un traducteur sera nécessaire pour le déchiffrer.
    — Que ne t’adresses-tu à l’ambassadeur de Russie ?
    — Ce serait en effet une solution de facilité et, de surcroît, des plus rapides. Mais ce serait donner l’éveil aux représentants d’une puissance dont les intérêts peuvent être antagonistes des nôtres. Ayons plutôt recours aux services de Vergennes, à l’hôtel des Affaires étrangères à Versailles. À plusieurs reprises, j’ai eu des affaires à traiter avec M.

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