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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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porte! Vous vous rendez compte? Il a enfermé mon père avec cette espèce de King Kong fou furieux. Il ne faut pas être intelligent pour faire une chose comme celle-là.»
    Stanislas allait partir, sa tante Michelle étant arrivée pour le relayer, lorsqu’il remarqua un battement de cils. Sur le coup de l’émotion, il serra la main de son oncle et sentit que celui-ci tenait la sienne avec plus de fermeté. Il attira l’attention d’une infirmière, qui s’approcha de lui, regarda Jan et parla à haute voix.
    – Bonjour, monsieur Aucoin! Bonjour, monsieur Aucoin!
    – Allez chercher ma tante, s’il vous plaît.
    L’infirmière relaya la requête par signes, demeurant aux côtés de Jan dont le peu du visage qui était visible s’agitait doucement, laissant deviner un semblant de grimace ou un simulacre de sourire.
    – Bonjour, monsieur Aucoin! Vous avez décidé de revenir avec nous? C’est une bonne idée, parce que aujourd’hui il fait très beau.
    Michelle les avait rejoints et Stanislas lui céda sa place, reposant doucement la main de son oncle après l’avoir embrassée.
    Jan entendit son nom, mais il avait encore à ramper dans un tunnel qui lui semblait sans fin. Les murs étaient rugueux et il s’y écorchait les doigts. Puis il sentit un baume frais sur sa main gauche et il sourit doucement. La fin du tunnel lui parut se rapprocher un peu.
    – Jan, Jan, mon chéri, j’ai tellement de choses à te raconter. Tu es à l’hôpital Saint-Luc, mon chéri.
    Jan se demanda s’il était normal qu’un tunnel conduise à un hôpital. Puis il pensa qu’il était préférable de ne pas discuter, Michelle sachant mieux que lui reconnaître les styles des maisons. Il décida d’ouvrir les yeux pour voir les couleurs de l’hôpital. Le gris du tunnel passa lentement au vert-de-gris puis au vert pâle, qui pouvait être confondu avec le vert de la chambre d’hôpital où il avait séjourné quand on lui avait enlevé l’appendice.
    La figure de Michelle était toujours aussi belle, mais elle l’avait affublée d’un air de tragédienne. Celle de l’autre femme lui était étrangère, mais elle souriait à s’en éclater les joues. Stanislas, lui, avait minci, et une pousse de jeune barbe folâtrait dans son visage. Jan trouva que ces brins fous étaient drôles et il sourit à Stanislas, qui lui répondit par un sanglot venu du fond du tunnel.
    – J’ai soif.
    Michelle éclata de rire, répétant à l’infirmière qu’il avait soif.
    – N’est-ce pas merveilleux? Il a soif! Mon mari a soif!
    Jerzy, accompagné d’Élisabeth, faisait les cent pas devant la chambre où l’on avait transféré Jan. Il ne l’avait pas encore vu depuis son réveil, et il lui tardait de le prendre dans ses bras et de le remercier. Mais un malaise persistait et il ne savait si c’était sa crainte que Jan lui en veuille toujours, ou sa gêne face à sa propre intransigeance qui les avait menés à une brouille quasi inextricable. Les médecins étaient à son chevet et il entendait des rires. Jan cabotinerait qu’il n’en serait pasétonné. Élisabeth passa la tête par la porte entrebâillée et revint vers lui, souriante.
    – Je dirais qu’il est de belle humeur. Faible, mais de belle humeur.
    Il souhaitait que la raison en fût sa présence, dont on avait parlé aux médecins avant de la lui annoncer. C’était Élisabeth qui l’avait fait et Jan n’avait eu qu’à la regarder pour savoir ce qu’elle venait lui dire. Il avait tenté de sourire avant de lui parler d’une voix rauque, conséquence de l’écrasement de son larynx, et essoufflée par la fracture de ses côtes.
    – À quoi ressemble-t-il?
    – À papa. À papa pendant la guerre, rongé d’inquiétude, mais tentant de laisser croire qu’il contrôle tout.
    – Hum…
    Ils s’étaient tous les deux regardés, heureux d’enfin voir la reconstitution du trio Pawulscy, muets devant la similitude de leurs sentiments.
    Jerzy entra seul, sous le regard insistant de Jan. Il ralentit une fraction de seconde pour accuser le coup, puis se dirigea vers son frère au visage toujours tuméfié, au cou enserré dans un carcan, mais à qui on avait enlevé les pansements autour de la tête. Il s’arrêta à côté du lit, lui prit la main gauche qu’il embrassa, et tous les deux s’observèrent longuement en silence. Jan attira enfin la main de son frère jusqu’à ses lèvres et la baisa. De sa jambe mutilée, Jerzy fit glisser la chaise

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